Il est un lieu à Bali où l’univers machiavélique des systèmes occidentaux a élu domicile, une ville où d’avilissants brigands se partagent les quartiers comme de viles araignées sur une toile de déchéance.
De Sanur, où nous avons dîné près des plages en regardant le coucher du soleil, nous rejoignons le centre-ville puis un taksi nous emporte vers la station balnéaire de Kuta. Nous parcourons les quartiers pauvres de Sanur et les rues de la prostitution. Dehors il pleut averse comme si quelque divinité avait décidé de semer le parcours d’embûches. L’arrivée dans Kuta Beach nous plonge directement dans la violence du lieu.
Drogue et prostitution à Bali
Kuta est un repaire de touristes égarés, hagards, violents et les rixes semblent être ici monnaie courante. Nous croisons sur notre chemin, parmi les amoncellements d’ordures et les rats qui courent dans les ruelles sombres, une faune d’écorcheurs et de gibiers de potence qui nous propose à la sauvette quelques grammes de poudre blanche ou d’ecstasy. Quoi qu’il arrive et quels que soient vos envies du moment, il ne faut jamais accepter ! Le simple fait de fumer un joint vous conduira en prison et les trafiquants de drogue encourent la peine capitale. À l’entrée de chaque cabaret, de chaque assommoir et de chaque boîtes de nuit, les prostitués haranguent les passants à la recherche de quelques dollars en échange d’une heure ou d’une nuit de plaisir.
Je ressens dans ces bas-fonds aux allures de ville moderne une grande souffrance, une pauvreté intellectuelle et spirituelle. C’est l’antre des démons, mais ceux-ci sont bien humains.
Nous pénétrons dans le temple de la musique techno et de la débauche par excellence : le Sky Garden. Une discothèque de quatre étages où l’on vous fouille à l’entrée. Car il ne faut pas oublier les attentats de Kuta en 2002 et 2005 qui avaient fait de très nombreuses victimes dans la communauté touristique. De notoriété publique, la plupart des discothèques de Kuta sont la propriété de la mafia Russe, très influente dans cette partie de l’archipel indonésien et à Java. Le Sky Garden ne fait pas exception à la règle.
La discothèque s’étend sur quatre étages, baignés de lumières et de lasers incandescents, dans une musique tonitruante à vous percer les tympans. Les scènes sont enfumées des vapeurs bleutées de cigarettes américaines et il est toujours délicat de traverser les passages encombrées de danseurs et danseuses totalement ivres. L’alcool coule à flot, car ici le verre de vodka pure de 25 cl coûte en moyenne 10 000 roupies (1 €). Dans le deuxième étage, de délicieuses acrobates en monokini se déhanchent sur des musiques endiablées en faisant tournoyer dans les airs des bolas enflammées. Parmi la foule, d’autres filles sont là, également très légèrement vêtues. Elles attendent les clients que la nuit ne tardera pas à leur servir.
Un lieu à éviter si vous êtes à Bali
4 heures. Fin de soirée, les néons se rallument et la musique s’arrête. Dehors, dans le flot de taksi qui rentrent et la clameur des pots d’échappements, de pauvres êtres au regard vitreux tourné vers le néant, errent çà et là sans but sous la bruine matinale. Un chauffeur s’arrête à notre hauteur et nous demande si nous voulons aller à Viva Tantra Massage. C’est un salon de massages érotiques très connu à Kuta où de nombreuses jeunes femmes exercent des prestations sexuelles tarifées. « Tida Ada ! » (Cela ne nous intéresse pas). Le taxi s’en va et s’arrête 10 m plus loin pour proposer la même chose à un autre groupe de touristes Australiens, les « meilleurs » clients de la prostitution à Bali paraît-il…
Kuta est un lieu horrible, hideux, mais c’était une étape de mon voyage et je ne la regrette pas. Si Bali est un paradis, Kuta Beach est certainement l’enfer au sein de cet Eden.