Śri Astasura Ratna Bumi Banten. Sous ces quelques mots étranges, provenant d’un manuscrit du XIVe siècle, se dévoile l’étymologie du nom de l’île de Bali : Sri Astasura, roi de l’île Banten. Les deux noms, Bali et Banten ont la même signification : une offrande. À Bali, tout est croyance, rites sacrés, profond respect de la vie mais aussi de la mort et offrandes.
Qui était Śri Astasura Ratna Bumi Banten ?
D’un point de vue étymologique, Asta signifie Huit, Sura = Dieu, Ratna = Joyau et Bumi Banten = Terre de Bali. Il était le dernier roi du royaume de Beduga, Bali, sur lequel il régna de 1332 à 1343. Son règne prit fin lorsque le royaume de Majapahit, à travers l’expédition de Gajah Mada, conquit l’île de Bali en 1343. Les célèbres patihs (généraux) durant son règne furent Pasung Grigis et Kebo Iwa.
Histoire du Royaume de Bedahulu / Bedulu, Bali
L’île de Bali est la demeure des magiciens, des démons et des dieux.
Dans la Mythologie Balinaise, Bali est une émeraude remontée de l’océan et qui repose sur le dos large d’une tortue, Bedawang. La légende explique qu’elle est issue de la méditation du serpent universel Antaboga. Deux serpents reposent au sommet de la tortue universelle, ainsi que la Pierre Noire, qui forme le couvercle du monde souterrain, gouverné par le dieu Batara Kala et la déesse Setesuyara.
Le royaume de Bedahulu (aujourd’hui orthographié Bedulu) est un ancien royaume de l’île de Bali qui exista du VIIIe siècle au XIVe siècle. Le centre du royaume se situait à Pejeng ou Bedulu, régence de Gianyar, Bali. On estime que ce royaume était gouverné par des rois descendants de la dynastie Warmadewa. Le dernier souverain du royaume de Bedulu (Dalem Bedahulu) s’est opposé à l’expansion du royaume de Majapahit en 1343, dirigé par Gajah Mada, mais s’est soldé par la défaite de Bedulu.
La résistance de Bedulu s’est complètement éteinte après la défaite de la rébellion de ses derniers descendants (Dalem Makambika) en 1347.
Histoire de la création du royaume de Bedahulu
Au IVe siècle à Campa, Muangthai était gouverné par le roi Bhadawarman. Lui succédera son fils, Manorathawarman. Le fils de ce dernier, nommé Mulawarman, est connu comme étant le souverain qui fonda le royaume de Kutai. De sa descendance naquit le royaume de Taruma Negara, puis celui de Sriwijaya. C’est le fils de Mauli Warmadewa, Sri Kesari Warmadewa qui, une fois installé à Bali, y établit Pura Merajan Salonding et Dalem Puri à Besakih.
Les origines
Au plus loin de l’histoire connue de cette lointaine époque, on retrouve donc Ratna Bhumi Banten, dont la plupart sont des descendants de la reine Ugrasena, l’ancêtre de Sanjayawamsa, un chevalier Kalingga.
Sri Atasura Ratna Bhumi Banten était un fervent bouddhiste. Il a établi de nombreux sanctuaires bouddhistes à Bali. L’histoire antique de Bali est remplie de combats et de guerres fratricides, comme en témoigne la résistance contre le royaume de Singhasari, en 1222 après JC. Bali sera de nouveau conquise en 1284 par le roi Kertanegara. En raison de la prise du royaume Singhasari par Jayakatwang en 1292, Bali revint sous le contrôle du royaume de Daha. En 1293, le royaume de Daha est détruit par la reine du Majapahit, qui en devient dès lors la monarque.
Mais Sri Atasura Ratna Bhumi Banten ne l’entend pas de cette oreille et passera le reste de sa vie à combattre cette reine qu’il juge inapte à commander. En raison de son attitude, Sri Atasura Ratna Bhumi Banten sera surnommé Raja Bedahulu, où Beda signifie différent (opinion) et Hulu, supérieur.
Mythes sur le roi de Bejul
Une légende balinaise raconte qu’un jour un roi fut testé par Ki Pasung Grigis, le patih (Vice-chef du souverain) du royaume de Bali, lequel lui demanda en ces termes : « Votre majesté, si votre altesse est vraiment si puissante au point de libérer l’âme du corps, montrez-le moi. » Le roi accepta alors sa requête et détacha sa tête de son corps, laquelle s’éleva vers les cieux. Cependant, au bout de trois jours, la tête de Sri Tapolung n’était toujours pas revenue et Ki Pasung Grigis commençait à s’inquiéter (on peut le comprendre). Par coïncidence, un cochon passa par là à cet instant. L’animal fut décapité et sa tête fut jointe au corps de Sri Tapolung. Du fait de sa tête de cochon, le roi fut surnommé Bedamuka (tête différente). Ce mythe est encore fermement ancré dans la société balinaise et l’histoire de ce roi à tête de cochon est souvent raconté dans les représentation théâtrales traditionnelles, dont les spectacles de Wayang kulit.
Les historiens qui étudient ce texte s’accordent aujourd’hui pour expliquer ce conte de manière plus critique. L’histoire du roi à tête de cochon est perçue comme un symbole de l’attitude du dernier ancien roi balinais qui ne voulait pas reconnaître la suprématie du pouvoir de la reine Majapahit. Le roi voulait faire de Bali un royaume souverain et indépendant, libre de l’emprise des puissances extérieures. Une interprétation étayée par les résultats des recherches des archéologues.
Dans un certain nombre d’anciennes sources balinaises, le roi Sri Tapolung est mentionné comme un roi fort, visionnaire, altruiste et respecté par son peuple. Ce roi avait reçu le titre honorifique de Sri Asta Sura Ratna Bhumi Bhanten, le souverain de Bali, celui qui possède les Huit Pouvoirs divins. Cette attitude était perçue par Majapahit comme dangereuse pour l’ambition de son royaume de dominer l’archipel Indonésien. Par conséquent, Bali devint alors la principale contrée à conquérir. C’est grâce à la perfidie du gouverneur Gajah Mada qu’elle fut conquise. Cependant, cette conquête par Majapahit n’a pas nécessairement fait reconnaître aux anciens Balinais le pouvoir de Majapahit sur leur royaume de Bali. Au contraire, l’histoire raconte que la résistance ne s’apaisa que lorsque des négociations politiques eurent lieu entre les dirigeants Majapahit et le peuple Bali Aga afin de réprimer la résistance. Malgré cela, l’amour du peuple balinais pour son dernier roi demeurera longtemps, bien longtemps après la fin du règne de Majapahit et la disparition de son royaume…
Vestiges du royaume de Bedulu
La résistance du royaume de Bedulu à Majapahit est une métaphore symbolisant la résistance des natifs balinais (Bali Aga) à l’attaque javanaise (Wong Majapahit). Certains endroits reculés de Bali maintiennent encore les coutumes de Bali Aga, par exemple dans le village de Trunyan (dans le district de Kintamani), dans le village de Tenganan et celui de Mangoustan (dans la régence de Karangasem) et dans les villages de Sembiran, Cempaga Sidatapa, Pedawa, Tiga Was et Padangbulia (régence de Buleleng). Certains temples sont toujours considérés comme des reliques de cet antique royaume aujourd’hui étient. C’est le cas notamment des temples de Jero Agung, de Samuan Tiga, de Goa Gajah et Pura Bukit Sinunggal.
Le temple de Goa Gajah n’a été redécouvert qu’en 1923, bien qu’il soit mentionné dans le livre Nagarakertagama écrit en 1365 après JC. Ce temple fut construit sur la rivière Petanu, qui offre un magnifique panorama naturel, entre des palmiers et une petite rivière qui se jette dans la rivière Petanu en contrebas. Sur les murs de Goa, il y a aussi une courte inscription qui dit « Kumon sahywangsa », laquelle, selon la graphie des lettres, rappelle sans nul doute la langue parlée ici aux alentours du XIe siècle après J.-C. À l’ouest du temple, on découvre une stature de Ganesh accroupie et une seconde à l’effigie de Men Brayut, deux divinités de la mythologie bouddhiste. Men Brayut est aussi connue sous le nom de Hariti, le sauveur des enfants. Devant Goa, à l’exception de la statue du gardien, il y a aussi des fragments de construction dont les origines demeures inconnues.
Sur la base des découvertes archéologiques mentionnées ci-dessus, on comprend que le temple de Goa Gajah date des IXe et XIe siècles de notre ère, et qu’il servait probablement d’ermitage aux moines bouddhistes et aux adorateurs du dieu Shiva.