Agung nous entraîne ce soir dans sa famille pour l’anniversaire de son jeune cousin. Nous dégusterons des mets locaux préparé pour l’occasion et ensuite, direction la cérémonie qui a lieu dans le wantilan voisin, sous la pleine lune.
La demeure où nous séjournons est, comme la plupart des maisons balinaises, bâtie sur un terrain relativement grand et entourée de murs. À l’interieur, quatre pavillons ont été construits aux quatre points cardinaux et que l’on nomme ainsi : bale dauh pour celui qui est à l’ouest, bale dangin pour celui de l’est, bale daja et paon, la cuisine, dirigée vers le Sud de l’île où règne Brahma, le dieu du feu. Au milieu du jardin trône un petit clapier richement décoré autour duquel on trouve quelques offrandes. Il s’agit de la demeure d’un coq, un animal sacré et vénéré.
L’urab préparé ce soir est délicieux mais fortement épicé. Toutefois, mélangée au riz j’en perçois plus les arômes et l’ardeur des piments sur ma langue diminue un peu. C’est un art culinaire étonnant, où se combinent de délicieux ingrédients. Épices et aromates sont moulus, mixés et mélangés aux aliments, leur donnant une saveur et un goût très particulier.
Ensuite nous nous rendons ensemble à la cérémonie sous le préau communal (le wantilan). De jeunes enfants du village participent à un spectacle grandiose. Je retrouve des danseuses Legong et un divertissement fantasmagorique racontant l’histoire d’un prince. Tous s’expriment en indonésien mais le jeu des personnages permet de discerner le fil de l’histoire. Il y a beaucoup d’humour, de jeux de scène et les costumes sont merveilleux; verts, bleus, réhaussés de pompons rouges, d’arabesques dorées, de petits miroirs et de fleurs d’hisbiscus ou de frangipanier. D’un côté de la scène de jeunes musiciens accompagnent les acteurs au gamelan.
La cérémonie – qui a lieu dans le pura balé agung du village – est toute aussi colorée. Les allées du temple resplendissent de paniers d’offrandes en feuilles de bananier tressés, remplis de fruits et d’une myriade de fleurs, du rouge profond de l’hibiscus aux fleurs blanches des frangipaniers. Des Canang sari; tressage supportant une chique de bétel, des saté gedé; les offrandes réalisées par les hommes, Kéwangén enrichis de pétales de fleurs, Pénjor des Montagnes sacrées, Lamak tressés de feuilles jaunes et vertes des palmiers lontar, Porosan, etc. Ça et là, des volutes d’encens s’échappent de quelques coupes et brûle-parfums d’argent. Un dalang présente un rituel de wayang kulit, pendant ce temps un comédien en topéng keras (masque plein) danse et conte les chroniques légendaires des clans et royautés de Bali.
Le prêtre siège au dessus de la foule. Il prépare l’eau sacrée en agitant une petite clochette, aux sons des mantras récités en sanskrit et d’autres prières balinaises. Les balinais rendent hommages aux dieux par des aspersions d’eau puis, par trois fois ils boivent l’eau. En échange il reçoivent quelques grains de riz sur le front, la gorge et les tempes. Plus loin, un chœur de femmes s’est réuni. Le prêtre accompagne deux jeunes balinaises à peine âgées de douze ou treize ans. Elles deviendront les sanghyang dedari, les corps et les voix par lesquelles parleront la Déesse. Agung me glissera plus tard à l’oreille : « Nous avons de la chance d’être ici ce soir. C’est une cérémonie rare, réservée aux habitants de l’île des Dieux… »
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