Musée Antonio Blanco Renaissance à Ubud, entre exotisme et surréalisme

La demeure du peintre espagnol Don Antonio Blanco à Ubud (Bali) est un savant mélange onirique d’art surréaliste et d’architecture Renaissance. La « maison imaginaire » du peintre catalan est un espace irréel et hors du temps, où se croisent peintures, rêves extraordinaires et fantasmagorie mégalomane.

Dès l’entrée, laquelle foisonne d’une végétation luxuriante, de nombreuses statues de Shiva vous accueillent près d’un portail en fer forgé enrichi de grandes lettre d’or où l’on peut lire : Antonio Blanco. Le jardin peuplé d’oiseaux exotiques est magnifique, la maison-musée spectaculaire et l’on devine la personnalité riche et complexe du peintre. C’est un lieu envoûtant, presque enchanté, qui n’est pas sans rappeler la Fondation Gala-Salvador Dalí de Figueres.

Musée Antonio Blanco de Bali
L’entrée du Musée Blanco Renaissance à Ubud

La Maison Imaginaire d’Antonio Blanco et Ni Ronji à Campuan

Blanco, probablement l’artiste le plus célèbre et le plus accompli à avoir jamais vécu à Bali, a bâti de ses mains son magnifique atelier au sommet d’une montagne surplombant la rivière Campuan. Ce flamboyant bâtiment, mélange unique d’architecture balinaise imprégnée de l’esprit de son Espagne natale, abrite une intéressante collection d’œuvres tirées de différentes périodes de sa longue carrière. L’artiste, connu à travers le monde entier pour son « charisme catalan », s’est vu affublé du sobriquet de  « Fabuleux Blanco », une expression qui reflète son talent pour la créativité.

Musée Antonio Blanco
Accueil des visiteurs – Musée Antonio Blanco.

Don Antonio Blanco, un artiste extravagant

Antonio Blanco est né le 15 septembre 1911 à Manille, la capitale des Philippines. Ses deux parents étaient espagnols, un fait qui, selon Blanco, le liait géographiquement et spirituellement aux peintres Juan Miro et Salvador Dali. Blanco fit ses études à l’American Central School de Manille. Au cours de ses années de lycée, il affectionne particulièrement les cours d’arts plastiques et de littérature, mais délaisse les matières scientifiques. Polyglotte, Bianco parlait communément six langues : l’espagnol, le français, l’anglais, le tagalog (la langue nationale des Philippines), l’indonésien et un peu de balinais. Après avoir terminé ses études secondaires à Manille, Blanco étudiera à la National Academy of Art de New York sous la direction de Sidney Dickinson.

Portrait de Antonio Blanco
Portrait de l’artiste Antonio Blanco.

Au cours de ses premières années de formation, il se concentre sur la forme humaine, fasciné par le corps féminin plus que tout autre sujet. Pour poursuivre ses études et enflammer son esprit voyageur, il parcours le monde avant d’accoster à Bali en 1952. Subjugué par son art, le roi d’Ubud lui offrira un terrain pour installer sa maison et son atelier à Campuan, près de Ubud, au confluent de deux fleuves sacrés. Blanco épousera une femme balinaise, la célèbre danseuse Ni Ronji, et le couple vivra dans retraite de montagne, la quittant à peine pour le monde extérieur. Après un bref voyage aux États-Unis, où Blanco acquiert de nombreux nouveaux collectionneurs, l’artiste, sa compagne Ni Ronji et leurs quatre enfants, Tjempaka, Mario, Orchid et Maha Devi se retirent au cœur de leur maison imaginaire… pour n’en sortir qu’en de très, très rares occasions.

Un musée pour promouvoir l’œuvre artistique, culturelle et intellectuelle de Antonio Blanco

Entouré de jardins luxuriants, de rizières et d’un banian surplombant le temple de sa famille, Antonio Blanco créé une nouvelle réalité. Il rêve de transformer cet espace de vie en musée magique, un lieu onirique entouré de jardins luxuriants, de rizières et d’un banian gigantesque qui surplombre le temple familial. À la fin de sa vie, Blanco entame la construction de son musée dans son atelier de Campuan. Hélas, il décède de manière accidentelle en 1999, juste avant son inauguration. Ses funérailles furent marquées par une très importante crémation à Ubud.

Musée Don Antonio Blanco Renaissance Ubud
L’intérieur du Musée Blanco et la rotonde style Renaissance.

Le rêve de Blanco étant de transformer son atelier-manoir en musée, c’est son fils, Mario, qui réalisera ce rêve en suivant le chemin tracé par son père pour devenir peintre. Le musée Antonio Blanco Renaissance est désormais ouvert au public, exposant à la fois les œuvres d’art du maestro et de son fils Mario Blanco.

Un lieu paisible et foisonnant de créativité

Outre les jardins et la petite volière de perruches, qui apprécieront de poser pour des photos, la galerie comprend un grand nombre de sculptures balinaises et une rotonde de style Renaissance bordée de peintures de l’artiste-peintre et architecte Don Antonio Blanco, dont beaucoup sont des nus et semi-nus. L’atelier de l’artiste est conservé tel qu’il l’a laissé, avec au en son centre une peinture inachevée.

Curieusement, il y avait ce jour-là relativement peu de visiteurs dans le Musée Blanco. Malgré qu’il soit un artiste internationalement connu, de son vivant Blanco n’a pas beaucoup influencé les scènes artistiques balinaises ou indonésiennes. On ne se plaindra pas de l’absence de touristes en ce lieu magique, la peinture devant être, à mon avis, observée dans le calme et la contemplation. Ainsi, la quiétude du musée est très agréable pour apprécier pleinement l’œuvre fabuleuse de l’artiste.

Statue dorée - Musée Blanco Renaissance - Ubud

Goa Gajah, le temple de la grotte de l’éléphant à Bedulu

Goa Gajah, également connu sous le nom de Grotte de l’Éléphant, est un site archéologique d’importance historique à Bali. Dans cet article, je vous informerai de tout ce que vous devez savoir avant de visiter le temple de la grotte de l’Éléphant de Goa Gajah.

Un temple dédié à Shiva et la culture bouddhiste

Le temple de la grotte des éléphants de Goa Gajah remonte au XIe siècle. Construit à flanc de colline, là où deux cours d’eau se rejoignent pour former une jonction fluviale, le site était considéré comme un haut lieu sacré et le temple a été construit pour la prière et la méditation.

L’entrée de la grotte de l’éléphant représente un visage géant menaçant dont la bouche grande ouverte forme la porte. Bien que divers motifs animaliers et forestiers soient représentés par des sculptures sur la paroi rocheuse extérieure, le visage géant de la porte est considéré comme celui d’un éléphant.

Lingam Shiva Goa Gajah Bali

Goa Gajah est taillé dans une paroi rocheuse. Vous y pénétrez par la bouche caverneuse d’un démon. À l’intérieur de la grotte, vous pouvez voir des restes fragmentaires du lingam, le symbole phallique du dieu hindou Shiva. Vous découvrirez aussi son homologue féminin, le yoni, ainsi qu’une statue du fils de Shiva, le dieu à tête d’éléphant, Ganesh. Devant la grotte se trouvent deux bassins de bain carrés avec des jets d’eau qui jaillissent de six statues féminines.

Que découvrirez-vous en vous rendant à Goa Gajah ?

Situé sur la rivière Petanu, à la lisière du village de Bedulu, le Goa Gajah est ceinturé d’une majestueuse forêt tropicale, avec des ruisseaux et des chemins de randonnée construits pour vous emmener à travers les arbres. L’accès au terrain principal se fait par une volée de marches à partir d’une aire de stationnement en bordure de route, bordée de kiosques à rafraîchissements, de boutiques de souvenirs et de stands d’art comme il est de coutume dans tous les sites touristiques de l’île. Difficile donc de passer outre…

En atteignant la grotte, vous tomberez sur la grande salle de réunion wantilan et sur une collection de grandes sculptures anciennes en pierre, dont certaines ont été restaurées pour retrouver leur gloire d’antan. À quelques mètres de la grotte qui se trouve au milieu de la cour, il y a un étang de Patirtaan, un endroit pour prendre Tirta ou l’eau sainte pour la cérémonie.

L’étang sacré était à l’origine enterré dans le sol et a été retrouvé en 1954 par Krijgsman du département des antiquités. Cet étang sacré est complété par les statues équipées de douches sous forme de Widyadara (anges) disposées en un groupe de trois lignes avec 6 statues. Cependant, les archéologues supposent qu’il y en avait sept, selon le concept de Sapta Tirtha, les Sept Eaux sacrées qui ont une pureté égale à Sapta Nadi (les sept rivières purifiées de Gangga, Sindhu, Saraswati, Yamuna, Godawari, Serayu et Narmada).

Tout au long du complexe du temple, une variété de femmes dénudées et d’influences hindoues qui remontent au Xe siècle, ainsi que des reliques qui présentent certains éléments du bouddhisme qui, elles, datent plutôt du VIIIe siècle. Si vous êtes suffisamment observateur, vous pourrez repérer un certain nombre d’indentations qui témoignent des endroits où les prêtres s’asseyaient autrefois pour méditer.

À l’extrémité sud se trouvent de belles rizières et de petits ruisseaux qui mènent à la rivière Petanu – un autre site naturel qui fait partie des légendes locales. Le côté nord du complexe du temple est dominé par la culture bouddhiste, tandis que de l’autre côté de la rivière, au sud, la culture shivaïte prédomine.

Groupe de gamelans à Goa Gajah
Un groupe de musiciens balinais à Goa Gajah.

Comment se rendre à Goa Gajah ?

Le moyen le plus facile de se rendre à Goa Gajah est de louer un scooter ou une voiture avec chauffeur, car cet endroit est facilement accessible depuis n’importe quelle région de Bali. Si vous venez d’Ubud, il vous suffit de conduire vers le Sud d’Ubud, après le sanctuaire des singes, en direction de Bedulu, puis de tourner à l’Est (à gauche) sur Jalan Raya Goa Gajah. De nombreux panneaux indiquent le chemin vers Goa Gajah.

Pura Luhur Uluwatu

Connu dans le monde entier pour ses spots de surf hors du commun, Uluwatu abrite aussi un autre lieu emblématique de Bali : le temple d’Uluwatu, connu localement sous le nom de Pura Luhur Uluwatu (Luhur signifiant « quelque chose d’origine divine »).

C’est l’un des neuf temples directionnels clés de Bali et l’un des plus spectaculaires de toute l’île, perché au sommet d’une falaise abrupte à environ 70 mètres au-dessus du niveau de la mer. Au départ, nous n’avions pas prévu de nous rendre jusque là-bas mais nous avions envie de découvrir ce lieu majestueux réputé pour ses couchers de soleil oniriques.

Le temple d’Uluwatu a une architecture unique avec un toit noir en forme de palmes empilées. L’ensemble du complexe sacré semble aussi précairement posé sur le bord de la falaise, entre le ciel et la terre. Comme mentionné plus haut, le nom Luhur signifie dans l’ancienne langue balinaise « quelque chose d’origine divine », ulu veut dire « fin de la terre » et watu « le rocher ». Le nom lui-même décrit avec une justesse certaine la nature si spéciale de ce lieu insolite.

Histoire du temple d’Uluwatu

Des inscriptions mentionnent que le temple d’Uluwatu a été fondé par Mpu Kunturan, un moine Majapahit qui a également participé à la création de plusieurs autres temples importants à Bali, comme le Pura Sakenan à Denpasar, il y a environ 1 000 ans. Selon l’Archaeological Survey of India, les vestiges trouvés sur le site prouvent que le temple est constitué d’un groupe de pierres élevées vers le 10e siècle.

Un saint prêtre de l’est de Java, Dhang Hyang Dwijendra, a ensuite choisi le temple d’Uluwatu comme lieu de culte final de son voyage spirituel. L’histoire locale rapporte que ce dernier avait atteint le point spirituel le plus élevé, c’est-à-dire qu’il était lui-même devenu un être divin.

Points forts et caractéristiques du temple d’Uluwatu

Derrière le sanctuaire principal, dans l’une des cours du temple d’Uluwatu, se trouve une statue de brahmane tournée vers l’océan Indien, considérée comme une représentation de Dhang Hyang Dwijendra.

Pura Luhur Uluwatu

Les deux entrées du temple sont des portes fendues avec des sculptures de feuilles et de fleurs. Devant chacune d’elles se trouvent deux sculptures en forme de corps humain avec une tête d’éléphant. C’est un monolithe qui permet d’accéder à la cour intérieure du temple d’Uluwatu. Cette porte, dite « ailée » est un héritage du Xe siècle, et leur aspect est très peu courant sur l’île. Le Pura Dalem Jurit a été ajouté à Pura Uluwatu au XVIe siècle. On y trouve trois statues, dont celle de Brahma.

On remarquera deux auges de pierres dans la zone principale du temple. En réalité, pour avoir déjà visité quelques cimetières mérovingiens, j’ai remarqué que si les deux pierres sont jointes nous obtenons un sarcophage mégalithique.

Coucher de soleil sur le temple d’Uluwatu

Construit à partir de roches de corail noir, la forme étagée du temple offre un contraste étonnant avec la côte luxuriante environnante et les vagues fantastiques qui viennent se fracasser sur les falaises. Nous restons profiter des derniers rayons du soleil en contemplant la silhouette d’Uluwatu qui se découpe dans le ciel rougeoyant. Un spectacle vraiment époustouflant digne d’un conte de fée. Pourtant… ce n’était pas un rêve ! À n’en pas douter, ce lieu est réellement magique.

Un spot de surf unique au monde

Uluwatu, c’est aussi un des plus beaux spot de surf du monde. Le site est à lui seul époustouflant : c’est un petit village labyrinthique faits de petites maisons peintes en blanc, de petits hôtels et de café recouvert d’une végétation luxuriante. L’ensemble est accroché au flanc de la falaise dans un dédale de ruelles, d’escaliers, de terrasses et de belvédères. L’endroit foisonne de surfeurs et de photographes. Il n’y a quasiment aucun touristes ici, uniquement des stars internationales de cette discipline qui viennent s’amuser et tenter de prendre la plus belle vague. Même s’il n’y a pas de fans de planche parmi nous, contempler un petit surfeur glissant à vive allure sur une planche de bois au creux d’une vague de 15 mètres fut tout de même un spectacle assez ahurissant ! Ici les vagues sont grandes et rapides, ce qui attire chaque jour des centaines de surfeurs professionnels étrangers et locaux.

Uluwatu Beach - spot de surf caché à Uluwatu
Un surfeur sur une vague - Uluwatu - Bali

En 1971, la sortie d’un documentaire australien sur le surf comme discipline vertueuse et écologique, Morning of the Earth, fit sensation dans le monde entier. On y présentait Uluwatu comme un site d’exception, encourageant la relation naturelle entre la communauté des surfeurs locaux et les valeurs écologiques.

Les surfeurs professionnels vénèrent les vagues d’Uluwatu peut-être autant que les prêtres du temple vénèrent leurs dieux hindous. Nous rencontrerons de nombreux habitants en bermuda une planche à la main la journée, et vêtus d’un sarong balinais le soir pour se rendre à une cérémonie !

À l’est de Bali, le Palais aquatique de Tirta Gangga

Statue colorée de Taman Tirtagangga

De Amed, nous rebroussons chemin vers l’Ouest en empruntant la route Jalan I Ketut Natih jusqu’à Culik. Petite halte pour se restaurer avec un délicieux Gado-gado, puis nous repartons vers Karangasem afin de rejoindre la vallée de Maha Gangga.

Au bout d’une demi-heure, le palais de Tirta Gangga apparaît sur notre droite. Au loin, on aperçoit Amlapura et l’océan turquoise sous un ciel sans nuage.

Le palais des Eaux de Tirta Gangga, également connu localement sous le nom de Taman Tirta Gangga, est un ancien palais aquatique de l’empire Karangasem, composé d’un hectare de piscines de grès, d’étangs et de fontaines entourés de jardins tropicaux. Les paysages qui s’offrent aux yeux des quelques visiteurs sont à couper le souffle : rizières luxuriantes sur trois niveaux de jardins ornementaux avec piscines, fontaines, sculptures sur pierre, tremplins, étangs à poissons et pavillons aérés.

Tirta Gangga à Karangasem Bali

Tirta Gangga signifie littéralement l’eau du Gange (en référence au fleuve sacré du Gange, en Inde) et c’est un haut lieu de culte vénéré par les Balinais hindous. Le nom fait référence au palais de l’eau construit à cet endroit à la fin des années 1940 par Gusti Gede Djelantik, héritier de l’ancien royaume de Karangasem.

La pièce maîtresse du palais est une fontaine à onze niveaux qui orne un jardin aquatique luxuriant, lui-même entouré de nombreuses sculptures et de magnifiques statues. L’eau est considérée comme sacrée par les habitants et est utilisée lors de cérémonies religieuses, ainsi que comme source d’eau potable.

La chaleur est telle que nous profitons du calme du lieu pour nous baigner dans une des piscines du palais. De nombreux écoliers des villages alentours nous y ont devancé. C’est un espace calme et reposant où les enfants aiment venir se baigner et où les jeunes adolescents viennent retrouver en secret l’élue de leur cœur.

La plage de Candidasa

À Candidasa, le long du littoral de l’Est de Bali, il est frappant de trouver de grandes étendues de plages tranquilles de sable volcanique alternant du blanc au noir. Cette région abrite l’un des plus anciens villages de Bali, où l’on peut trouver de nombreux artisans qui cultivent toujours les arts et les traditions anciennes.

Plage de Candidasa à Bali

À l’ouest de Candidasa, nous découvrons une étrange plage de sable noir appelée Pantai Labuan Amok. Bien qu’il y ait un terminal pétrolier des plus disgracieux à une extrémité, la plage est très calme, propre et la vue sur la baie est magnifique. Au large, les eaux peu profondes foisonnent d’une vie corallienne multicolore. À 5 km au Nord-Est de la plage de Candidasa se trouve la plage de sable blanc Pasir Putih, l’une des plages les plus méconnues de l’Est de Bali. C’est une belle plage isolée de 500 m de long, bordée de cocotiers.

La petite histoire de Candidasa

La plupart des sources historiques rapportent qu’un village de pêcheurs fut fondé ici au XIIe siècle. Avant que le nom moderne de Candidasa ne soit adopté, le village était connu à la fois sous le nom de Teluk Kehen (Baie de Feu) et Cilidasa. On trouve un très beau temple près de la lagune, dédiée à Hariti, la déesse de la fertilité. La statue est entourée d’un groupe d’enfants. Or Cilidasa se traduit en balinais par « dix enfants ». Aujourd’hui encore, de nombreux balinais et balinaises qui souhaitent des enfants se rendent en pélerinage à cet endroit.

Cheval et cavalier - Gili Meno - Bali

La journée est déjà bien avancée, nous décidons de reprendre la route en direction de Padang Bai. De là, nous rejoindrons par bateau les îles Gili, trois îlots paradisiaques où les véhicules à moteur sont interdits et où les habitants ne circulent qu’en bateau ou à cheval.

Les sources sacrées de Tirta Empul à Tampak Siring

Pura Gunung Kawi, le temple sculpté dans la montagne et Pura Tirta Empul, les sources sacrées et guérisseuses de Bali sont deux lieux de pèlerinage fortement symboliques et fréquentés par un grand nombre de balinais tout au long de l’année.

Le temple Tirta Empul, localement connu sous le nom de Pura Tirta Empul (source sacrée, en balinais), est situé dans le village de Manukaya, près de la ville de Tampaksiring, dans le centre de Bali.

L’étang du temple possède une source qui rejette régulièrement de l’eau fraîche, que les hindous balinais considèrent comme sainte ou amritha. Les hindous balinais s’y rendent pour une purification rituelle afin de purifier leur âme et d’éloigner le mal.

Histoire de Tirta Empul

La légende raconte que la source sacrée a été créée par le dieu Indra, afin de redonner vitalité et immortalité à son corps, empoisonné par Mayadanawa. Selon une inscription mise au jour sur un frontispice du temple, sa fondation remonterait au Xe siècle de notre ère.

Surplombant le temple sur une colline, un bâtiment moderne : le Palais du gouvernement, construit en 1954. À l’origine c’était une résidence pour les fonctionnaires néerlandais, utilisé plus tard par l’ancien président Soekarno lors de ses fréquents voyages à Bali.

Pura Tirta Empul est situé dans le village de Tampak Siring, accessible par les transports en commun d’Ubud ou via votre scooter (si vous en avez loué un). Aux abords du temple vous trouverez de nombreux artisans locaux, des sculpteurs d’os ou de noix de coco, des fabricants de cerf-volants, des vendeurs de fruits ou de sarongs et chemises en batik de Java.

Au petit matin, vous pouvez aller faire quelques ablutions dans un des deux bassins secondaires situés à l’entrée du temple, le bassin principal qui abrite les sources étant aujourd’hui fermé aux publics. Les sources de Tirta Empul sont réputées pour leur grand pouvoir de guérison censé soigner de nombreux maux.

Preuve en est, une fois lavé le visage et le nez sous une cascade, ma petite allergie aux gaz d’échappements s’est subitement volatilisée. Dois-je y voir un signe de la bienveillance des Dieux qui habitent ce lieu ? Tel la plupart des balinais, c’est ce que j’ai choisi de croire et je pense que c’est en cela que réside la magie des sources miraculeuses.

Quel code vestimentaire adopter si vous vous rendez au temple de Tirta Empul ?

Comme pour toute visite de temple à Bali, il est toujours important de s’habiller de manière respectueuse. Le code vestimentaire simple des visiteurs de temples balinais est un kamen ou sarong, enroulés selon le pliage traditionnel autour du bas du corps et une ceinture autour de la taille.

Vous prévoyez de faire le rituel du bain ? Assurez-vous d’apporter un second sarong pour changer celui qui est mouillé après le bain. Vous pouvez également en louer un en échange d’un petit don à l’entrée du temple.

Dessins et photos des lieux

Merveilles du temple de Tirta Empul

Dès que vous entrez dans le temple, vous traversez la grande porte balinaise en pierre (connue localement sous le nom de Candi Bentar) et arrivez dans la cour extérieure du temple. Cette zone du temple est appelée « Jaba Pura ». Au bout de la cour se trouve un autre Candi Bentar construit dans le mur qui mène à la cour centrale.

Cette porte est gardée par d’immenses statues de deux Dwarapala, ou gardiens, délicatement sculptées et recouvertes de couleurs dorées. En haut de la porte se trouve une sculpture de Kala qui est assez différente de celles que l’on trouve habituellement à Bali, puisqu’elle a des crocs qui pointent vers le haut et une paire de mains avec des bras ouverts.

En entrant dans la cour intérieure, vous arriverez à la Jaba Tengah qui est la zone principale du temple.

Cérémonie du Bain au temple sacré de Tirta Empul

Le rituel du bain à Tirta Empul

Les sources sacrées jaillissent dans un grand bassin cristallin à l’intérieur du temple et se déversent par 30 jets d’eau dans les deux bassins de purification sacrés. Les fidèles balinais et hindous font de longues queues dans les bassins en attendant de plonger leur tête sous les jets d’eau lors d’un rituel de purification appelé meluka« . Les baigneurs commencent leur progression dans le bassin de gauche en se tenant debout, de l’eau jusqu’à la taille et la tête sous le premier jet d’eau.

Une fois qu’ils se sont nettoyés sous le premier jet d’eau, ils rejoignent la file suivante. Ce processus se poursuit jusqu’à ce qu’ils se soient purifiés sous les trente jets d’eau. Cependant, deux jets sont destinés uniquement à la purification des morts et sont interdits aux vivants pour le rituel du melukat.

Le temple Tirta Empul de Tempaksiring

Derrière les bassins de purification se trouve la dernière section du temple des eaux saintes de Tirta Empul, appelée le Jeroan. Le plus souvent négligé par les touristes, le jeroan ou cour intérieure est un endroit agréable à visiter et pour se détendre après l’agitation qui règne dans les bassins de purification. C’est ici que les gens viennent prier. La partie avant de la cour est dominée par la grande source d’eau qui alimente les bassins de purification. Cette dernière est remplie d’algues vertes et de petits poissons nagent parmi les roseaux. Derrière les sources se trouvent de grands sanctuaires hindous.

Gunung Kawi

De l’autre côté de la route principale qui mène à Tirta Empul se cache le temple secret de Gunung Kawi. Pour en apprendre davantage à son sujet, sculpté selon la légende par les ongles du géant Kebo, consultez mon premier article au sujet de cette région de l’île.

Pura Kebo Edan à Pejeng, site archéologique du Royaume hindou d’Indonésie

Situé dans le village de Pejeng, proche de Bedulu dans la régence de Gianyar, on trouve Pura Kebo Edan, un temple antique intéressant sous de nombreux aspects. Son histoire est inhabituelle et Bali n’a pas encore tout dévoilé de ses mystères à son sujet. En tant que village considéré comme le centre d’un ancien royaume, Pejeng possède de nombreux grands temples historiques.

Dans un site incomparable de rizières scintillantes s’élève Pura Kebo Edan, un temple à l’histoire lointaine (XIIe ou XIIIe siècle). Afin de collecter quelques nouvelles informations pour mon roman visuel, Balimimpi, je roule en direction de Gianyar, région connue pour avoir abritée de nombreux anciens royaumes balinais. Hier soir, Wayan, un balinais de Ubud m’a parlé d’un temple étrange que les habitants appellent Pura Kebo Edan. Étant tellement curieux à son sujet, je me suis mis en route dès mon réveil, ne prenant même pas le temps de m’arrêter en route pour déjeuner. Le soleil est déjà haut dans le ciel lorsque j’arrive au poste de garde à l’entrée du temple. Il n’y a personne. Je suis semble-t-il l’unique humain à Kebo Edan ce matin…

Pura Kebo Edan à Pejeng - Bali

Wayan m’avait prévenu que le site n’est pas très populaire, encore au moins auprès des touristes. Je finis par rencontrer une jeune balinaise d’une vingtaine d’années qui me demande si je veux pénétrer à l’intérieur du temple. Je lui réponds que oui et elle ouvre son livre de registre en me tendant un stylo pour parapher. La page est vierge, à croire qu’aucun occidental n’est venu ici depuis bien longtemps. Je lui remets quelques roupies pour l’entretien du temple et elle me tend une ceinture en tissu que je noue autour de mon sarong balinais, c’est la tradition pour honorer ce lieu de culte. Puis, avec un large sourire elle m’invite à entrer. Elle parle très bien le français, ce qui est une chance inouïe car ce qu’elle va m’expliquer au sujet de Pura Kebo Edan mérite d’être raconté.

Pura Kebo Edan - Pejeng Gianyar

Un temple lié à la naissance de l’hindouisme en Indonésie

En passant en revue l’histoire du temple de Kebo Edan, on remarque que son existence est étroitement liée au développement du royaume hindou en Indonésie. En effet, dans ce temple se pratiquaient des cultes tantriques en l’honneur de Sakti, la déesse-mère détentrice de l’énergie vitale. La croyance locale rapporte également que ce lieu sacré est un endroit miraculeux où l’on vient demander des soins médicaux (tamba) pour guérir, en particulier auprès de la statue de Bhairawa. Mais avant de commencer, voici une petite leçon de bahasa indonésien : Pura signifie temple, kebo signifie buffle et edan signifie fou. Rassemblez le tout, nous avons « Pura Kebo Edan», qui pourrait se traduire par « le temple des Buffles Fous. »

L’étrange histoire des Buffles Fous

Ni Putu (c’est le nom de la femme qui m’accompagne) m’explique qu’il y a fort longtemps, à une époque où les démons et les dieux parcouraient le monde des humains, deux buffles mécontents se livrèrent à un combat mortel. C’est alors qu’apparut Ciwa Bhairawa, une représentation de Shiva, le dieu de la destruction. Ce dernier mit fin au combat opposant les deux belligérants en les tuant, considérés comme l’incarnation d’esprits maléfiques essayant de semer le chaos dans le village.

Un buffle d'eau à Kebo Edan

Que trouve-t-on dans le temple Kebo Edan ?

Comme dans tout autre lieu de culte hindou à Bali, le temple Kebo Edan se compose de trois zones distinctes, les Tri Mandala :

Nista mandala / Jaba Pisan

C’est la partie extérieure du temple qui est considérée comme impie et profane. Tout le monde peut y pénétrer et les gens y font généralement du commerce. Ce n’est pas le cas à Kebo Edan, les propriétaires des échoppes ayant déserté le lieu pour aller vers Gunung Kawi ou Tirta Empul, les deux sites touristiques les plus fréquentés de la région.

Madya Mandala / Jaba Tengah

C’est dans cette enceinte sacrée que les hindous se consacraient à la prière. Ma guide m’explique qu’ici se jouaient jadis des scènes de danse Barong et Kris mais que le nombre de visiteurs s’amenuisant, les spectacles se sont arrêtés.

Utama Mandala / Jeroan

C’est la zone la plus sacrée du temple. Les gens qui viennent ici ne sont là que pour adorer Sang Huang Widhi, le Brahmane (le dieu, dans la religion hindou).

À l’Ouest, en face d’un très ancien frangipanier et posée sur un pelinggih (un petit autel en forme de pagode) se dresse Bhatara Kebo Edan, ou Ratu Kebo, un buffle d’eau avec un collier de cloches. À ses côtés, une statue géante est assise, soutenant une coupe remplie de sang avec des accessoires funéraires et des crânes.

Statues anciennes de Pura Kebo Edan

Le temple Pura Kebo Edan et le Dieu aux quatre pénis

Nous continuons notre pèlerinage à l’intérieur du temple, lequel est parsemé d’un certain nombre de statues séculaires, dont l’une retient particulièrement mon attention. Ni Putu me raconte, avec une certaine ironie, qu’il s’agit là de la statue de Ciwa Bhairawa, sculptée de manière à ressembler à un humain, y compris les organes génitaux. Toutefois, cette statue-là a une particularité plutôt inhabituelle : elle est dotée de quatre pénis !

Les phallus, sculptés de façon à simuler le mouvement, se balancent de droite à gauche de l’imposante statue. On dit que ce mouvement à double sens symbolise la dualité entre Ciwa et Bhairawa, deux enseignements hindous originaires de Kediri (Java oriental) et qui sont encore pratiqués dans le temple. En plus des organes génitaux masculins, je remarque aussi des serpents enroulés autour de la jambe gauche du dieu tandis que son pied écrase la tête d’un esprit maléfique. Cette statue est vénérée pour la fertilité qu’elle procurerait à celles et ceux qui viennent prier ici.

Une autre théorie suggère que la statue serait celle de Bima, l’un des Pandawa Lima, l’un des cinq frères du conte épique hindou du Mahabharata. Ce conte hindou raconte que Bima était follement amoureux d’une femme du village, mais que cette femme se refusait à lui à cause de son phallus gigantesque. La jeune femme serait ensuite tombée amoureuse d’un autre homme. Lorsque Bima entendit parler de la rumeur, il alla trouver la femme de ses rêves mais la trouva enlacée dans les bras de l’homme qu’elle avait choisie. Bima, fou de colère, foudroya le couple, écrasant la tête de l’homme avec son pied — comme le montre la statue.

Statue du dieu aux quatre pénis

Ciwa Bhairawa, Bima ou Kebo ?

La statue est-elle une représentation de Ciwa Bhairawa ou de Bima ? À moins qu’elle ne représente le roi-géant Kebo ? La question fait encore débat aujourd’hui. On trouve dans ce lieu de culte un certain nombre d’autres reliques anciennes datées du XIIIe siècle, mais la plupart d’entre elles ont subies les affres du temps. Parmi elles se trouve une ancienne représentation de Ganesh, l’hybride homme-éléphant, dieu de la connaissance et de la sagesse. Ni Putu m’explique que celui qui caresse la statue de Ganesh sur le front sera béni par le dieu pachyderme. Dans un instant presque irréel, elle prend ma main avec délicatesse et nos deux mains se joignent sur le front de la statue. Un petit frisson me parcoure l’échine. Est-ce le contact de la pierre froide ou bien la chaleur de sa paume qui me procure cet effet-là ? À moins que son souhait ne se soit réellement exaucé ? Qui pourrait le dire avec certitude dans cet endroit hors de l’espace et du temps…

Histoire des enseignements de l’école Shiva-Tantrayana

Grâce aux recherches archéologiques de Jero Mangku Ngakan Putu Duaja, un ancien prêtre du temple et chef du village de Pejeng, on sait qu’il existe plusieurs courants religieux issus de Bhairawa. Le premier porte le nom de Bhairawa Kala Chakra, qui est une rencontre entre le bouddhisme et les enseignements du Tantrayana. Un autre est le Bhairawa Heruka, un enseignement qui a émergé de la tradition des croyances indonésiennes mélangées aux enseignements du Kala Chakra et que l’on retrouve également dans l’Ouest de Sumatra. La troisième école est celle de Bhairawa Bima Sakti, qui est un mélange de religion Bhairava et Hindou-Shiva. Les adeptes de ce culte sont pour la plupart à Bali. L’un d’eux fut le roi Kebo Parud. Or les statues, comme nous le savons maintenant, se trouvent dans le temple de Kebo Edan.

L’enseignement millénaire de Bhairawa Bima Sakti

Les enseignements Tantrayana qui sont encore pratiqués au temple Kebo Edan sont ceux de « Bhairawa Bima Sakti », littéralement le Bhairawa de la Voie Lactée, comme le prouve la présence d’une effrayante statue de Shiva Bhairawa. Cette pièce maîtresse en grès d’environ trois mètres de haut a été sculptée dans la posture dite « de kroda » (en colère), mains sur les hanches et tête baissée, les jambes arquées, à cheval sur un cadavre humain… Je découvre aussi avec stupeur de nombreuses autres sculptures monumentales, comme la statue du géant Ratu Penatih qui a les yeux grands ouverts, une autre à l’effigie de Ratu Pulu, de Ganesh, de Ratu Glebeg, de Ratu Bayu et deux autres de Ratu Bawi et du géant Ratu Kebo, celui qui aurait creusé avec ses ongles les Candis, ces cavités gigantesques qui abritent des statues à Gunung Kawi ! À l’extérieur du temple de Pura Kebo Edan, le visiteur remarquera une statue à l’écart, celle de l’éléphant, abritée sous un arbre.

Ganesh - Pura Kebo Edan

Plus tard, j’accompagnerai Ni Putu à l’écart du temple, vers une petite zone ombragée sous les banians. Elle a très envie de me montrer un autre secret merveilleux de Bali mais… Chut ! C’est un secret. Ce voyage à Pura Kebo Edan fut comme une autre révélation sur la nature spirituelle qui nourrit chaque chose et chaque être à Bali, sur ces rencontres fortuites et riches d’enseignement que l’on peut faire aux détours des chemins de l’île des Dieux, dès lors que l’on ouvre les yeux, son esprit et aussi… son cœur.

Comment se rendre au temple Pura Kebo Edan ?

Le temple Pura Kebo Edan est situé à la frontière des villages de Pejeng et Bedulu, à Tampaksiring, non loin des sources miraculeuses de Tirta Empul. Si vous venez de Goa Gajah, le temple est situé sur le côté gauche de la route avant Gunung Kawi.

Photo de couverture : départ d’Ubud au petit matin, le soleil se lève sur les rizières.

Le Pura Tanah Lot, temple du Pays de la Mer à Tabanan

J’arrive au terme de mon voyage mais curieusement, j’ai le sentiment d’être ici depuis plus longtemps. J’ai découvert tant de choses admirables et rencontré tellement plus de gens que je ne l’imaginais. Il ne me reste plus qu’à me rendre à Tanah Lot, réputé pour ses couchers de soleil féériques.

Tanah Lot signifie « Pays de la mer » en balinais. Situé dans le Kabupaten de Tabanan à environ 20 km de Denpasar, il se dresse sur un îlot battu par les vagues de l’océan.

Les bâtiments du temple de Tanah Lot ont été construits après le voyage sacré (tirtha yatra) de la figure religieuse Dang Hyang Nirartha à Bali au XVe siècle et n’ont jamais perdu leur fonction d’origine. En raison de son utilisation continue, Tanah Lot a été bien entretenu et reste un site d’importance religieuse pour les Balinais.

Après une demi-heure de route, le spectacle qui s’offre à moi est impressionnant et magique. C’est un temple perché sur un piton rocheux au milieu de la mer et à quelques brasses seulement de la côte. À marée basse on y accède par la plage. Au pied je me suis ressourcé dans la source d’eau claire qui sourd depuis les entrailles de la roche.

Pura Tanah Lot Tabanan

 

Les vagues viennent se briser violemment contre les contreforts du temple et le spectacle de l’écume jaillissant autour de la pierre noire est saisissant. Non loin de là, un autre temple a été bâti sur une arche de pierre naturelle.

Temple de Tanah Lot

On m’avait dépeint le sanctuaire fourmillant de touristes, appareils photo en main, mais par bonheur le temple est très calme aujourd’hui.

Un peu d’histoire…

Le temple de Tanah Lot est un complexe de structures en bois dont les origines remontent aux XVe et XVIe siècles, construit sur un grand rocher corallien séparé de l’île voisine de Bali. Autrefois rattaché à Bali, le complexe est maintenant séparé du continent en raison de l’érosion. Une centaine de supports en béton ont été installés le long de son rivage en guise de protection en 1986, mais ils ont fortement compromis l’intégrité esthétique du temple et de son environnement. Les tétrapodes en béton ont redirigé les vagues et provoqué l’érosion à un autre endroit du rivage, tout en provoquant une accumulation de sable au fond de la mer, affectant ainsi la vie biologique au sein du récif corallien. L’augmentation du tourisme sur cette île attrayante a également mis à mal l’architecture et le paysage du site.

L’inclusion du site au World Monuments Watch

Suite à l’inclusion du site dans le World Monuments Watch 2000, le WMF a obtenu un financement pour réaliser une étude de conservation afin de comprendre les conditions techniques du site, ainsi que pour promouvoir des solutions de tourisme durable afin de permettre au public de continuer à profiter du site et de développer des stratégies pour améliorer la protection des caractéristiques historiques et naturelles du lieu.

Les limites spatiales du site ont aussi été redéfinies et ramenées aux normes balinaises traditionnelles, qui consistent à considérer l’unité de construction sacrée comme la zone principale ou intérieure, les bâtiments destinés à la préparation et à la tenue des activités religieuses comme la zone intermédiaire, et la zone destinée aux activités du soir, y compris les activités économiques.

Tirta Empul et Gunung Batur

Prière à Tirta EmpulLa source de Tirta Empul est divine. Selon le mythe balinais, c’est le dieu Indra qui l’a créé. Les eaux sont réputées miraculeuses et des centaines de pèlerins se pressent ici chaque jour pour se purifier.

C’est un petit ensemble de temples, disséminés dans des cours avec de nombreux bassins où coulent les sources sacrées. Aujourd’hui les habitants viennent se laver dans les bassins d’où l’eau s’écoule par des bouches de pierre. Cette eau est estimée pour ses pouvoir de guérison et il faudra faire la queue si je souhaite m’y plonger !

Les photos étant interdites, je vais attendre que la foule qui est ici s’amenuise pour profiter de ce lieu prodigieux. En attendant je parcours le temple et profite de la cérémonie qui s’y déroule.

Je continue ensuite ma route vers le lac de Gunung Batur qui se situe près des montagne du centre de l’île. J’arrive près du Mont Batur au bout d’une heure d’une agréable route qui sillonne au travers les pentes des collines. Le dernier village avant Batur est Penelokan. Ce nom signifie « le lieu d’où l’on regarde ». C’est explicite et la vue du lac dans le volcan est véritablement majestueuse. Je pensais descendre la route sinueuse de Batur et me retrouver 500 mètres plus bas, dans le cratère. Somme toute,  je préfère la compagnie de deux japonaises rencontrées près d’une échoppe et qui souhaitaient absolument une photo d’elles et moi en sarong 😉

Le Temple secret de Gunung Kawi

Mes amis sont partis hier soir. David, Jonathan et Romain se sont envolés vers la France. Un petit coup de cafard dans cette maison bien vide tout à coup… Mais, aujourd’hui le soleil est resplendissant, j’enfourche mon scooter et me dirige vers le temple secret de Gunung Kawi.

Secret, parce qu’il se cache au fond d’une vallée dans le village de Tempaksiring, à 15 mn au nord d’Ubud. C’est un lieu captivant datant du 1er millénaire. Construit dans la falaise, ce sont de gigantesques blocs de pierre noire qui le compose. Le temple de Gunung Kawi est un lieu familier de tous les balinais. On y accède par une volée de 230 marches en galets. Au milieu coule la rivière Pakrisan.

On présume que ce sont les tombeaux du roi Udayana et sa famille, mais leur but initial reste oublié. Peu importe, le spectacle qui s’offre à moi est saisissant.

Au fond de la vallée un banian enveloppe le temple de ses innombrables branches. Des sources et des cascades jaillissent un peu partout alentour et les rizières s’étendent en escalier sur les coteaux abruptes de la vallée, clairsemées d’une forêt resplendissante de palmiers et d’arbres fleurissants.

Je m’aventure à pied le long de la rivière, en suivant le chemin emprunté par les planteurs de riz. Bientôt, le sentier s’arrête et se confond dans l’inextricable enchevêtrement de lianes et de fougères. Les touristes ne s’aventurent guère en ces lieux primaires; l’atmosphère y est douce, reposante mais je remarque toute une faune étrange d’insectes, de fourmis, d’araignées. À chaque pas je regarde devant, derrière mais aussi au dessus de ma tête, il ne serait pas étonnant d’y voir un petit python lové au creux des palmes…

Voyage au Temple mère de Besakih, le plus grand sanctuaire de Bali

Ce midi, nous déjeunons devant le temple de Besakih en compagnie de Made, un balinais rencontré sur la route qui nous a indiqué ce lieu exceptionnel. La vue est absolument imprenable sur les rizières et les montagnes environnantes qui se dévoilent peu à peu sous la couche de nuages.

Le soleil apparaît enfin et nous auront la chance de découvrir Besakih dans la lumière. C’est un haut lieu de culte composé de 23 petits temples perdus dans la montagne et reliés entre eux par des ponts, des forêts, des arches de pierre et de petits passages verdoyants. Besakih est le plus important ensemble de temples de Bali. La route sinueuse pour y accéder passe à travers le versant sud du Mont Agung.

Sous la montagne, des veines telluriques serpentent et se rejoignent à la mère de tous les temples, le Sanctuaire de Besakih, qui culmine à 1000 mètres d’altitude.

Dans la grotte du temple sacré de Goa Lawah à Klungkung

Les Indonésiens vénèrent de nombreux animaux, les singes, les tigres, les oiseaux, les éléphants et aussi… les chauve-souris. Dans certaines régions de l’archipel, des espèces peuvent atteindre 1,50 m d’envergure. Celles que nous allons voir aujourd’hui sont plus petites, elles séjournent dans la grotte de Goa Lawah, entre Kusamba et Padangbai.

Pura Goa Lawah (temple de la grotte de la chauve-souris) est un temple hindou balinais ou pura situé à Klungkung, à Bali, en Indonésie. Pura Goa Lawah fait partie des neuf lieux de culte les plus sacrés de Bali, les « temples directionnels » qui ceinturent l’île et la protègent des mauvais esprits. Le Pura Goa Lawah est connu pour avoir été construit autour de l’ouverture d’une grotte habitée par des chauves-souris, d’où son nom, le Goa Lawah ou « grotte aux chauves-souris ».

Pura Goa Lawah est situé dans le village de Pesinggahan, à Klungkung. Le temple de Goa Lawah est situé sur le côté nord de la route principale Jalan Raya Goa Lawah, sur la plage de Goa Lawah. En arrivant, vous ne pourrez pas le manquer tant le lieu foisonne de fidèles balinais qui viennent chaque jour s’y recueillir.

Nous empruntons la route de Sanur puis rejoignons l’autoroute de la mer. Un circuit magnifique le long des côtes sur une autoroute en piteux état. Des portions de béton lisse entrecoupées de tronçons de terre et de gravats, où il faut jouer du guidon et du frein entre les ornières, les fossés et les trous d’eau. La circulation très dense n’arrange en rien le parcours qui devient presque dantesque à certains moments.

Nous franchissons des zones particulièrement sauvages, des sentiers de cailloux à travers rizières et torrents. Parfois la route n’existe plus où bien est-elle recouverte d’une vingtaine de centimètres d’eau. les pluies diluviennes des derniers jours ont fait déborder les lits des rivières et nous avançons prudemment car les chaussées sont très incertaines en ces régions. Il est très impressionnant de traverser de telles zones extrêmes, elles paraissent si primaires et inhospitalières malgré la beauté des paysages alentours. Heureusement les autochtones accueille toujours chaleureusement les Orang ule* de passage, surtout lorsqu’ils sont en sarong !

Les chauve-souris étaient bien là, dans une caverne à flanc de montagne, au sein d’un temple de pierre noire. Goa Lawah fait partie des neuf Kayangan Jagat, des temples directionnels qui protègent Bali des mauvais esprits. Nous sommes arrivés pour une cérémonie et avons pu profiter ainsi d’un moment de recueillement dans ce lieu magique et insolite.

L’histoire du Temple de Goa Lawah

La construction de Pura Goa Lawah a débutée en 1007, à la demande de Mpu Kuturan, l’un des premiers prêtres à avoir introduit l’hindouisme à Bali. Lorsque les Hollandais attaquent le royaume de Klungkung en 1849 lors de la guerre de Kusamba, le temple devient l’un des points clés de la guerre. Le conflit de Kusamba opposait l’armée royale néerlandaise des Indes orientales, dirigée par Andreas Victor Michiels, au royaume de Klungkung dirigé par Dewa Agung Istri Kanya. La décoration du temple évolue au fil du temps. Au début du XXe siècle, il était courant de voir des plaques de céramique en porcelaine fixées dans les sanctuaires et les portes de Pura Goa Lawah. On retrouve encore ce traitement dans d’autres vieux temples de Bali, comme à Pura Kehen.

Implantation architecturale

L’enceinte du Pura Goa Lawah est construite sur un affleurement de collines. Il est divisé en trois parties : le sanctuaire extérieur du temple (jaba pisan ou nistaning mandala), le sanctuaire intermédiaire (jaba tengah ou madya mandala) et le sanctuaire principal intérieur (jero ou utamaning mandala).

L’entrée du complexe du temple est marquée par une porte candi bentar. Un bale kulkul (pavillon du tambour) est placé à l’ouest de cette entrée. Dans la première cour du temple, le sanctuaire extérieur ou jaba pisan, il y a trois pavillons (bale) situés aux trois coins du complexe du temple. L’un de ces pavillons est le bale gong, où est conservé l’ensemble de gamelan pour les représentations musicales. L’accès au sanctuaire intermédiaire ou jaba tengah est situé à l’ouest du sanctuaire extérieur.

Trois portails paduraksa marquent l’entrée du sanctuaire le plus intérieur du temple (jero). Le sanctuaire principal intérieur se compose de trois tours meru, dont l’une est dédiée à Shiva. Plusieurs sanctuaires plus petits sont nichés dans une grotte, où se repose une importante colonie de chauve-souris dites « à nectar ». L’entrée de la bouche de la grotte est marquée par les portes candi bentar. Parmi les autres sanctuaires, un pavillon en forme de balle est orné de motifs de Naga Basuki qui flanquent ses marches. Naga Basuki est un dragon primordial dont on dit qu’il maintient l’équilibre du cosmos…

* Orang ule : les personnes « ajoutées », qui ne sont pas d’ici.