Carnets de Voyage(s)

Dans la grotte du temple sacré de Goa Lawah à Klungkung

Les Indonésiens vénèrent de nombreux animaux, les singes, les tigres, les oiseaux, les éléphants et aussi… les chauve-souris. Dans certaines régions de l’archipel, des espèces peuvent atteindre 1,50 m d’envergure. Celles que nous allons voir aujourd’hui sont plus petites, elles séjournent dans la grotte de Goa Lawah, entre Kusamba et Padangbai.

Pura Goa Lawah (temple de la grotte de la chauve-souris) est un temple hindou balinais ou pura situé à Klungkung, à Bali, en Indonésie. Pura Goa Lawah fait partie des neuf lieux de culte les plus sacrés de Bali, les « temples directionnels » qui ceinturent l’île et la protègent des mauvais esprits. Le Pura Goa Lawah est connu pour avoir été construit autour de l’ouverture d’une grotte habitée par des chauves-souris, d’où son nom, le Goa Lawah ou « grotte aux chauves-souris ».

Pura Goa Lawah est situé dans le village de Pesinggahan, à Klungkung. Le temple de Goa Lawah est situé sur le côté nord de la route principale Jalan Raya Goa Lawah, sur la plage de Goa Lawah. En arrivant, vous ne pourrez pas le manquer tant le lieu foisonne de fidèles balinais qui viennent chaque jour s’y recueillir.

Nous empruntons la route de Sanur puis rejoignons l’autoroute de la mer. Un circuit magnifique le long des côtes sur une autoroute en piteux état. Des portions de béton lisse entrecoupées de tronçons de terre et de gravats, où il faut jouer du guidon et du frein entre les ornières, les fossés et les trous d’eau. La circulation très dense n’arrange en rien le parcours qui devient presque dantesque à certains moments.

Nous franchissons des zones particulièrement sauvages, des sentiers de cailloux à travers rizières et torrents. Parfois la route n’existe plus où bien est-elle recouverte d’une vingtaine de centimètres d’eau. les pluies diluviennes des derniers jours ont fait déborder les lits des rivières et nous avançons prudemment car les chaussées sont très incertaines en ces régions. Il est très impressionnant de traverser de telles zones extrêmes, elles paraissent si primaires et inhospitalières malgré la beauté des paysages alentours. Heureusement les autochtones accueille toujours chaleureusement les Orang ule* de passage, surtout lorsqu’ils sont en sarong !

Les chauve-souris étaient bien là, dans une caverne à flanc de montagne, au sein d’un temple de pierre noire. Goa Lawah fait partie des neuf Kayangan Jagat, des temples directionnels qui protègent Bali des mauvais esprits. Nous sommes arrivés pour une cérémonie et avons pu profiter ainsi d’un moment de recueillement dans ce lieu magique et insolite.

L’histoire du Temple de Goa Lawah

La construction de Pura Goa Lawah a débutée en 1007, à la demande de Mpu Kuturan, l’un des premiers prêtres à avoir introduit l’hindouisme à Bali. Lorsque les Hollandais attaquent le royaume de Klungkung en 1849 lors de la guerre de Kusamba, le temple devient l’un des points clés de la guerre. Le conflit de Kusamba opposait l’armée royale néerlandaise des Indes orientales, dirigée par Andreas Victor Michiels, au royaume de Klungkung dirigé par Dewa Agung Istri Kanya. La décoration du temple évolue au fil du temps. Au début du XXe siècle, il était courant de voir des plaques de céramique en porcelaine fixées dans les sanctuaires et les portes de Pura Goa Lawah. On retrouve encore ce traitement dans d’autres vieux temples de Bali, comme à Pura Kehen.

Implantation architecturale

L’enceinte du Pura Goa Lawah est construite sur un affleurement de collines. Il est divisé en trois parties : le sanctuaire extérieur du temple (jaba pisan ou nistaning mandala), le sanctuaire intermédiaire (jaba tengah ou madya mandala) et le sanctuaire principal intérieur (jero ou utamaning mandala).

L’entrée du complexe du temple est marquée par une porte candi bentar. Un bale kulkul (pavillon du tambour) est placé à l’ouest de cette entrée. Dans la première cour du temple, le sanctuaire extérieur ou jaba pisan, il y a trois pavillons (bale) situés aux trois coins du complexe du temple. L’un de ces pavillons est le bale gong, où est conservé l’ensemble de gamelan pour les représentations musicales. L’accès au sanctuaire intermédiaire ou jaba tengah est situé à l’ouest du sanctuaire extérieur.

Trois portails paduraksa marquent l’entrée du sanctuaire le plus intérieur du temple (jero). Le sanctuaire principal intérieur se compose de trois tours meru, dont l’une est dédiée à Shiva. Plusieurs sanctuaires plus petits sont nichés dans une grotte, où se repose une importante colonie de chauve-souris dites « à nectar ». L’entrée de la bouche de la grotte est marquée par les portes candi bentar. Parmi les autres sanctuaires, un pavillon en forme de balle est orné de motifs de Naga Basuki qui flanquent ses marches. Naga Basuki est un dragon primordial dont on dit qu’il maintient l’équilibre du cosmos…

* Orang ule : les personnes « ajoutées », qui ne sont pas d’ici.

Rencontre avec Made Subandi, le plus célèbre joueur de gamelan à Bali

Agung est passé nous prendre à la maison pour nous emmener dans son village natal. Là-bas nous y rencontrerons Made Subandi, le plus grand joueur de gamelan de Bali.

Marionnette à l'éfigie de Kresna
Marionnette à l’effigie de Kresna, achetée dans la boutique de I Wayan Nartha à Sukawati.

Nous rencontrons Made Subandi chez lui en pleine répétition de son prochain spectacle de marionnettes d’ombres indonésiennes. Depuis quelques temps, Made est dalang (marionnettiste) et son professeur et ami est également présent. Les Balinais n’évoquent guère ce sujet, mais tous croient aux sorcières et à la magie. Les forces négatives sont tout simplement les opposés des forces du bien. On retrouve cette antinomie dans la droite et la gauche des scènes de théâtre d’ombres.

Le théâtre de marionnettes (wayang kulit = poupée de cuir) est la forme artistique la plus complexe et la plus sacrée. Ce spectacle merveilleux véhicule aussi des enseignements éthiques et spirituels. Ce n’est pas un divertissement mais un rituel et l’on assiste à des représentations dans des théâtres, lors de cérémonies, de mariages, etc.

Écouter un extrait de l’œuvre de I Made Subandi

Le Dalang et la Wayang kulit

Les marionnettes, confectionnées en cuir de buffle peint et finement ciselé, sont placées dans un tronc de bananier, de part et d’autre du Kayon, l’Arbre de Vie dans les branches duquel on découvre de nombreux animaux mythiques et sacrés (singes, tigres, nâgâ cosmique…). Les personnages maléfiques sont placés à gauche et les gentils à droite. Devant il y a un drap blanc et une lampe à huile de coco renvoie l’ombre des marionnettes sur la toile. Le spectacle commence toujours par la danse du Kayon, qui projette son ombre au centre de la scène. Le dalang prête sa voix à tous les personnages, aigüe et douce pour les bons, basse et vociférante pour les mauvais, il chante, récite des mantras et dirige également l’orchestre de gamelan qui l’accompagne !

Les thèmes qui sont joués sont des épopées épiques issues de la littérature indienne du XIIe siècle : le Ramayana et le Maharabata. Le Ramayana raconte l’histoire du prince Rama et de sa fiancée Dewi Sita, délivrée par le dieu des singes, Hanuman.

Ensuite Made nous entraîne dans la boutique de son maître conteur I Wayan Nartha à Sukawati, qui réalise ses propres marionnettes. C’est un travail absolument remarquable et magique qui s’offre à nos yeux, la boutique est remplie de créatures étonnantes et multicolores, des dieux et des déesses de la mythologie Indienne et Indonésienne, des animaux fabuleux et des Kayonan majestueux qui rayonnent de leurs couleurs éclatantes. Je quitte cet artiste avec quelques créations uniques sous le bras, dont un magnifique Kresna vert et or.

Déjeuner avec Made au Warung Babi Guling de Peliatan où nous dégustons (enfin !) cette spécialité qui occupe une place d’honneur dans de nombreux banquets : le fameux Babi Guling ! C’est un cochon de lait rôti à la broche, et farci de piments, de gingembre, d’ail et d’épices. Puis direction la fabrique d’instruments de musique de Gianyar, où je découvre avec stupéfaction des centaines de pièces de bois ouvragés qui viendront supporter gongs et gamelan, batel, pelégongan, saron, etc.

Ce fut une journée très artistique, riche de nouvelles découvertes enrichissantes, à la rencontre de créateurs et d’artistes balinais. Comme le dit Agung dans sa langue poétique : « Jalan, jalan, terasa ». Rasa, c’est le goût, et terasa, c’est lorsqu’on se rend quelque part sans voir le temps passer, parce que le voyage a une saveur particulière.

Vous souhaitez acheter une marionnette à Bali ?

I Wayan Narta, fabricant de marionnettes :

Adresse : Jalan Yudistira No.17, Sukawati, Kabupaten Gianyar, Bali.
Tél. : +62 361 299080

Jelek Kuta Beach

Il est un lieu à Bali où l’univers machiavélique des systèmes occidentaux a élu domicile, une ville où d’avilissants brigands se partagent les quartiers comme de viles araignées sur une toile de déchéance.

De Sanur, où nous avons dîné près des plages en regardant le coucher du soleil, nous rejoignons le centre-ville puis un taksi nous emporte vers la station balnéaire de Kuta. Nous parcourons les quartiers pauvres de Sanur et les rues de la prostitution. Dehors il pleut averse comme si quelque divinité avait décidé de semer le parcours d’embûches. L’arrivée dans Kuta Beach nous plonge directement dans la violence du lieu.

Drogue et prostitution à Bali

Kuta est un repaire de touristes égarés, hagards, violents et les rixes semblent être ici monnaie courante. Nous croisons sur notre chemin, parmi les amoncellements d’ordures et les rats qui courent dans les ruelles sombres, une faune d’écorcheurs et de gibiers de potence qui nous propose à la sauvette quelques grammes de poudre blanche ou d’ecstasy. Quoi qu’il arrive et quels que soient vos envies du moment, il ne faut jamais accepter ! Le simple fait de fumer un joint vous conduira en prison et les trafiquants de drogue encourent la peine capitale. À l’entrée de chaque cabaret, de chaque assommoir et de chaque boîtes de nuit, les prostitués haranguent les passants à la recherche de quelques dollars en échange d’une heure ou d’une nuit de plaisir.

Je ressens dans ces bas-fonds aux allures de ville moderne une grande souffrance, une pauvreté intellectuelle et spirituelle. C’est l’antre des démons, mais ceux-ci sont bien humains.

Nous pénétrons dans le temple de la musique techno et de la débauche par excellence : le Sky Garden. Une discothèque de quatre étages où l’on vous fouille à l’entrée. Car il ne faut pas oublier les attentats de Kuta en 2002 et 2005 qui avaient fait de très nombreuses victimes dans la communauté touristique. De notoriété publique, la plupart des discothèques de Kuta sont la propriété de la mafia Russe, très influente dans cette partie de l’archipel indonésien et à Java. Le Sky Garden ne fait pas exception à la règle.

La discothèque s’étend sur quatre étages, baignés de lumières et de lasers incandescents, dans une musique tonitruante à vous percer les tympans. Les scènes sont enfumées des vapeurs bleutées de cigarettes américaines et il est toujours délicat de traverser les passages encombrées de danseurs et danseuses totalement ivres. L’alcool coule à flot, car ici le verre de vodka pure de 25 cl coûte en moyenne 10 000 roupies (1 €). Dans le deuxième étage, de délicieuses acrobates en monokini se déhanchent sur des musiques endiablées en faisant tournoyer dans les airs des bolas enflammées. Parmi la foule, d’autres filles sont là, également très légèrement vêtues. Elles attendent les clients que la nuit ne tardera pas à leur servir.

Un lieu à éviter si vous êtes à Bali

4 heures. Fin de soirée, les néons se rallument et la musique s’arrête. Dehors, dans le flot de taksi qui rentrent et la clameur des pots d’échappements, de pauvres êtres au regard vitreux tourné vers le néant, errent çà et là sans but sous la bruine matinale. Un chauffeur s’arrête  à notre hauteur et nous demande si nous voulons aller à Viva Tantra Massage. C’est un salon de massages érotiques très connu à Kuta où de nombreuses jeunes femmes exercent des prestations sexuelles tarifées. « Tida Ada ! » (Cela ne nous intéresse pas). Le taxi s’en va et s’arrête 10 m plus loin pour proposer la même chose à un autre groupe de touristes Australiens, les « meilleurs » clients de la prostitution à Bali paraît-il…

Kuta est un lieu horrible, hideux, mais c’était une étape de mon voyage et je ne la regrette pas. Si Bali est un paradis, Kuta Beach est certainement l’enfer au sein de cet Eden.

Legong dance au palais royal Puri Saren Agung à Ubud

La danse Legong est un spectacle balinais qui, selon la tradition indonésienne, raconte — dans une apothéose de costumes dorés, étincelants et diaprés — le ballet divin de nymphes célestes.

Legong Dance - Danseuse LegongLe légong aurait été inspiré par la danse exorciste de sanghyang dedari. Dans la danse classique de Bali, le legong est réputé comme témoignage du raffinement de la féminité et de la grâce. Les danseuses sont habillées de luxueux costumes rayonnant et de coiffes et couronnes embellies de fleurs. Parfois même, elles manipulent un éventail. Elles sont accompagnées d’une musique exécutée par un orchestre de gamelans.

La danse Legong, ou simplement « Legong », est l’un des spectacles les plus attrayants de la cour royale de Bali. Cette danse est considérée comme l’une des pièces classiques les plus vénérées de l’île, connue pour ses postures physiquement exigeantes et ses mouvements rapides qui requièrent un niveau de souplesse important chez ses interprètes, généralement de jeunes femmes. Chorégraphiée selon un modèle établi dans les moindres détails, la danse a été bien préservée au fil des générations.

Dès l’âge de 5 ans, les petites filles de Bali aspirent à représenter leur village comme danseuses de Legong.

Danse Legong à Bali, un spectacle traditionnel balinais

Les habitants de la région désignent la danse Legong par son nom complet, « Legong Kraton », qui se traduit par « danse du palais royal ». Autrefois, elle n’était présentée qu’à l’intérieur des murs fermés du palais, devant la famille royale. Aujourd’hui, il est possible d’assister à des représentations sur diverses scènes ouvertes et à des spectacles dans toute l’île, comme au palais royal Puri Saren, un monument palatial situé dans le centre d’Ubud, qui est ouvert au public. La plupart des circuits touristiques de Bali incluent ce spectacle dans leur itinéraire.

Historiquement, toute jeune fille à qui l’on confiait la tâche d’apprendre la danse — et éventuellement de la présenter au palais — gagnait un grand honneur. Le Legong représente des anges dansant divinement dans les cieux et se distingue visuellement par les costumes emblématiques des danseuses, qui comprennent une coiffe florale dorée d’une taille et d’un poids considérables, ainsi qu’un costume complet des épaules aux pieds. Les danseurs entraînés exécutent les mouvements sans effort, malgré l’ampleur de leur tenue.

Le spectacle classique met en valeur l’agilité des danseurs ou des danseuses, qui se déplacent de manière dynamique au son d’un orchestre de gamelan. Aujourd’hui, il existe plusieurs variantes artistiques de la danse Legong, que l’on retrouve dans les différentes régions de Bali, comme dans le village de Saba et Bedulu dans la régence de Gianyar, et à Kelandis dans les hauts plateaux du centre de Bali.

Ce qu’il faut savoir sur la danse Legong

La danse Legong a probablement vu le jour au XIXe siècle en tant que divertissement royal. La légende raconte qu’un prince de Sukawati, tombé malade, ait fait un rêve saisissant dans lequel deux jeunes filles dansaient sur de la musique gamelan. Lorsqu’il s’est rétabli, il a fait en sorte que de telles danses soient exécutées dans la réalité. Les danseuses sont recrutées parmi les enfants les plus aptes et les plus jolies. Aujourd’hui, les danseurs formés sont encore très jeunes.

Legong Dance Bali Ubud
Danseuse de Legong au palais royal de Ubud, Bali.

Le Legong Kraton, très stylisé, met en scène un drame d’un genre très pur et abstrait. L’histoire est interprétée par trois danseurs : une servante de la cour et deux legongs habillés de manière identique qui adoptent les rôles de personnages royaux. Les thèmes suggestifs du magnifique orchestre de gamelan et l’esprit des spectateurs évoquent des changements de scène imaginaires.

L’histoire est tirée d’une ancienne histoire de l’Est de Java des XIIe et XIIIe siècles. Un roi trouve la jeune fille Rangkesari perdue dans la forêt. Il la ramène chez lui et l’enferme dans une maison de pierre. Le frère de Rangkesari, le prince de Daha, apprend sa captivité et menace de faire la guerre si elle n’est pas libérée.

Rangkesari supplie son ravisseur d’éviter la guerre en lui rendant la liberté, mais le roi préfère se battre. Sur le chemin de la bataille, il rencontre un oiseau de mauvais augure qui lui prédit sa mort. Dans le combat qui s’ensuit, il est tué. La danse met en scène les adieux du roi alors qu’il part pour le champ de bataille et sa rencontre inquiétante avec l’oiseau.

Les minuscules danseuses scintillent et éblouissent. Liées de la tête aux pieds par du brocart doré, il est étonnant que les legongs puissent se mouvoir avec une telle facilité. Dans une scène d’amour où ils se frottent le nez, par exemple, le roi prend congé de Rangkesari. Elle repousse ses avances en le frappant avec son éventail, et il s’en va, furieux, pour bientôt périr sur le champ de bataille.

Où voir un spectacle traditionnel de Legong à Ubud ?

Le spectacle Legong Dance se déroule au Palais royal de Puri Saren, et commence généralement l’après-midi à 19h30. Le prix des billets est de 100 000 roupies Indonésiennes par personne (env. 6 euros).

Excursion à Batubulan

Cafe Dewi SitaIl est 16 heures. J’ai cherché ma route des heures durant car il n’est pas évident de rouler dans le flux de la circulation sans regarder les paysages exceptionnels qu’offrent l’île de Bali ou de s’arrêter dans les nombreuses échoppes et ateliers de sculptures qui jalonnent les routes de Batubulan et Ubud.

 J’étais parti à la recherche d’un cadeau pour ma maman resté en France, car c’est aujourd’hui son anniversaire. Finalement, après avoir perdu la trace de Meiri et sans nouvelle de ma sœur qui semble avoir disparue dans la campagne en allant laver son linge, je me suis arrêté m’offrir une petite pause réparatrice au Warung Simple de Meiri, situé dans la jalon Raya Sanggyang, à Ubud.

OffrandesJe m’assied, j’écris, et je m’allume une petite Sampoerna, les cigarettes balinaises aux clous de girofle. Je déguste ensuite — comme à mon habitude — un Nasi Goreng avec du poulet frit, fortement assaisonné de piment rouge. Cet après midi je vais aller faire un tour au marché de Ubud, c’est un haut lieu touristique situé au centre de l’île, plein de petites boutiques où l’on trouve toutes sortes de tentures, de soieries, de sarong, de chemises en batik, des masques, marionnettes, sculptures et autres objets issus des savoirs artistiques des habitants de l’île. Le marché est également le lieu idéal pour trouver des variétés incroyables de fruits et de légumes de la région.

Aux alentours de BatubulanSur le pas de la porte, un petit panier d’offrande en feuilles de bananier tressées. Ils jalonnent les routes, les temples et les portes des maisons. Quelques fleurs locales orange et fuchsia, des grains de riz jaunes au blancs, parfois un autre objet y est ajouté, une pièce, une bague. C’est souvent le régal des oiseaux de passages, des chiens et de toute la petite faune d’insectes locaux.

Je reprends la route plus tard dans l’après-midi en direction de Batubulan. C’est un grand village qui jouxte Ubud, riche de sculpteurs de pierre. Tous les bords de la route on trouve des ateliers et boutiques qui présentent des centaines de statues de toutes tailles. Ce sont des dieux, des démons et des animaux fabuleux qui iront orner les temples et les autels. Ici, dès leur plus jeune âge, les enfants sont invités à développer leur créativité et leur imagination. Sur le bord des routes il est fréquent de voir de jeunes enfants entrain de peindre ou de sculpter des pièces de bois.

Mais Batubulan est aussi connu dans toute l’île des Dieux pour abriter le Putra Barong entre Celuk et Sukawati. C’est dans ce théâtre local emblématique de Bali que nous irons bientôt voir, ma sœur et moi-même, la danse Barong et Kris et des danseuses Legong !

Le Sarong, costume typique de la tradition Balinaise

Avec des températures tropicales avoisinant les 35°C, j’ai définitivement abandonné le pantacourt et les T-shirt au profit de la tenue traditionnelle balinaise : le Sarong. Tel l’univers, l’humain est organisé du haut vers le bas, ce qu’annonce ce costume typiquement balinais.

Sarongs balinais multicolores

Une chemise légère aux couleurs vives et aux motifs floraux en batik, une blanche pour les cérémonies. Le sarong, pièce de tissu rectangulaire unie ou décorée, s’enroule autour de la taille comme un étui (d’où son nom) et se replie en franges sur le côté droit. Une ceinture de soie dorée le maintient fermement.

Autour de mon front, j’enroule parfois un udeng. C’est un morceau de tissu carré que l’on attache selon un savant pliage que j’ai encore quelque peines à réaliser seul. Agung m’a expliqué que la pointe du udeng doit être dirigé vers le haut (de la montagne).

Cette tenue très esthétique à l’avantage d’être d’une part très confortable, mais aussi de me confondre dans la population locale. Je surprends souvent les regards des balinais qui se retournent en me voyant et qui s’exclament : « Bagus ! Balinese sarong ». La plupart semblent surpris de voir un touriste porter le vêtement traditionnel, habituellement utilisé uniquement dans les temples et lors des cérémonies.

Costumes typiques des femmes balinaises
Costumes typiques de Bali et offrandes

Lorsque je m’exerce à parler dans la bahasa indonesia, et malgré mon teint clair, certains autochtones me demandent parfois si je suis d’origine indonésienne ! Hier soir, un serveur du Cinta m’a dit en s’inclinant : « Sryanamastuti ». C’est une prière balinaise que l’on fait à Sanghyang Widi Wasa, le dieu suprême du soleil… Rien que ça ! Je lui ai sourit en toute modestie et gratifié d’un « Baik terima kasih banyak » (Merci beaucoup en indonésien).

Traditions culinaires à Bali

Le riz, base de l’alimentation en Indonésie

Rizières à Tempaksiring

Comme dans la plupart des pays asiatiques, un vrai repas indonésien n’existe qu’avec du riz, qui est la base de l’alimentation, l’équivalent du pain en occident. En Indonésie, manger consiste à d’abord remplir son assiette de riz et ensuite, à y ajouter différents accompagnements, comme du poulet, du poisson, des légumes, du porc, du piment, etc.

Le riz se mange généralement cuit à l’eau. On peut également le cuire enveloppé dans une feuille de bananier. Pour les fêtes, on mange du Nasi kuning, un riz jaune au curcuma, qui symbolise la couleur de l’or. On trouve aussi du riz gluant. Au petit-déjeuner, on peut manger du riz frit avec des restes de viande, c’est le Nasi Goreng.

La richesse du vocabulaire se rapportant au riz illustre l’importance de cette céréale dans la culture balinaise :

  • Padi est le riz dans les rizières,
  • Gabah est le riz moissonné,
  • Beras est le riz en grain,
  • Nasi est le riz cuit.

Cuit, le riz peut avoir d’autres formes :

  • Bubur quand il est en bouillie,
  • Ketan quand il est gluant,
  • Lontong quand il est cuit à la vapeur,
  • Tapai quand il est fermenté,
  • Goreng lorsqu’il est frit.

Aliments typiques Balinais

Parmi les aliments typiques, on trouve notamment le Terasi, une pâte faite avec les têtes des crevettes dont la chair a servi à la fabrication de Krupuk, des galettes que l’on mange frites, à la manière de nos chips.

Le Sambal est une purée de piment qui sert de condiment. Il en existe de nombreuses recettes et gare aux gencives si vous n’y êtes pas préparé !

Selamat makan ! (Bon appétit).

Peliatan et le Parc des Oiseaux

Je reviens de Peliatan, un petit village proche de Ubud dont la vallée verdoyante est un vrai coin de paradis. Déjeuner au Café Dewi dont la petite terrasse donne sur les gorges et les rizières en escalier. Puis nous avons parcouru le fabuleux Parc aux Oiseaux de Ubud qui regroupe de nombreuses espèces volatiles de l’Indonésie, malheureusement pour la plupart en voie de disparition.

Les animaux qui vivent ici proviennent de Bornéo, de Java, de Papouasie, de Bali et d’autres régions de l’Asie méridionale. Des aras rouges, des toucans, casoars, grues et perroquets, des ménates ou des paons blancs, flamands roses et cigognes, pélicans, chauves-souris, qui errent librement, vivent et se reproduisent en toute liberté. Le Parc abrite une étonnante diversité d’oiseaux, ainsi que l’extraordinaire Dragon de Komodo, un lézard géant carnivore, descendant direct d’un antique dinosaure et très rarement vu en captivité.

Le parc est divisé en régions qui recréent l’habitat naturel de ces volatiles, avec la flore indigène. On y découvre avec émerveillement une des plus grandes réserves d’oiseaux du paradis du monde entier.

Mais l’impact de l’activité humaine en Indonésie est visible partout : les ordures ménagères sont brûlées à même le sol, sans cérémonies, ou jetées dans les lacs et rivières. Réapparaissent çà et là sacs et plastiques, jusqu’au fond des vallées profondes que l’on croyait préservées de la pollution humaine… Laquelle est très importante et les espèces animales sauvages disparaissent rapidement.

J’ajouterai ici une petite aparté écologique alarmante : on estime aujourd’hui qu’une espèce vivante disparaît toutes les 20 minutes environ ; le rythme de disparition des espèces est 1000 fois supérieur au rythme attendu et estimé sur les 10 derniers millions d’années. Si l’homme continue sur sa lancée, plus des deux tiers des espèces mondiales auront donc disparu en 2100 ! Ces données proviennent du Millenium Ecosystem Assessment, un rapport établi en 2005 par 1360 experts mondiaux à la demande des Nations unies.

Ce soir les grenouilles et les crapauds-buffles répondent en échos aux sons métalliques des gamelans. Nous sirotons un ginger teh à la terrasse du Deli Cat en compagnie de Meiri. Au loin les éclairs fulgurants zèbrent le ciel. La soirée fut orageuse, un déluge d’eau ! Aussi le petit massage aux huiles essentielles de ce soir fut bien apprecié 😉

Barong et la danse Kris, au Chandra Budaya de Batubulan

Ce matin le roi-esprit Barong affrontait la reine-démon Rangda dans une grande bataille opposant le bien et le mal. Je suis allé à un spectacle envoûtant, dans un lieu magique, un théâtre de verdure et de sculptures monumentales. Ce fut un triomphe de costumes chatoyants dans une épopée mythique admirable.

Danse Barong et Kris, deux danses traditionnelles balinaises

La danse Barong et Kris est l’une des danses dramatiques les plus emblématiques de l’île, au même titre que la danse Legong et la danse Kecak. Les personnes qui s’intéressent aux arts et à la culture apprécieront tout particulièrement ces spectacles, qui se déroulent quotidiennement sur plusieurs scènes dans les principales zones touristiques de l’île.

Le plus populaire étant celui du village de Batubulan dans la régence de Gianyar. Les spectacles sont gérés localement ; les danses sont exécutées par les villageois, et un orchestre de gamelan en direct accompagne le spectacle pendant toute sa durée. En tant que spectacle le plus populaire de Bali, la danse Barong et Kris est toujours incluse dans les itinéraires des voyages organisés à Bali.

Que raconte la danse Barong et Kris ?

Le conte classique du 12e siècle opposant le bien au mal, Calon Arang, sert de toile de fond à la danse du Barong et du Kris. Le Barong, un esprit bienveillant sous forme de bête, doit protéger un royaume contre la colère vengeresse de la veuve et reine sorcière, Rangda. Deux danseurs travaillent sur les mouvements du costume très orné du Barong, qui ressemble beaucoup à la danse du lion chinoise, tandis que les danseurs secondaires représentent des singes, des prêtres et des villageois.

Des dépliants contenant des synopsis sont distribués aux guichets avant le début du spectacle. Sinon, il peut être difficile de suivre l’histoire au fur et à mesure que les scènes se déroulent, en raison de l’absence de narration. Normalement, les ouvertures vibrantes du gamelan commencent lorsque le public s’assied, puis le drame se déroule, avec des singes dansants qui entrent en scène, s’amusant à taquiner la forêt ordonnée et paisible, et avec le Barong qui entre ensuite en scène.

Cette paix est troublée par des perturbateurs qui s’avèrent être des disciples de Rangda, et une bagarre s’ensuit. Il s’avère que Rangda a entrepris de répandre son règne de magie noire en recrutant de nouveaux adeptes, qui se transforment eux-mêmes en êtres malveillants. Même les gardes du palais se soumettent à sa magie noire. Le Barong tente de défendre le royaume et affronte Rangda, qui brandit son arme principale : un tissu blanc magique qui jette des sorts malveillants à chaque passage.

Danse Barong et danseur Kris - Batubulan - Bali

Dans la scène culminante, les gardes du palais, en transe, se retournent contre eux-mêmes en hurlant et en se poignardant férocement la poitrine avec leurs poignards kris, mais sans dommage à cause de la magie noire. Barong vient à la rescousse, levant le sort sur tous ceux qui en sont victimes, et un prêtre vient asperger le royaume d’eau bénite pour le faire revivre, tandis que la famine s’atténue et que Rangda est vaincu. Il existe différentes versions des scènes parmi chaque représentation scénique.

Un spectacle sublime et saisissant de couleurs chatoyantes

Barong prend l’apparence d’un lion, animal qui représente le jour, la lumière et les forces du bien. Les costumes des comédiens étaient sublimes et leurs gestes si réalistes que je me suis surpris à le croire réellement devant moi, faisant le beau en attendant que je le saisisse dans sa meilleure pose.

Barong entre en scène, il danse, il joue, s’amuse avec sa queue puis avec un singe. Celui-ci le nargue et se moque de lui. Durant la bataille qui oppose les deux forces dualistes de notre monde, Rangda jette un sort aux hommes qui tentent d’aider Barong, et ceux-ci retournent leurs armes (les épées Kris) contre eux. C’est un spectacle étonnant et le jeu des comédiens est tel que l’on craint à chaque instant de voir jaillir leur sang.

Heureusement, Barong intervient et les empêche de se blesser.

Rangda, féroce démone femelle de Bali, possédait une langue ardente, une poitrine tombante et des yeux exorbités. Associée à la maladie et à la mort, elle était à la tête d’une bande de sorcières. Son nom, qui signifie « veuve », semble indiquer qu’elle tire ses origines d’une reine balinaise du XIe siècle, exilée pour avoir pratiqué la sorcellerie.

Ce spectacle m’a transporté dans une dimension autre, entre démons et légendes, dans un panthéon d’une richesse inouïe. Les balinais sont un peuple d’artistes, d’architectes, de peintres, de comédiens. Une civilisation emplie de sacré, de ferveur et d’ancestrales croyances qui me font rêver chaque jour un peu plus.

La troupe de Sahadewa se produit chaque jour sur la scène ouverte de Chandra Budaya à Batubulan. Si vous souhaitez en savoir davantage sur cette troupe de comédiens, visitez le site www.sahadewabarongdance.com

Où voir une représentation de la danse de Barong ?

Il existe différents lieux à bali où vous pourrez profiter d’un spectacle théâtral de danse Barong et Kris :

  • Putra Barong, situé à Jalan Celuk-Sukawati, Batubulan, Sukawati.
  • Sahadewa Barong, situé à Jalan SMKI, Batubulan.
  • Barong Jambe Budaya, situé à Jalan Pasekan, Batubulan.
  • Barong Dance Uma Dewi, situé à Jalan Kesiman, Denpasar.
  • Sari Wisata Budaya, situé à Jalan Griya Anyar no.25, Banjar Kajeng, Suwung Kauh, Pemogan, Denpasar Sud.

Le Tari Kecak, danse rituelle et théâtre dramatique balinais

Ce soir nous irons au théâtre voir le Tari Kecak, une comédie d’amour éternel, comme aime le préciser Agung en riant. Le spectacle a lieu chaque soir vers 18h30 et dure environ une heure. Il met en scène une centaine de comédiens et raconte une antique histoire, riche de démons et de dieux pas toujours bienveillants.

Les origines du Kecak remontent à la Mythologie Indienne. Elle s’inspire du Ramayana, un texte local anciennement écrit en sanscrit. C’est l’histoire du roi Rama et de sa femme Dewi Sita, exilés dans la forêt durant 14 années par les intrigues politiques de Sumitra. Ils sont poursuivis par Rahwana, le dieu des démons qui enlève Dewi Sita et l’emmène sur l’île de Lanka. Rama, fou de douleur, s’allie alors avec Hanuman du peuple des singes pour récupérer son épouse.

Dans la danse, le peuple des singes est représenté par une centaine de danseurs qui chantent « cak… cak… cak ! » (prononcé « tchak ») durant tout le spectacle, agrémentant la comédie d’un rythme sonore entraînant.  On retrouve également quelques danseuses, un dragon, l’oiseau Jatayu, l’aigle Garuda (qui est aussi l’emblème de l’Indonésie et la fabuleuse monture de Vishnu), le singe Hnuman, Brahma et bien d’autres personnages de la cosmogonie Indonésienne et Indienne.

Non seulement la danse Kecak a une haute valeur artistique, mais elle a également une fonction et une signification profondes. Voici les fonctions de la danse Kecak et son histoire.

L’histoire de la danse Kecak et son développement

Bien qu’elle puise son origine dans les temps les plus reculés de notre ère, la danse Kecak dans sa forme actuelle a été remise au goût du jour par l’artiste balinais Wayan Limbak et le peintre allemand Walter Spies dans les années 1930. La danse, dont le nom provient du tissu à carreaux noir et blanc balinais, s’inspire de rituels traditionnels de Bali qui ont ensuite été adaptés dans l’histoire du Ramayana.

La danse Kecak a d’abord été exécutée dans plusieurs villages, tels que les villages de Gianyar et Bona. Au fil du temps, la danse Kecak s’est développée dans tout Bali. Le mouvement de danse « Kecak » signifie la croyance humaine en Dieu en tant que protecteur et assistant de son peuple. Pour cette raison, c’est une tradition collective de continuer à exécuter cette danse originaire de l’Île des Dieux.

Mouvement de danse et chants Kecak

La danse Kecak est généralement exécutée par plus de 50 danseurs masculins qui s’assoient en cercle avec un certain rythme tout en criant « cak » et en levant les deux mains. Les danseurs assis en cercle portent un tissu à carreaux autour de la taille. En outre, il existe également des danseurs qui jouent plusieurs personnages du Ramayana tels que Shinta, Rama, Ravana, Sugriwa et le Singe-Roi Hanoman.

Le spectacle de danse Kecak est généralement dirigé par un chef religieux ou une figure de l’hindouisme qui agit en tant que chef de prière. Le but de ce mouvement est d’obtenir la sécurité et la douceur de Sang Hyang Widi.

Fait unique, il n’y a pas d’accompagnement musical traditionnel lors de la danse Kecak, mais uniquement le son des danseurs criant le mot « cak cak cak » simultanément et a cappella. Plus tard, l’un des danseurs agira en tant que leader pour fournir le ton initial. Pendant ce temps, d’autres danseurs mettront la pression sur les notes graves ou aiguës.

Historiquement, la danse Kecak sert à éloigner les mauvais esprits et les maladies. Mais c’est aussi le moyen de transmettre aux jeunes générations les rites de leurs ancêtres et de perpétuer ainsi la grande tradition artistique, religieuse et culturelle balinaise.

Après cet incroyable spectacle, je filait vers Ubud pour retrouver Meiri au Warung simple. Le retour se fera sur mon futur moyen de locomotion : un scooter !  À moi les routes balinaises et leur incroyable circulation ! Mais tous les balinais vous le répèteront : « C’est le meilleur moyen pour découvrir les sentiers reculés de Bali… et aussi pour s’y perdre ! »

Richesses de la flore Indonésienne

Du fait des importantes pluies qui arrosent l’île de Bali tout au long de l’année, du soleil et de la structure des sols, on y croise une flore tropicale nombreuse et diversifiée. En Indonésie, on recense près de 42 000 espèces végétales, dont 20 000 orchidées différentes. De plus, les forêts de l’Indonésie sont très diverses : pluviale, forêts de conifères, de mousson, etc. À l’est de l’île de Java on trouve même des industries forestières de tek.

Parmi les arbres que je rencontre dans les jungles et forêts, il y a le palissandre, le camphrier, le banyan (un arbre sacré aux multiples lianes et racines), le frangipanier, la casuarina, le caroubier, le tulipier, des fougères arborescentes et de nombreuses variétés de bambous et de bananiers. C’est dans les montagnes de Java que l’on rencontre le plus de pins, mais aussi des lauriers, de la myrte et une espèce provinciale d’edelweiss. Les fleurs ont des formes et des couleurs extraordinaires. Je découvre en abondance des cytises, du jasmin aux saveurs inimaginables, des rhododendrons, hortensias, eucalyptus, ou ces étranges fleurs en grappes de bougainvillée.

On trouve également d’importantes variétés de fruits et de riz, du caoutchouc, des clous de girofle (un des ingrédients essentiel de la cigarette balinaise), de la cannelle, muscade, poivre, gingembre, vanille, soja, igname, manioc, maïs, noix de cajou et cacahuètes (kacang), canne à sucre, etc.

Deux anecdotes originales : la Rafflesia Arnoldii, qui peut atteindre 1 m de diamètre et peser jusqu’à 7 kg, est, à Sumatra, la plus grande fleur du monde. Sans feuilles ni racines, elle parasite les lianes de Cissus. Le Kopi Bali est un café qui est torréfié après avoir été digéré par un petit rongeur…

Forêts luxuriantes de Batubulan

Bouddha dans un jardin à BaliAu réveil je profite de la vue resplendissante qui s’offre à mes yeux : une jungle d’arbres fruitiers, de cocotiers, de bananiers, de plantes aux fleurs magnifiques dont les noms me sont alors inconnus.

Et parmi cette nature étonnante de nombreuses maisons ont été bâties, des autels et des temples d’où s’échappent des odeurs d’encens. Un torrent tumultueux sourd depuis les contreforts de la colline avoisinante et le ciel est rempli de grands oiseaux aux larges ailes carrées, des cerf-volants, noirs, bleus, rouge qui vibrent dans les vents déjà chauds du matin.

Sur la maison d’en face des ouvriers s’affairent à construire un toit. Ils sont perchés en haut du faîte. L’un badigeonne un enduit sur les interstices des murs, un autre lance les ardoises à l’intention du troisième qui les rattrape à la volée avant de les déposer sur la charpente.

Je prends mon carnet de croquis et commence à crayonner.