De grandes ailes foliacées, un bec de bois ciselé. Tantôt géant pour mettre les ombres en déroute, ou sur le Mont Meru d’un temple Hindou au bord d’une route. Fils de Kashyapa et Vinatâ, frère d’Aruna, le conducteur du dieu Sûrya, je n’oublie pas. Ô Garuda !
Maître des Airs au nom gravé de lettres d’or dans le basalte, caché parmi les feuillages d’une jungle luxuriante de Java. Une statue fière qui luit près d’un banian sous la lune montante, derrière les chants scintillants des gamelans comme la prière d’un poème épique. Le macaque te regardait de son air narquois.
Garuda taillé dans le tronc, batu permata laut, orné de gemmes de Lune sur le front. Du Râmâyana aux jeux d’ombres des wayang kulit, une fleur de frangipanier embaumant les ailes d’une danseuse de Legong, déployées vers le ciel, encerclant la terre, portant Vishnou sur un trône de plumes orné de vagues solaires. Ô Garuda, je t’ai suivi.
Fulgurant, enflammé, gardien des Vents qui volait au gré. Soufflant, sifflant, gonflant les ailes des grands cerfs-volants de bambou et tissus colorés. Quarante plumes élancées, bec pointu, regard d’acier, maintient entre tes serres la Terre dévoilée.
Garuda, mi-homme, mi-oiseau, qu’un artiste de l’arbre a façonné, avant de te donner vie au pinceau. Roi des Oiseaux. Tu veilles sur ce lieu comme sur le chemin.
Semoga dunia ini damai selalu ; entre les reflets des nuages du levant, sur le fond d’un ciel rougeoyant du couchant, Garuda galope, ceint du seing d’un dieu que je sais philanthrope.
Où que tu sois, Garuda, tu ornes à présent ma chambre sur un sarong Batik rouge, un coquillage d’Indonésie en offrande à tes pieds. Un miroir peint aux arabesques vives, éclaire d’un éclat blanc ton ramage étonnant.
Je me souviens, ô bel oiseau de rêve qui a guidé ma voie le long des rizières et des volcans. Un colibri. Dont la voix tintinnabulait comme un gong lointain. Wahhyu suci, un bâton d’encens balinais se consume à présent…
— Matur suksma, Garuda !
Et l’oiseau répondit :
— Suksma mewali !