Petite enclave hindouiste au cœur d’un archipel musulman de près de 15 000 îles, lovée entre Java et Lombok, Bali est unique de par ses traditions, sa culture et ses rites sacrés. Son histoire balance entre mythe et réalité. Il existe d’ailleurs un conte des temps anciens que les balinais racontent à leurs enfants avant de s’endormir : c’est l’histoire de la création de l’île des Dieux !
L’histoire de Siddhi Mantra et du dragon Basuki
Il y a bien longtemps, en des temps où l’île était parcourue par les dragons et des héros mythiques, on raconte que les îles de Java et de Bali n’étaient pas séparées comme c’est le cas aujourd’hui mais qu’elles ne formaient qu’un seul et même continent. C’est là que vivait un prêtre aux pouvoirs surnaturels : Siddhi Mantra. Siddhi Mantra avait un fils unique du nom de Manik Angkeran. Ce fils était un enfant gâté auquel son père ne refusait rien. Or ce fils avait un vice : une grave addiction aux jeux d’argent et aux paris des combats de coqs, ce qui mettait en péril toute la fortune familiale !
Ne sachant plus que faire avec son fils, Siddhi Mantra alla chercher de l’aide auprès du dragon du Mont Agung, Naga Basuki. Basuki avait lui aussi d’étranges pouvoirs, comme celui de faire pleuvoir des pierres précieuses et de l’or en échange de prières. Siddhi Mantra gravit la montagne, l’ascension fut longue et périlleuse et, arrivé au sommet, il se mit à réciter les prières au Naga Basuki. À cet instant, une pluie de diamants, de rubis et d’émeraude tombe au pieds du prêtre qui, en remerciant vivement Basuki de sa grande générosité, s’empresse de les ramasser pour les offrir à sa famille et à son fils. Il lui fait promettre de ne plus jamais jouer d’argent, sans quoi il subira le courroux du dragon. Mais Manik Angkeran ne l’entend pas de cette oreille et, comme « un vice en entraîne un autre », il vole la cloche de prière et se rend à son tour au sommet du Mont Agung. Mais ses intentions sont mauvaises : il souhaite voler le dragon Basuki.
Or, Basuki est un être surnaturel et ses pouvoirs sont fantastiques. Il est notamment capable de sonder l’esprit des gens afin de déceler leurs intentions profondes. Basuki décide alors de débarrasser le monde du voleur Manik Angkeran et le tue. Siddhi Mantra est fort triste, son fils unique est mort de n’avoir pas respecté sa parole et d’avoir tenté de se jouer du dieu-dragon Basuki. Mais Basuki est aussi clément envers les hommes de paix, alors il décide de ressusciter Manik Angkeran à une condition : que ce dernier et Siddhi Mantra ne se croisent plus jamais et vivent tous deux séparés. Une fois son fils revenu à la vie, Siddhi Mantra s’empare d’une canne magique et trace à même le sol une frontière imaginaire entre lui et son fils. Dans cette ligne l’eau s’engouffre, elle devient un ruisseau, puis une rivière, puis un torrent qui ne cesse de gonfler, de gonfler, de gonfler pour finalement devenir un bras de mer, le fameux détroit de Bali. Père et fils seront désormais séparés pour toujours, l’un à Java, le second à Bali.
Les Austronésiens, premiers peuples de l’archipel indonésien
La préhistoire de Bali remonte à environ 1,5 millions d’années, avec celui que l’on appelle « l’Homme de Java », un homminidé appartenant à l’espèce Homo erectus et dont les fossiles furent retrouvées à la fin du XIXe siècle à Trinil, au bord du fleuve Solo, dans la province de Java oriental. Mais ce qu’ignorent toujours les anthropologues aujourd’hui, c’est de savoir si cet homme est arrivé ou non jusqu’à Bali… Ce que l’on sait avec certitude en revanche, c’est qu’il y a environ 6000 ans, des peuplades originaires des régions du Nord de l’actuel archipel indonésien, et notamment de cette contrée que l’on appelle aujourd’hui la Chine migrèrent vers l’Asie du sud-est pour venir cooniser les innombrables îles de l’archipel d’Indonésie.
Ils se dispersèrent rapidement vers Taïwan, les Philippines, la Mélanésie, la Polynésie et même jusqu’à Madagascar ! Ces peuples s’appelaient les Austronésiens et ce sont eux qui sont à l’origine des langues parlées actuellement en Indonésie. Le Balinais moderne demeure encore très proche aujourd’hui de ces antiques dialectes. Ces nouveaux arrivants développent le travail du métal, de l’agriculture et de nouveaux styles artistiques majeurs dans cette région du monde. Apparus à la même époque, le fer et le bronze sont d’une importance capitale : ces métaux permettront de défricher les fôrets et de creuser les tunnels d’irrigation dont la civilisation balinaise dépendra pour se développer. Deux activités qui feront la force de Bali durant des siècles se développent alors : le commerce et l’agriculture. Des Austronésiens naquirent des civilisations complexes qui vouaient déjà un culte à leurs ancêtres. À Bali, nombre de sarcophages de cette époque ont d’ailleurs été retrouvés, comme celui que l’on peut encore voir au temple Pura Luhur à Uluwatu.
Premières routes commerciales entre Bali et l’Inde
On estime que les premiers échanges commerciaux entre le sous-continent Indien (zone de l’Asie du Sud qui regroupe Inde, Népal, Bhoutan, Pakistan, Sri Lanka, Bangladesh et les Maldives) et Bali il y a plus de 2000 ans. Néanmoins, les premières traces écrites de ces échanges n’apparaissent qu’au travers d’images et de textes écrits dans un vieux dialecte bouddhiste, les stups, datés du VIIIe au IXe siècle de notre ère. L’hindouisme à Bali est loin d’être un phénomène isolé en Indonésie. pourtant, nous savons peu de choses sur la manière et les raisons qui ont poussées les populations balinaises à embrasser la culture Indienne… Sinon que l’intérêt pour l’Inde fut sans doute avant tout politique. Très tôt, les rois et les reines de Bali ont semble-t-ils été désireux de bénéficier de nouveaux systèmes sociaux et politiques : des écoles de pensées religieuses, des codes de lois, de nouveaux systèmes d’architecture ou encore la nécessité d’alphabétiser leurs sujets.
L’époque antique de Bali et le Royaume de Majapahit
Pour en apprendre davantage au sujet des origines lointaines de l’île de Bali, je vous invite à lire mon précédent article sur l’histoire et les légendes du Royaume antique de Bali.