Carnets de Voyage(s)

Horizons émeraude et balade en moto

Baie du terminal KL de Kuala LumpurC’est en survolant la région de Kuala Lumpur que j’ai réellement pris conscience du dépaysement. Les heures de vol et la fatigue accumulée entre les attentes dans les aéroports et le décalage horaire m’avait fait perdre un peu la notion des choses merveilleuses qui m’environnaient.

Kuala LumpurVu d’en haut, les campagnes ne sont que palmeraies verdoyantes, parcourues çà et là de fleuves et torrents tumultueux, un volcan aux pentes bleues apparaît à l’horizon. Et maintenant nous survolons la mer, bleue, verte, et le ciel est plein de petits nuages cotonneux, d’autres encore comme des duvets filandreux. Par moments de petits îlots de verdure surgissent au milieu des étendues gigantesques de l’Océan Indien, des atolls et récifs coraliens perdus dans l’immensité de la mer.

vue aérienne hublot Malaysia AirlinesSous la fine couche de nuage Sumatra se dévoile enfin, le soleil décline peu à peu jusqu’à plonger dans l’océan et nous approchons des lumières scintillantes de Denpasar, perdu dans le crépuscule rougeoyant des mers d’Orient.

Bali. J’ai retrouvé ma sœur qui m’attendait à l’aéroport et après quelques transactions difficiles pour trouver un Teksi à moins de 200 000 roupies, nous voilà tous deux à Batu Bulan. C’est une petite bourgade situé à une vingtaine de minutes de Ubud. Batubulan signifie Pierre de Lune (Moon Stone comme on dit ici). Et en parlant de lune, celle qui se dévoile peu à peu à travers la couche nuageuse est bien curieuse à cet endroit de la terre : jaune d’or avec un axe horizontal !

Je déjeunerai ce soir en compagnie de mon neveu, de Agung, David, Romain, Jojo, Neige et ma frangine. Un grand comité d’accueil qui attendait ma venue avec impatience. Direction le Café Wayan à Ubud, un jardin exotique et fleuri agrémenté de fontaines, de bassins et de statues de divinités. Un endroit reposant et envoûtant, idéal pour se ressourcer après ces 24 heures d’un voyage éreintant.

Circuit moto BaliNous partons avec la moto, le traditionnel moyen de locomotion des balinais. On roule habituellement à gauche, mais il arrive que dans le flux très dense de la circulation on emprunte la voie de droite, un sens interdit ou une voie à sens unique, en évitant de justesse un trou béant dans la route ou la queue d’un chien qui aboie en traversant ! Les indonésien sont très respectueux sur la route, chacun respecte l’autre et si vous restez suffisamment attentif à votre course, sans trop essayer de profiter de la vue ailleurs qu’en face de vous, tout se déroule pour le mieux. Par exemple, lorsque l’on quitte la rocade de Gianyar, une œuvre d’art macabre est là pour nous rappeler qu’à Bali le code de la route est moins respecté que celui de la religion, et qu’il requiert une totale concentration, de l’amabilité et le sens de l’humour !

Toutefois, il est vrai que ce premier voyage m’impressionna largement et, pour se plonger d’un coup dans la culture locale, il n y avait rien de tel !

Apprendre à parler la langue Indonésienne “Bahasa indonesia”

Je viens de faire la découverte d’une application sensationnelle dans mon moniteur : il s’agit d’un dictionnaire ludique de e-learning pour apprendre l’indonésien ! Je pratique et j’apprends vite. Je sais maintenant compter jusqu’à mille !

La langue indonésienne le bahasa Indonesia est la langue officielle de la république indonésienne depuis 1928. Le bahasa est dérivée du malais dont elle est très proche, mais elle a subi des influences arabes, sanskrites, persanes, chinoises, portugaises, néerlandaises et même anglaises et françaises, fruits de la l’histoire tourmentée de l’archipel indonésien où bien des influences se sont succédées.

Le principe est finalement très simple bien que les dix premiers chiffres possèdent de nombreuses syllabes, à la différence de notre langue maternelle. En effet, un se dit satu, deux se dit dua, tiga, empat, lima, enam, etc. Huit se prononce delapan, et neuf sembilan. Il est impératif de maîtriser les dix premiers, ensuite il suffit d’associer les chiffres et des lire à la suite avec quelques variantes pour onze (sebelas) et les centaines (seratus).

Un jeu permet  à la fin de la leçon,  de valider de façon ludique mes connaissances. J’ai 28 ans et en Indonésien cela se dit dua puluh delapan !

Une langue asiatique non tonale et très simple d’apprentissage

J’affectionne cette langue. La Bahasa Indonesia reste donc assez simple d’apprentissage et je commence à l’utiliser avec l’équipage, lequel semble apprécier mes démarches pour tenter de communiquer dans leur langue natale. Ne trouvant pas le sommeil dans les vibrations de l’appareil, je continue mes leçons jusqu’au petit matin.

Au petit déjeuner, une spécialité locale à base de ayam (poulet), de nasi (riz) et de kelapa (noix de coco). Un premier goût de cette exotisme culinaire pour bien démarrer la journée sous cette nouvelle latitude. Dans deux heures, nous nous poserons en Malaisie.

Ayam (poulet) et Kelapa (noix de coco) - Malaysia Airlines

Structure de la langue Indonésienne

Le gros avantage de l’apprentissage du bahasa pour un européen vient déjà du fait qu’elle n’est pas tonale comme pour beaucoup d’autres langues asiatiques et que son alphabet a été romanisé ce qui en facilite grandement l’accès.

Apa kabar ? Baik baik !

Lorsque vous-vous promenez dans Bali, ses habitants qui adorent discuter, vous posent presque toujours les mêmes questions… Apa kabar (comment ça va ?), Mau ke mana (Où allez-vous), Dari Mana (D’où venez-vous ?), Siapa Nama Anda (Comment vous appelez-vous ?), Sudah nika (Êtes-vous marié ?), etc. Pour un occidental, ces questions peuvent sembler étranges voire indiscrètes mais apprenez que c’est une façon pour le balinais de vous montrer qu’il vous porte un intérêt. Vous apprendrez vite que de ces quelques premiers mots échangés peuvent faire naître de grandes complicités qui vous ouvriront les portes de l’authentique Bali.

Prononciation phonétique en Indonésien

Dans la langue Bahasa Indonesia, on prononce les lettres de la même façon qu’en français, à l’exception de celles-ci :

c« tch »
eselon sa position dans le mot se prononce « é », « è » ou « eu »
haspiré, comme en Arabe
j« dj »
kIl ne se prononce pas s’il est en fin de mot
rroulé, comme en Espagno
u« ou »
wse prononce à l’Anglaise

Quelques expressions pour communiquer

Ke mana… ?Quelle est la direction pour… ?
Mau ke mana ?Où allez-vous ?
Dari Mana ?D’où venez-vous ?
Saya PerancisJe suis Français
Apa kabar ?Comment allez-vous ?
Baik baik !Je vais très bien !
Siapa Nama Anda ?Comment vous appelez-vous ?
Nama saya KlerJe m’appelle Kler
Sudah nika ?Êtes-vous marié ?
Sudah bisa bahasa indonesia ?Parlez-vous Indonésien ?
Sedikit sedikitUn tout petit peu

Formules de politesse en Indonésien

Selamat pagi / siang / sore / malamBonjour ou bonsoir, en fonction du moment de la journée : pagi, le matin avant 11h. Siang (pronocé « si-âne-g ») : entre 11h et 14h. Sore : après 14h. Malam : à partir de 19h.
Selamat tidurBonne nuit
SilakanS’il vous plaît
MaafDésolé
PermisiExcusez-moi
Selamat datangBienvenue
Selamat makanBon appétit
Selamat tinggalAu revoir (à celui qui reste)
Tida / Tida adaNon merci / Je n’ai besoin de rien
Terima kasihMerci

Pour aller plus loin, cette petite vidéo de Budi, un Indonésien qui vous apprend à parler le Bahasa Indonesia :

* On dénombre pas moins de 450 dialectes différents en Indonésie, parlés dans les de 15 000 îles que compte l’archipel ! La création de la Bahasa Indonesia est née de la volonté d’acquérir une langue commune, tout en conservant les dialectes insulaires. 

Le départ vers la Malaisie

Aéroport CDG ParisJe m’attendais à plus de difficulté à l’aéroport mais je n’ai finalement pas eu à supporter l’interminable queue à l’embarquement. Me voilà donc assis, place 37D du Boeing 777 de la Malaysia Airlines. Il est midi, les réservoirs finissent de se remplirent de kérosène, le commandant de bord effectue quelques tests du bon fonctionnement des turbines et des ailerons directionnels puis nous annonce un départ immédiat. Bientôt les moteurs vrombissent dans un vacarme de soufflerie dantesque et l’appareil, porté par une inertie démentielle, s’échappe de la piste d’envol en direction de Kuala Lumpur, prochaine escale sur le parcours.

J’aurai pensé qu’un avion si grand demanderait une vitesse incroyable pour rivaliser avec l’attraction terrestre. Il n’en est rien. Le petit écran bleu incrusté dans le dos du siège de mon voisin indique 265 km/h ! La physique et moi, ça fait toujours deux…

Malaysia AirlinesNous traversons les régions Est de l’île de France. Direction le Luxembourg, Frankfort, Prague, Abu-Dabi, l’Afghanistan, l’Inde…
Vitesse de l’appareil : 843 km/h
Altitude : 11 000 m et nous montons encore. D’ici les nuages paraissent si petits dans cet océan céruléen, auréolé de la douce lumière du soleil.
Température extérieure : -30°C…

Je profite un peu des films que diffuse le téléviseur devant moi. Toutefois, à part quelques films francophones de médiocre qualité, je ne trouve que des documentaires et séries asiatiques en VO. À part le spectacle de quelques singes évoluant dans la jungle birmane, ces attractions sont bien moins enrichissantes à mes yeux que les cieux qui s’étendent tout autour de nous.

Je préfère écrire et dessiner… tout en faisant du gringue à ma jolie voisine de droite, une touriste japonaise qui fait un petit périple autour du monde. Nous nous émerveillons tous les deux et je crois bien que mes tentatives de séduction ne sont pas pour lui déplaire… Ces petites sessions écriture / dessin m’apportent de nombreux admirateurs, des curieux mais aussi certains membres du crew (l’équipage), dont cette magnifique hôtesse indonésienne qui est venue discuter un peu tout à l’heure. Nous survolons actuellement le Sud-Ouest de la Russie, du côté de Astrakhan, à l’Ouest de Baku. Par le hublot, j’observe ces autres paysages lointains que je découvrirai peut-être un jour.

Il est 16 heures à Paris. Nous volons donc depuis 4 heures et nous arriverons à Kuala Lumpur d’ici 7 ou 8 heures. Altitude : 12 000 mètres, la terre est tellement amusante à regarder depuis cette altitude; les forêts, les lacs paraissent comme des décors d’une grande maquette. Je reste scotché au hublot lorsque nous survolons l’Afghanistan, c’est un spectacle époustouflant qui ne peut être décrit avec des mots ! Vitesse : 959 kilomètres par heure. Dehors les gaz d’échappement laissent des traînées glacées dans notre sillage. Il fait très froid à cette hauteur : – 55 °C !

Les activités et les divertissements audiovisuels restent limités sur ce vol mais l’équipage est avenant et souriant. C’est un réel plaisir de voyager avec cette compagnie chaleureuse. Ma voisine, Keiko, s’endort bientôt sur mon épaule en me prenant délicatement la main. Pousserai-je le voyage jusqu’au Japon ? Peut-être…

compartiment boeing 737Je viens de prendre une photographie étonnante. Le compartiment avant est plongé dans le noir. pourtant, au dehors, la vue est resplendissante mais tous les hublots sont fermés. Toutefois, une lumière bleutée habite la cabine, car tous les sièges sont illuminés par la multitude d’écrans LCD qui y sont incrustés. Ce phénomène méritait, à mon goût, d’être immortalisé. Je prends alors conscience que nous sommes peu à comprendre la beauté du monde qui nous entoure…

Lointaines contrées de l’Océan Indien

Je pars découvrir Bali avec les yeux d’un explorateur, à la manière de ces grands voyageurs des siècles passés, dont les récits enchanteurs des îles lointaines du Pacifique m’ont toujours fait rêver. Je veux partager et vivre pleinement ce voyage à la rencontre d’une culture originale et spirituelle, aujourd’hui je le sais j’ai le besoin de découvrir de nouvelles civilisations authentiques, et l’Asie est une partie du monde qui m’attire depuis fort longtemps.

Avant de me lancer dans la narration de mon récit aérien à 30 000 pieds au dessus de vos têtes, j’en profite pour faire ici une petite aparté linguistique et géographique. À la lecture de ces mots, je crains d’avoir perdu une partie de mon auditoire…

Je viens d’ouvrir mon guide Assimil pour apprendre l’Indonésien. Je l’avais déjà un peu parcouru ces dernières semaines et je maîtrise déjà quelques notions simples. mais il est évident que si je souhaite pénétrer pleinement dans cette culture je dois me familiariser avec les aspects essentiels de la grammaire Indonésienne. Parce que si l’archipel Indonésien est le plus grand du monde il est aussi le plus grands ensemble de dialectes et de communautés.

Près de 540 langues sont actuellement parlées en Indonésie ! On retrouve le javanais, le balinais, le Soundanais, le Toraja, le Sasak, etc. Ce sont des langues maternelles mais tout état moderne a besoin d’une langue qui lui soit propre et commune à tous. C’est ainsi que peu à peu ces dialectes se sont immiscés dans le Bahasa Indonesia, la langue officielle de l’Indonésie.

« Satu nusa, saut bangs, saut bahasa » (Un pays, un peuple, une langue).

Moi qui n’ai jamais réellement été un fin polyglotte, je commence cependant à mémoriser quelques mots et phrases types. Le plus primordial je pense est l’apprentissage des chiffres et des nombres. En Indonésie, le marchandage est un sport national et le fait de parler dans la langue locale est très apprécié des autochtones.

Les intonations syllabiques ne sont pas facile à cerner, mais comme je l’ai lu il y a peu, que j’applique l’accent sur la première syllabe ou la pénultième je serais toujours compris !

J’ai remarqué que le mot « tidak » (prononcé tida), signifie « non » ou « moins que ». Ce qui n’apporte pas une négation définitive. Tida perlu pour signifier que « je n’en ai pas besoin » ou « tida ada » et dans ce cas l’interlocuteur n’a rien à espérer. Suivi du traditionnel Terima kasih (merci).

Histoire et légendes du Royaume antique de Bali

Wy Raden Wibisana - Deesse de BaliŚri Astasura Ratna Bumi Banten. Sous ces quelques mots étranges, provenant d’un manuscrit du XIVe siècle, se dévoile l’étymologie du nom de l’île de Bali : Sri Astasura, roi de l’île Banten. Les deux noms, Bali et Banten ont la même signification : une offrande. À Bali, tout est croyance, rites sacrés, profond respect de la vie mais aussi de la mort et offrandes.

 

Qui était Śri Astasura Ratna Bumi Banten ?

D’un point de vue étymologique, Asta signifie Huit, Sura = Dieu, Ratna = Joyau et Bumi Banten = Terre de Bali. Il était le dernier roi du royaume de Beduga, Bali, sur lequel il régna de 1332 à 1343. Son règne prit fin lorsque le royaume de Majapahit, à travers l’expédition de Gajah Mada, conquit l’île de Bali en 1343. Les célèbres patihs (généraux) durant son règne furent Pasung Grigis et Kebo Iwa.

Histoire du Royaume de Bedahulu / Bedulu, Bali

L’île de Bali est la demeure des magiciens, des démons et des dieux.

Dans la Mythologie Balinaise, Bali est une émeraude remontée de l’océan et qui repose sur le dos large d’une tortue, Bedawang. La légende explique qu’elle est issue de la méditation du serpent universel Antaboga. Deux serpents reposent au sommet de la tortue universelle, ainsi que la Pierre Noire, qui forme le couvercle du monde souterrain, gouverné par le dieu Batara Kala et la déesse Setesuyara.

Le royaume de Bedahulu (aujourd’hui orthographié Bedulu) est un ancien royaume de l’île de Bali qui exista du VIIIe siècle au XIVe siècle. Le centre du royaume se situait à Pejeng ou Bedulu, régence de Gianyar, Bali. On estime que ce royaume était gouverné par des rois descendants de la dynastie Warmadewa. Le dernier souverain du royaume de Bedulu (Dalem Bedahulu) s’est opposé à l’expansion du royaume de Majapahit en 1343, dirigé par Gajah Mada, mais s’est soldé par la défaite de Bedulu.

Reine Balinaise

La résistance de Bedulu s’est complètement éteinte après la défaite de la rébellion de ses derniers descendants (Dalem Makambika) en 1347.

Histoire de la création du royaume de Bedahulu

Au IVe siècle à Campa, Muangthai était gouverné par le roi Bhadawarman. Lui succédera son fils, Manorathawarman. Le fils de ce dernier, nommé Mulawarman, est connu comme étant le souverain qui fonda le royaume de Kutai. De sa descendance naquit le royaume de Taruma Negara, puis celui de Sriwijaya. C’est le fils de Mauli Warmadewa, Sri Kesari Warmadewa qui, une fois installé à Bali, y établit Pura Merajan Salonding et Dalem Puri à Besakih.

Les origines

Au plus loin de l’histoire connue de cette lointaine époque, on retrouve donc Ratna Bhumi Banten, dont la plupart sont des descendants de la reine Ugrasena, l’ancêtre de Sanjayawamsa, un chevalier Kalingga.

Sri Atasura Ratna Bhumi Banten était un fervent bouddhiste. Il a établi de nombreux sanctuaires bouddhistes à Bali. L’histoire antique de Bali est remplie de combats et de guerres fratricides, comme en témoigne la résistance contre le royaume de Singhasari, en 1222 après JC. Bali sera de nouveau conquise en 1284 par le roi Kertanegara. En raison de la prise du royaume Singhasari par Jayakatwang en 1292, Bali revint sous le contrôle du royaume de Daha. En 1293, le royaume de Daha est détruit par la reine du Majapahit, qui en devient dès lors la monarque.

Mais Sri Atasura Ratna Bhumi Banten ne l’entend pas de cette oreille et passera le reste de sa vie à combattre cette reine qu’il juge inapte à commander. En raison de son attitude, Sri Atasura Ratna Bhumi Banten sera surnommé Raja Bedahulu, où Beda signifie différent (opinion) et Hulu, supérieur.

Mythes sur le roi de Bejul

Une légende balinaise raconte qu’un jour un roi fut testé par Ki Pasung Grigis, le patih (Vice-chef du souverain) du royaume de Bali, lequel lui demanda en ces termes : « Votre majesté, si votre altesse est vraiment si puissante au point de libérer l’âme du corps, montrez-le moi. » Le roi accepta alors sa requête et détacha sa tête de son corps, laquelle s’éleva vers les cieux. Cependant, au bout de trois jours, la tête de Sri Tapolung n’était toujours pas revenue et Ki Pasung Grigis commençait à s’inquiéter (on peut le comprendre). Par coïncidence, un cochon passa par là à cet instant. L’animal fut décapité et sa tête fut jointe au corps de Sri Tapolung. Du fait de sa tête de cochon, le roi fut surnommé Bedamuka (tête différente). Ce mythe est encore fermement ancré dans la société balinaise et l’histoire de ce roi à tête de cochon est souvent raconté dans les représentation théâtrales traditionnelles, dont les spectacles de Wayang kulit.

Les historiens qui étudient ce texte s’accordent aujourd’hui pour expliquer ce conte de manière plus critique. L’histoire du roi à tête de cochon est perçue comme un symbole de l’attitude du dernier ancien roi balinais qui ne voulait pas reconnaître la suprématie du pouvoir de la reine Majapahit. Le roi voulait faire de Bali un royaume souverain et indépendant, libre de l’emprise des puissances extérieures. Une interprétation étayée par les résultats des recherches des archéologues.

Dans un certain nombre d’anciennes sources balinaises, le roi Sri Tapolung est mentionné comme un roi fort, visionnaire, altruiste et respecté par son peuple. Ce roi avait reçu le titre honorifique de Sri Asta Sura Ratna Bhumi Bhanten, le souverain de Bali, celui qui possède les Huit Pouvoirs divins. Cette attitude était perçue par Majapahit comme dangereuse pour l’ambition de son royaume de dominer l’archipel Indonésien. Par conséquent, Bali devint alors la principale contrée à conquérir. C’est grâce à la perfidie du gouverneur Gajah Mada qu’elle fut conquise. Cependant, cette conquête par Majapahit n’a pas nécessairement fait reconnaître aux anciens Balinais le pouvoir de Majapahit sur leur royaume de Bali. Au contraire, l’histoire raconte que la résistance ne s’apaisa que lorsque des négociations politiques eurent lieu entre les dirigeants Majapahit et le peuple Bali Aga afin de réprimer la résistance. Malgré cela, l’amour du peuple balinais pour son dernier roi demeurera longtemps, bien longtemps après la fin du règne de Majapahit et la disparition de son royaume…

Vestiges du royaume de Bedulu

La résistance du royaume de Bedulu à Majapahit est une métaphore symbolisant la résistance des natifs balinais (Bali Aga) à l’attaque javanaise (Wong Majapahit). Certains endroits reculés de Bali maintiennent encore les coutumes de Bali Aga, par exemple dans le village de Trunyan (dans le district de Kintamani), dans le village de Tenganan et celui de Mangoustan (dans la régence de Karangasem) et dans les villages de Sembiran, Cempaga Sidatapa, Pedawa, Tiga Was et Padangbulia (régence de Buleleng). Certains temples sont toujours considérés comme des reliques de cet antique royaume aujourd’hui étient. C’est le cas notamment des temples de Jero Agung, de Samuan Tiga, de Goa Gajah et Pura Bukit Sinunggal.

Goa Gajah Bedulu Ubud Bali
Grotte de l’éléphant Goa Gajah à Bedulu, Bali.

Le temple de Goa Gajah n’a été redécouvert qu’en 1923, bien qu’il soit mentionné dans le livre Nagarakertagama écrit en 1365 après JC. Ce temple fut construit sur la rivière Petanu, qui offre un magnifique panorama naturel, entre des palmiers et une petite rivière qui se jette dans la rivière Petanu en contrebas. Sur les murs de Goa, il y a aussi une courte inscription qui dit « Kumon sahywangsa », laquelle, selon la graphie des lettres, rappelle sans nul doute la langue parlée ici aux alentours du XIe siècle après J.-C. À l’ouest du temple, on découvre une stature de Ganesh accroupie et une seconde à l’effigie de Men Brayut, deux divinités de la mythologie bouddhiste. Men Brayut est aussi connue sous le nom de Hariti, le sauveur des enfants. Devant Goa, à l’exception de la statue du gardien, il y a aussi des fragments de construction dont les origines demeures inconnues.

Sur la base des découvertes archéologiques mentionnées ci-dessus, on comprend que le temple de Goa Gajah date des IXe et XIe siècles de notre ère, et qu’il servait probablement d’ermitage aux moines bouddhistes et aux adorateurs du dieu Shiva.

Au cœur de la Nature

aventure balinaise balimimpi - 2010L’Indonésie possède parmi les plus vastes forêts tropicales du monde. Malheureusement, l’activité humaine les réduit au rythme d’un million d’hectares par an, causant une très importante érosion.

Doté de l’un des environnements les plus riches au monde, le pays regorge d’une bio diversité animale et végétale considérable.
La partie occidentale (Sumatra, Java, Kalimantan et Bali) abrite de grands animaux asiatiques comme le tigre, le léopard, le rhinocéros ou encore l’orang-outan* (qui signifie « homme des forêt » dans la langue locale). On y découvre également des kangourous arboricoles, des wombats et quelques opossums.

Les îles de Nusa Tenggara, Maluku ou encore Sulawesi, ont donné naissance à une faune et une flore insulaires : l’anoa, qui semble résulter d’un croisement entre une vache et un cervidé ; le calao bicorne, un des oiseaux sacré les plus spectaculaires en Indonésie; le Varan de Komodo (appelé communément Dragon de Komodo), le plus grand carnivore saurien de notre époque. Au chapitre de la flore, je citerai quelques bois comme l’ébène, le teck ou le bois de santal.

* Abdallah ben Abd-el-Kader, le plus célèbre des littérateurs malais du XIX ème siècle, donne à orang-outan son véritable nom, qui est maôuas. Il le dit expressément p. 85 de son Hikâyat : « Mâouas yang di nama i ouléh orang poutih orang outan » : Le mâouas que les hommes blancs nomment orang-outan.