Je m’attendais à plus de difficulté à l’aéroport mais je n’ai finalement pas eu à supporter l’interminable queue à l’embarquement. Me voilà donc assis, place 37D du Boeing 777 de la Malaysia Airlines. Il est midi, les réservoirs finissent de se remplirent de kérosène, le commandant de bord effectue quelques tests du bon fonctionnement des turbines et des ailerons directionnels puis nous annonce un départ immédiat. Bientôt les moteurs vrombissent dans un vacarme de soufflerie dantesque et l’appareil, porté par une inertie démentielle, s’échappe de la piste d’envol en direction de Kuala Lumpur, prochaine escale sur le parcours.
J’aurai pensé qu’un avion si grand demanderait une vitesse incroyable pour rivaliser avec l’attraction terrestre. Il n’en est rien. Le petit écran bleu incrusté dans le dos du siège de mon voisin indique 265 km/h ! La physique et moi, ça fait toujours deux…
Nous traversons les régions Est de l’île de France. Direction le Luxembourg, Frankfort, Prague, Abu-Dabi, l’Afghanistan, l’Inde…
Vitesse de l’appareil : 843 km/h
Altitude : 11 000 m et nous montons encore. D’ici les nuages paraissent si petits dans cet océan céruléen, auréolé de la douce lumière du soleil.
Température extérieure : -30°C…
Je profite un peu des films que diffuse le téléviseur devant moi. Toutefois, à part quelques films francophones de médiocre qualité, je ne trouve que des documentaires et séries asiatiques en VO. À part le spectacle de quelques singes évoluant dans la jungle birmane, ces attractions sont bien moins enrichissantes à mes yeux que les cieux qui s’étendent tout autour de nous.
Je préfère écrire et dessiner… tout en faisant du gringue à ma jolie voisine de droite, une touriste japonaise qui fait un petit périple autour du monde. Nous nous émerveillons tous les deux et je crois bien que mes tentatives de séduction ne sont pas pour lui déplaire… Ces petites sessions écriture / dessin m’apportent de nombreux admirateurs, des curieux mais aussi certains membres du crew (l’équipage), dont cette magnifique hôtesse indonésienne qui est venue discuter un peu tout à l’heure. Nous survolons actuellement le Sud-Ouest de la Russie, du côté de Astrakhan, à l’Ouest de Baku. Par le hublot, j’observe ces autres paysages lointains que je découvrirai peut-être un jour.
Il est 16 heures à Paris. Nous volons donc depuis 4 heures et nous arriverons à Kuala Lumpur d’ici 7 ou 8 heures. Altitude : 12 000 mètres, la terre est tellement amusante à regarder depuis cette altitude; les forêts, les lacs paraissent comme des décors d’une grande maquette. Je reste scotché au hublot lorsque nous survolons l’Afghanistan, c’est un spectacle époustouflant qui ne peut être décrit avec des mots ! Vitesse : 959 kilomètres par heure. Dehors les gaz d’échappement laissent des traînées glacées dans notre sillage. Il fait très froid à cette hauteur : – 55 °C !
Les activités et les divertissements audiovisuels restent limités sur ce vol mais l’équipage est avenant et souriant. C’est un réel plaisir de voyager avec cette compagnie chaleureuse. Ma voisine, Keiko, s’endort bientôt sur mon épaule en me prenant délicatement la main. Pousserai-je le voyage jusqu’au Japon ? Peut-être…
Je viens de prendre une photographie étonnante. Le compartiment avant est plongé dans le noir. pourtant, au dehors, la vue est resplendissante mais tous les hublots sont fermés. Toutefois, une lumière bleutée habite la cabine, car tous les sièges sont illuminés par la multitude d’écrans LCD qui y sont incrustés. Ce phénomène méritait, à mon goût, d’être immortalisé. Je prends alors conscience que nous sommes peu à comprendre la beauté du monde qui nous entoure…