Les chantiers navals de Gili Air

Construction des bateaux sur la plagePar un bel après-midi ensoleillé, nous quittons Gili Trawangan pour jeter l’ancre à Gili Air. J’avais prévu d’aller marcher le long de la piste de sable qui longe le port, mais je découvre les chantiers navals où quelques bateaux traditionnels sont en cours de construction. Je décide alors de discuter avec les menuisiers et les peintres qui s’affairent ici.

Les bateaux sont construits directement sur la plage et sous la forêt avoisinante. Ils sont fait de bois, ont tous une forme et une longueur similaire, environ 30 pieds de long (entre 9 et 10 mètres). Ce qui était intéressant est que ces navires étaient en construction, l’un n’avait pas de poupe, un autre était entrain d’être repeint, un menuisier de marine fabriquait des stabilisateurs et, plus loin, un groupe d’hommes taillaient le bois pour lui faire épouser les lignes gracieuses d’un châssis.

Une conception très originale

Chantiers navals Bali Lombok

Ici, les constructeurs ont développé une très inhabituelle façon de concevoir leurs bateaux ; ils construisent en premier lieu la coque puis ajoutent ensuite l’armature intérieure.

Habituellement, on construit d’abord la charpente que l’on assemble selon des positions précises. Suite à cette étape viennent se greffer sur le gabarit les planches qui formeront la coque du bateau. Cela nécessite de bâtir son navire à l’envers, et d’être ensuite en mesure de le retourner. En construisant la coque d’abord, aucune de ces trois étapes n’est nécessaire.

Un marin m’explique qu’il utilise un mélange de techniques traditionnelles et modernes. Les planches sont jointes bord à bord à l’aide de chevilles en bois, lesquelles proviennent de Sumbawa. Celles-ci sont enfoncés dans des trous percés à intervalles réguliers le long du bord de chaque planche. Ces chevilles permettent d’obtenir des joints très résistants. À mesure que le bateau prend l’eau, les chevilles gonfleront dans leur trou pour se fixer très solidement dans la coque.

Des navires aux courbes élancées

La fabrication d'une coque de bateauPour que le bois des planches ne se brise pas lors des torsions et des étirements, les planches sont cuites à la vapeur.

Le processus est appliqué sur place, en allumant un feu sous les planches et en appliquant un linge humide sur le bois afin de prévenir tout incendie. Après 1 heure ou 2, le bois devenu flexible peut être formé sans se rompre. On maintient les planches en place par des cordes le temps qu’elles refroidissent et conservent cette forme.

En utilisant la forme du bois pour réaliser les châssis, la charpente et les balanciers plutôt qu’en les taillant au format souhaité, on économise aussi une grande partie de matière première tout en procurant une plus grande résistance au bateau.

Le bois pour les charpentes est acheminé depuis l’île voisine de Lombok. Les planches viennent quant à elles des chantiers navals de Sulawesi, où de très grands bateaux y sont toujours construits en bois. Très peu d’outils entrent dans la conception des bateaux. Planches et cadres sont coupés, taillés et façonnés à la main, en utilisant une petite herminette. Ensuite seront ajoutés les stabilisateurs traditionnels en bambou, puis le bateau sera peint de couleurs vives suivant l’inspiration de son propriétaire.

Cette journée m’aura permis de rencontrer des artisans locaux et d’en apprendre davantage sur la fabrication de leurs embarcations traditionnelles. Je clôture cette belle après-midi par un joli dessin du port et des navires en construction, lequel me vaudra quelques « Bagus lukis !* »

* Jolie peinture !

© Crédits photos : Nathalie pour Balimimpi.com, Octobre 2015.
Illustration de Kler Roger.

De Klunglung à Sidemen, fabrication de gamelans, poteries de Pejaten et tissage balinais

Notre périple dans l’île des Dieux Bali touche bientôt à sa fin… Nous décidons de nous rendre à Sidemen, le village des tisserands en passant par la célèbre fabrique de gongs et de gamelans de Klungkung. Au retour, nous traverserons aussi Pejaten, un village où, de mémoire d’hommes, les habitants ont toujours été potiers…

La fabrique de gongs et de gamelans de Klungkung

Sur la route, proche de Semarapura et en direction de Sidemen, nous faisons une halte à Klungkung (Régence de Klungkung, la plus petite de l’île de Bali), où se trouve un étrange temple qui se distingue par ses statues majestueuses perdues au milieu des banians séculaires. Comme à Sawan (Singaraja), ici les villageois sont des fabricants traditionnels de gongs de gamelan et d’autres instruments de gamelan.

Fabrique de gongs à Klungkung
Fabrique de gongs à Klungkung
Fabrique de gongs à Klungkung

Sidemen, village traditionnel de tisserands

Les textiles de Sidemen sont appréciés pour leurs motifs complexes et l’utilisation de fils de coton ou de soie colorés et tissés à la main. La petite auberge familiale où nous dormons est justement gérée par une tisserande balinaise. Elle nous fait une démonstration de tissage sur son métier à tisser. Elle nous explique dans un anglais local que ceux-ci sont connus sous les noms de « songket » et « endek ».

Tisserande traditionnelle à Sidemen
Les rizières de Sidemen
auberge Sidemen
Transport des coqs à Sidemen
Travail de la terre à Sidemen
Atelier dessin avec des enfants balinais - Sidemen

« Selamat minum ! »

Le village de Sidemen est également connu parmi les habitants balinais comme le premier producteur de grog de palmier traditionnel appelé « tuak ». Le produit est également souvent affiné en vin de palme « arak ». Les industries artisanales produisant la boisson sont monnaie courante dans tout le village.

Les rizières au petit matin à Sidemen

Pura Taman Bukit Pengajaran

En parcourant les collines et vallées environnantes, plusieurs villageois nous invitent à découvrir le temple sacré de Pura Bukit. Celui-ci est caché dans les montagnes à très haute altitude et, comme c’est souvent le cas à Bali, les cartes d’itinérance que nous avons entre les mains ne mentionnent pas correctement son emplacement. Ainsi, c’est un petit groupe de jeunes qui accepte de nous guider à travers la fôret pour rejoindre l’escalier qui mène au temple. Ce dernier se perd dans les arbres et l’ascension nécessite une certaine endurance.

Pura Bukit - Sidemen

Arrivé au sommet de la montagne, le spectacle qui s’offre à nous vaut bien les quelques centaines de marches de ce véritable chemin de croix !

Pura Bukit à Sidemen

Pejaten, l’histoire du village d’argile

Cérémonie à Sidemen

Autrefois, les potiers étaient exclus des villages balinais, car ils étaient considérés comme impurs. Par conséquent, ils vivaient ensemble dans un village spécial, comme ce fut le cas à Pejaten, dans le district de Tabanan.

Ces gens étaient très pauvres, ils ne possédaient que la terre sur laquelle ils vivaient et n’avaient pas de rizière. Chaque famille avait sa propre petite poterie. Les pots, les tuiles et tous les objets du quotidien en argile étaient fabriqués à la main. Dans les années 1970, après une période de profonde misère, Pejaten est entré dans une nouvelle ère de la céramique. Sous la direction de M. Tanteri, le chef du village, Pejaten à commencé à produire de façon industrielle des tuiles en céramique. En quelques années, l’industrie est devenue florissante.

Fabricant de tuiles à Pejaten

Tout le monde à Pejaten s’implique aujourd’hui dans l’industrie des tuiles, recrutant même des travailleurs d’autres îles, telles que Lombok et Java. On trouve à Pejaten un très grand nombre de fours et des moulins à argile. Les tuiles sèchent au soleil sur le bord des routes, et d’immenses tas de bois et d’écorces de noix de coco s’amoncellent un peu partout pour alimenter les fours à brique.

De Ubud aux joaillers de Celuk

Toute la magie de Bali est à Ubud

Threads of Life : conservation de la culture traditionnelle balinaise

Depuis l’axe principal de Ubud, empruntez la Jalan Kajeng. Le long de la rue, de nombreuses échoppes où vous trouverez de très beaux tissus, des sarongs et quelques souvenirs locaux. C’est au numéro 24 de cette rue que Threads of Life présente les créations admirables de ses créatrices traditionnelles.

Threads of Life est une entreprise de commerce équitable qui œuvre à la conservation de la culture traditionnelle balinaise et lutte contre la pauvreté rurale en Indonésie. Les textiles de qualité et les paniers sont fabriqués avec des matériaux locaux et des colorants naturels, avec une qualité que vous ne verrez généralement que dans les musées. Threads of Life travaille avec plus de 1000 femmes réparties sur 11 îles de l’archipel Indonésien, il aide les tisserandes à créer des coopératives indépendantes, pour transmettre les savoir-faire de leurs ancêtres, gérer leurs ressources de manière durable, et exprimer leur identité culturelle tout en développant leur activité.

Acheter des cadeaux éthiques à la Kupu-Kupu Foundation

A dix minutes du centre-ville, la fondation Kupu-Kupu (papillon en Indonésien) aide les femmes et les hommes handicapés à vivre de leur métier. Tisserandes, peintres traditionnels, créateurs de cerfs-volants, graveurs sur bois, etc.

Les rizières près de Kupu-kupu FoundationKadek, Made ou Wayan avaient tous des handicaps qui les empêchaient de trouver leur place dans la société Indonésienne. Pour quelle raison ? Parce que le gouvernement Indonésien rejette les malades mentaux, les enfants trisomiques et les handicapés, considérant bien souvent leurs maladies comme des tares qui n’apportent rien au pays.

Une insupportable situation que Begonia Lopez, espagnole et philanthrope, a décidé de transformer en créant la Kupu-Kupu Foundation à Ubud. Après avoir passé la boutique Threads of Life (voir ci-dessus), continuez la Jalan Kajeng d’une centaine de mètre pour découvrir la boutique Kupu-Kupu. En achetant chez Kupu-Kupu, vous saurez que vous venez d’aider quelqu’un qui en a vraiment besoin.

Où dormir dans les rizières ?

Si vous souhaitez dormir dans les rizières de Ubud, loin de la ville et des concerts de klaxon, Kupu-Kupu Foundation dispose de trois petits bungalows installés dans des maisons traditionnelles en bambous.

Depuis la Jalan Kajeng, continuez tout droit puis montez la côte pour atteindre les rice fields (sawah), les terrasses des rizières. Un spectacle incroyable s’offre alors à vos yeux. Prenez à droite et au prochain croisement, empruntez le tout petit sentier à gauche pour rejoindre les bungalows de la kupu-Kupu Foundation. Vous y serez accueilli chaleureusement par Wayan et son ami et peut-être aurez-vous la chance d’y croiser Bégonia.

Les chambres sont rudimentaires mais très propres, la douche est simple, eau froide et petit déjeuner de pancakes avec thé et Kopi Bali (café Luwak balinais). Le soir, dès la tombée de la nuit, ne manquez pas le surprenant spectacle du ballet des lucioles au milieu des rizières bordées de cocotiers, un moment magique et grandiose que vous ne verrez nulle part ailleurs.

Barong et la danse Kris

Le petit village des tailleurs de pierre de Batubulan, dans la province de Gianyar, n’est pas seulement célèbre pour ses sculptures, mais également pour sa troupe théâtrale de villageois connue de toute l’Indonésie.

Tôt le matin, ces derniers quittent les champs ou leurs ateliers pour enfiler un costumes de Barong, de Rangda ou de Dalem, ils chaussent leurs masques de bois aux effigies des dieux du Râmâyana, se maquillent et montent sur scène pour un grandiose spectacle de Barong, de Tari kecak ou de Danse Kris (les célèbres poignards aux lames asymétriques).

Le théâtre Chandra Budaya n’étant pas toujours bien indiqué, demandez votre chemin et laissez-vous guider par un villageois. N’en soyez nullement surpris, il n’est pas rare que les balinais vous invitent à les suivre, sans jamais rien demander en retour si ce n’est un sourire et quelques mots échangés.

Plus d’infos sur l’Instagram de Chandra Budaya

Spectacle de danse Legong…

Legong Dance à Ubud
Danseuse Legong au Balai banjar Ubud kelod, avec la Pusa Kirana Art Foundation.

Vous ne pouvez quitter Bali sans avoir vu un spectacle de danse Legong, de trance Kecak ou de Wayang Kulit, le théâtre de marionnettes balinais. Dans le centre d’Ubud, rendez-vous au point d’Information et demandez la liste des spectacles. Chaque soir à Ubud, de nombreux spectacles sont proposés aux visiteurs désireux de découvrir le Bali authentique au travers de la magie des danseuses de Legong et des joueurs de gamelan. Soirées fortement touristiques mais vous pourrez découvrir des représentations de grande qualité, dans des cadres enchanteurs et des temples ornés de sculptures du Ramayana, parfumés de fleurs de frangipanier et d’encens.

… ou de Wayang Kulit

Wayang Kulit à UbudLe théâtre de marionnettes se situe dans la Rue de Monkey Forest (la forêts des Singes), face au terrain de football, dans la cour intérieure du Ubud City Hotel.

Les représentations ont lieu le mardi et le samedi à partir de 20h00, l’entrée est de 100 000 roupies. À la fin du spectacle, allez voir le marionnettiste qui aura plaisir à vous parler de son art et de ses marionnettes. Celles-ci sont confectionnées à la main par un artiste de Sukawati (le plus important marché d’Art de Bali). Vous en trouverez beaucoup de reproductions dans les échoppes et sur les marchés traditionnels de l’île. Mais si vous passez par Sukawati, demandez « Pembuat Wayang kulit » (puppet maker) pour trouver d’authentiques fabricants de marionnettes (merci mon neveu).

À lire : Jalan, jalan, terasa… le dalang et la wayang kulit

Au détour d’un chemin et si vous avez loué un scooter (voir à Sanur), arrêtez-vous lorsque vous entendez les gamelans ou dans les fêtes de villages. Vous y serez toujours bien accueillis et il n’est pas rare d’y voir de vraies danseuses de Legong locales ou du Tari kecak comme vous n’en trouverez nulle part ailleurs.

Les joailleries de Celuk

Joaillerie de Celuk, Bali
Joaillière travaillant une bague, chez « Mar’s » à Celuk.

Si vous cherchez une belle bague en argent, une paire de boucle d’oreilles finement ciselée ou un bracelet en or ornée de pierres précieuses, continuez votre route jusqu’à Celuk. C’est là que vous trouverez les plus beaux bijoux de Bali, fabriqués sur place dans les ateliers de la ville.

Le village est situé dans le district de Sukawati. Presque toutes les familles et les villageois balinais ont conservé l’âme artistique et créative. Avec l’avènement du tourisme, la variété des produits liés à l’or et à l’argent s’est fortement diversifiée.

Les pierres proviennent essentiellement de l’île de Bornéo, dans l’archipel Indonésien. Les artistes travaillent le métal artisanalement et à la main, et vous pourrez les voir à l’œuvre tout en parcourant du regard les étals de bijoux qui jalonnent les boutiques.

Ce village artisanal avec une longue histoire de joaillerie a su conserver son savoir-faire traditionnel, tout en s’adaptant aux demandes du marché. On y trouve aujourd’hui des produits modernes tels que les médailles et les symboles de la culture Indonésienne. N’hésitez pas à demander des créations originales, vous pouvez même venir avec votre propre métal pour la confection d’un bijou personnalisé qui vous sera fait dans les règles de l’Art des joailliers balinais.

À Bali, les portes s’ouvrent si vous les poussez

Portes ouverts à UbudCroyez-moi sur parole, quelque soit l’endroit où vous vous trouverez, vous serez surpris de la gentillesse et de l’accueil du peuple balinais.

Ne craignez jamais les gens qui vous invitent, oubliez vos superstitions et votre culture occidentale, n’ayez pas peur de l’inconnu et votre séjour sur l’île des Dieux n’en sera que plus mémorable.

Agus

Agus à l'œuvre sur une pièce d'HibiscusSylvain, un collègue de Gurvan nous a parlé d’un artiste local, Agus. C’est un sculpteur qui travaille l’hibiscus et réalise des masques somptueux. David et moi reprenons la route en fin d’après-midi en direction de son atelier.

Le soleil est encore haut mais de lourds nuages bleutés s’accumulent au loin. Finalement, nous arrivons sous une pluie battante. Agus, très heureux par notre visite nous propose un rafraîchissement artisanal. C’est un alcool de coco. Toutefois, même si la couleur blanchâtre laisse penser à du lait, la fragrance qui s’en dégage nous invite à poliment refuser.

Agus est un sculpteur remarquable et un artiste talentueux. Nous restons discuter un long moment avec lui. Ses masques sont somptueux, aux formes douces, foliacées, féminines. Des branches s’entrecroisent dans des cheveux onduleux, volutes sinueuses de bois pleines d’expression, formes et regards modelés à la gouge et au burin. C’est un artiste et nous sommes pris par les sentiments, nous lui achetons deux masques et je le dessine.

Il nous explique ensuite qu’il ne sait pas écrire. Il signe ses œuvres en recopiant un papier où son nom est écrit en balinais. On lui demandait 1 million de roupies pour apprendre à écrire. C’est une somme très importante et inabordable pour un très grand nombre de gens. Il a contribué à mon bonheur mais j’avais envie de faire plus, aussi, si je reviens un jour à Bali, je chercherais à l’aider.

Agus, sculpteur à Ubud

Pura Batuan à Sukawati

Temple de SukawatiJe me suis arrêté près d’un banian, l’Arbre des Marchands. C’est une espèce de figuier géant, les racines se déploient en des milliers de veines qui sillonnent le sol et depuis les cimes redescendent des chapelets de lianes. L’arbre est sacré, aussi y construit-on toujours un temple à proximité.

Je me dirigeai vers Ubud. Après la traversée de Sukawati j’ai aperçu quelques balinais autour de cet arbre magnifique. J’ai sorti mon carnet et ai commencé à dessiner une des statues divines qui gardaient l’entrée du temple.

Un jeune homme s’est également arrêté, intrigué par ce que je faisais. Je lui montre quelques-uns de mes dessins. Quelques mots échangés en Indonésien et en anglais et il m’indique un très beau temple à quelques kilomètres de là, Pura Batuan. Lorsque j’arrive à Sukawati, la ville est en effervescence et les alentours du temple grouille de femmes et d’hommes en sarong. Dans certains véhicules qui passent, de grands paniers ont été renversés. À l’intérieur je remarque de nombreux coqs. Vraisemblablement une cérémonie vient d’avoir lieu et peut-être suis-je passé à côté de quelque combat de gallinacé !

Le temple sacré Pura Batuan à Tri Kahyangan

Le temple de Batuan est l’un des plus populaires et des plus beaux temples de Bali. Il fait partie des trois principaux sanctuaires du village de Tri Kahyangan, et est conçu selon l’architecture balinaise traditionnelle avec des portes fendues, ses gardiens en pierre, des meru aux toits de chaume et un ensemble de sculptures foisonnantes de détails.

Le temple de Batuan, appelé localement Pura Puseh Batuan, est un point de repère central dans le village homonyme de Batuan, bien connu pour ses arts et peintures traditionnels balinais. L’un des trois temples de village dédiés aux dieux de la trinité hindoue.

Comme tous les temples de Bali, le temple de Batuan se compose de trois zones : Nista Mandala (zone extérieure), Madya Mandala (zone centrale) et Utama Mandala (zone principale du temple). Le sanctuaire est l’endroit où les dieux sont intronisés pendant les fêtes par une invitation spéciale à « descendre dans ce monde ». Les dieux invités pendant les fêtes sont vénérés avec une profonde dévotion et des offrandes.

Le temple est ouvert, je porte sarong traditionnel et chemise balinaise. J’entre, appareil photo et carnet de croquis à la main…

Histoire du temple de Batuan

Le temple de Batuan est mentionné dans des documents historiques vieux de dix siècles ! L’influence hindoue et indienne de la région dans le village est évidente dans les sculptures et les temples. D’un point de vue architectural, le temple n’a pas changé depuis mille ans ! En effet, lorsque l’érosion, les intempéries ou les dégâts accidentels abîment des morceaux de temples et de statues, les artisans balinais reconstruisent toujours à l’identique ! Je tiens cette information de mon ami balinais Agung, en qui j’ai toute confiance lorsqu’il est question d’histoire locale.

Le temple de Batuan a été bâti en 944 (1020 après J.-C.). Il fait partie du concept Tri Kahyangan ou Tri Murti tel qu’enseigné par Mpu Kuturan à la communauté hindoue balinaise au 10e siècle.

Pura Batuan comprend un temple Desa (ou de village) comme lieu de culte du Dieu Brahma (le Créateur), un temple Puseh pour vénérer le Dieu Vishnu (le Préservateur) et un temple Dalem pour vénérer le Seigneur Shiva (le Destructeur). Le nom Batuan ou Baturan incite les villageois à plaisanter en disant qu’ils sont « durs comme la pierre » ou qu’ils « mangent des pierres » – car batu signifie « pierre » en balinais.

Mais il fait probablement référence à une ancienne tradition mégalithique dans laquelle les pierres dressées servaient de lieux de rencontre et de sites cérémoniels pour le culte des esprits ancestraux. Cependant, Batuan est devenu un centre à partir duquel les prêtres bouddhistes et les brahmanes se sont répandus dans les principaux centres religieux du sud de Bali, et le village présente une prépondérance inhabituelle de brahmanes.

peinture traditionnelle balinaise du village de Batuan

Adresse du temple Batuan

Le temple Batuan est situé à Jalan Raya Batuan, dans le village de Batuan, Sukawati, régence de Gianyar, Bali, Indonésie. Il se trouve à environ 10 kilomètres d’Ubud ou 25 kilomètres de Seminyak, et à 55 minutes de route de l’aéroport international Ngurah Rai de Denpasar, via Jalan By Pass Ngurah Rai.

Rencontre avec Made Subandi, le plus célèbre joueur de gamelan à Bali

Agung est passé nous prendre à la maison pour nous emmener dans son village natal. Là-bas nous y rencontrerons Made Subandi, le plus grand joueur de gamelan de Bali.

Marionnette à l'éfigie de Kresna
Marionnette à l’effigie de Kresna, achetée dans la boutique de I Wayan Nartha à Sukawati.

Nous rencontrons Made Subandi chez lui en pleine répétition de son prochain spectacle de marionnettes d’ombres indonésiennes. Depuis quelques temps, Made est dalang (marionnettiste) et son professeur et ami est également présent. Les Balinais n’évoquent guère ce sujet, mais tous croient aux sorcières et à la magie. Les forces négatives sont tout simplement les opposés des forces du bien. On retrouve cette antinomie dans la droite et la gauche des scènes de théâtre d’ombres.

Le théâtre de marionnettes (wayang kulit = poupée de cuir) est la forme artistique la plus complexe et la plus sacrée. Ce spectacle merveilleux véhicule aussi des enseignements éthiques et spirituels. Ce n’est pas un divertissement mais un rituel et l’on assiste à des représentations dans des théâtres, lors de cérémonies, de mariages, etc.

Écouter un extrait de l’œuvre de I Made Subandi

Le Dalang et la Wayang kulit

Les marionnettes, confectionnées en cuir de buffle peint et finement ciselé, sont placées dans un tronc de bananier, de part et d’autre du Kayon, l’Arbre de Vie dans les branches duquel on découvre de nombreux animaux mythiques et sacrés (singes, tigres, nâgâ cosmique…). Les personnages maléfiques sont placés à gauche et les gentils à droite. Devant il y a un drap blanc et une lampe à huile de coco renvoie l’ombre des marionnettes sur la toile. Le spectacle commence toujours par la danse du Kayon, qui projette son ombre au centre de la scène. Le dalang prête sa voix à tous les personnages, aigüe et douce pour les bons, basse et vociférante pour les mauvais, il chante, récite des mantras et dirige également l’orchestre de gamelan qui l’accompagne !

Les thèmes qui sont joués sont des épopées épiques issues de la littérature indienne du XIIe siècle : le Ramayana et le Maharabata. Le Ramayana raconte l’histoire du prince Rama et de sa fiancée Dewi Sita, délivrée par le dieu des singes, Hanuman.

Ensuite Made nous entraîne dans la boutique de son maître conteur I Wayan Nartha à Sukawati, qui réalise ses propres marionnettes. C’est un travail absolument remarquable et magique qui s’offre à nos yeux, la boutique est remplie de créatures étonnantes et multicolores, des dieux et des déesses de la mythologie Indienne et Indonésienne, des animaux fabuleux et des Kayonan majestueux qui rayonnent de leurs couleurs éclatantes. Je quitte cet artiste avec quelques créations uniques sous le bras, dont un magnifique Kresna vert et or.

Déjeuner avec Made au Warung Babi Guling de Peliatan où nous dégustons (enfin !) cette spécialité qui occupe une place d’honneur dans de nombreux banquets : le fameux Babi Guling ! C’est un cochon de lait rôti à la broche, et farci de piments, de gingembre, d’ail et d’épices. Puis direction la fabrique d’instruments de musique de Gianyar, où je découvre avec stupéfaction des centaines de pièces de bois ouvragés qui viendront supporter gongs et gamelan, batel, pelégongan, saron, etc.

Ce fut une journée très artistique, riche de nouvelles découvertes enrichissantes, à la rencontre de créateurs et d’artistes balinais. Comme le dit Agung dans sa langue poétique : « Jalan, jalan, terasa ». Rasa, c’est le goût, et terasa, c’est lorsqu’on se rend quelque part sans voir le temps passer, parce que le voyage a une saveur particulière.

Vous souhaitez acheter une marionnette à Bali ?

I Wayan Narta, fabricant de marionnettes :

Adresse : Jalan Yudistira No.17, Sukawati, Kabupaten Gianyar, Bali.
Tél. : +62 361 299080

Le Sarong, costume typique de la tradition Balinaise

Avec des températures tropicales avoisinant les 35°C, j’ai définitivement abandonné le pantacourt et les T-shirt au profit de la tenue traditionnelle balinaise : le Sarong. Tel l’univers, l’humain est organisé du haut vers le bas, ce qu’annonce ce costume typiquement balinais.

Sarongs balinais multicolores

Une chemise légère aux couleurs vives et aux motifs floraux en batik, une blanche pour les cérémonies. Le sarong, pièce de tissu rectangulaire unie ou décorée, s’enroule autour de la taille comme un étui (d’où son nom) et se replie en franges sur le côté droit. Une ceinture de soie dorée le maintient fermement.

Autour de mon front, j’enroule parfois un udeng. C’est un morceau de tissu carré que l’on attache selon un savant pliage que j’ai encore quelque peines à réaliser seul. Agung m’a expliqué que la pointe du udeng doit être dirigé vers le haut (de la montagne).

Cette tenue très esthétique à l’avantage d’être d’une part très confortable, mais aussi de me confondre dans la population locale. Je surprends souvent les regards des balinais qui se retournent en me voyant et qui s’exclament : « Bagus ! Balinese sarong ». La plupart semblent surpris de voir un touriste porter le vêtement traditionnel, habituellement utilisé uniquement dans les temples et lors des cérémonies.

Costumes typiques des femmes balinaises
Costumes typiques de Bali et offrandes

Lorsque je m’exerce à parler dans la bahasa indonesia, et malgré mon teint clair, certains autochtones me demandent parfois si je suis d’origine indonésienne ! Hier soir, un serveur du Cinta m’a dit en s’inclinant : « Sryanamastuti ». C’est une prière balinaise que l’on fait à Sanghyang Widi Wasa, le dieu suprême du soleil… Rien que ça ! Je lui ai sourit en toute modestie et gratifié d’un « Baik terima kasih banyak » (Merci beaucoup en indonésien).