Bien que l’influence de l’Inde soit fortement présente dans la danse balinaise, l’influence de la Chine se retrouve dans le masque Barong Ket, qui tire ses origines de la danse chinoise du Lion.
Le jour du Nouvel An, le barong (barong ket) défile à travers le village afin de ramener les esprits malveillants vers le cimetière et l’océan. Alors qu’il apporte des bénédictions aux gens pour le Nouvel An, ils le traitent comme une divinité et s’inclinent lorsqu’il passe. S’il y a maladie dans un village, la longue barbe du Barong, faite de cheveux humains, est trempée dans l’eau par le prêtre, qui la transforme en eau bénite utilisée pour la guérison.
Barong, un être joueur et bienveillant
Sous le magnifique barong ket se trouve un cadre en bambou pour donner forme à son corps et à sa queue incurvée, laquelle est recouverte de « fourrure » fabriquée à partir de fibres de palmier. Ses larges épaules sont protégées par une armure de cuir doré parsemée de miroirs, et sa coiffe a des yeux saillants et une bouche béante avec des mâchoires mobiles. Il faut deux danseurs pour jouer le rôle de la créature à quatre pattes. L’homme à l’arrière doit rester penché tout le temps, tandis que le danseur principal claque des mâchoires et bouge les yeux du masque. Tandis que le barong hirsute caracole et se balance vers le gamelan, il peut parfois se hisser sur ses pattes arrières, secouer les mouches ou se retourner pour admirer sa longue queue. Il taquine aussi les musiciens, s’allongeant sur un instrument pendant que l’on essaie de continuer à jouer, ou pose un pied sur un tambour, pour le plus grand plaisir du public.
La sorcière Rangda, veuve immortelle et reine des mauvais esprits
Contrairement au bienfaisant Barong, Rangda est une vieille femme qui a le pouvoir de se transformer en calonarang, une redoutable sorcière. Le mot « Rangda » se traduit par veuve en balinais. Bien que le suicide rituel pour les veuves balinaises ne soit plus pratiqué, autrefois, une épouse suivait son mari décédé dans le monde souterrain. En tant que veuve vivante, Rangda est l’épouse d’un esprit ; par conséquent, son existence immortelle la rend très dangereuse. Son masque terrifiant présente une bouche sinistre et béante avec des crocs acérés, une longue langue saillante et des yeux exorbités injectés de sang.
Des gants poilus avec des ongles extrêmement longs couvrent ses mains, et elle porte un tissu blanc magique censé nuire aux gens qui le touche. Seul un homme d’une grande force spirituelle peut porter le masque calonarang, car il doit être capable de résister aux forces qui pourraient être déchaînées par sa présence. La bataille entre Rangda et le Barong avec ses disciples, les danseurs de kris, suscite tellement d’émotion que ces acteurs tombent en transe pendant le drame. Par conséquent, ceux qui remplissent ces rôles doivent pratiquer un rituel de purification appelé mewinten, qui implique de suivre un régime spécial : l’abstention d’activité sexuelle et l’évitement des cérémonies funéraires et de crémation au moins vingt-quatre heures avant le spectacle.
Que raconte le calonarang ?
Le calonarang est inspiré d’une ancienne histoire hindoue-javanaise. Dans l’intrigue de base, la veuve Rangda est le calonarang, une monstrueuse sorcière. Enragée qu’aucun homme n’épouse sa fille, elle a appris à ses sisya (étudiantes en magie noire) à se transformer en leyaks. Ensemble, elles apportent la peste dans les villages. Le Barong et ses fidèles dévots arrivent pour combattre le calonarang. Dans la plupart des fins, le Barong réussit son attaque, débarrassant le village des entités malfaisantes, mais il reste entendu que cette lutte entre le bien et le mal ne sera jamais terminée. Le Barong, dans son rôle de protecteur de la communauté, contrecarre la malveillance de Rangda, aussi temporaire soit-elle.
Traditionnellement, à la fin d’un calonarang, la sorcière est vaincue, aspergée d’eau bénite et ramenée au temple, où le masque sera soigneusement rangé, tandis que le prêtre trempe la barbe du Barong dans l’eau pour la sanctifier. Ceux qui sont tombés en transe sont sortis par l’aspersion de cette eau bénite et tous rentrent chez eux à l’aube.
De l’importance des rites sacrés dans la culture traditionnelle balinaise
Il a été observé que la purification rituelle qu’un calonarang prodiguait à la communauté semblait réconforter les Balinais. Après une telle performance, chacun rentre chez soi en se sentant parfaitement bien et en paix avec le monde.
À Bali, le tourisme continue de soutenir les formes de danse abordées dans ce chapitre, ainsi que d’autres comme le kecak, qui met en scène l’enlèvement de Sita du Ramayana.
Les tendances actuelles du Kecak
Kecak kontemporer, une itération contemporaine, attire davantage un public balinais. Un innovateur dans le kecak est le chorégraphe Sardono Waluyo Kusumo, qui s’est éloigné des mouvements traditionnels en utilisant ceux inspirés par la nature. Parmi les autres chorégraphes expérimentaux qui font avancer les innovations contemporaines dans la danse balinaise, citons I Wayan Dibia et I Made Sidia, deux professeurs de danse de l’Institut Seni Indonesia à Denpasar. I Wayan Dibia s’est engagé à susciter une renaissance des arts du spectacle à Bali.
À cette fin, il a fondé le Bali Arts Festival pour offrir un lieu et un public aux nouvelles et anciennes formes de danse balinaise, qui attirent artistes et touristes depuis sa création en 1979. Dans un pays où les danses abondent dans les lieux touristiques, le festival est devenu d’un grand intérêt pour les Balinais eux-mêmes.
Après avoir perdu la faveur des danses plus rapides du kebyar, un renouveau de la danse legong a été lancé dans les années 1990 par Tirta Sari, une compagnie professionnelle de danse legong de Peliatan, dirigée par Anak Agung Gede Oka Dalem, aujourd’hui omniprésente à Bali.
D’après World Dance Cultures : From Ritual to Spectacle, P. Beaman (2017).