La demeure du peintre espagnol Don Antonio Blanco à Ubud (Bali) est un savant mélange onirique d’art surréaliste et d’architecture Renaissance. La « maison imaginaire » du peintre catalan est un espace irréel et hors du temps, où se croisent peintures, rêves extraordinaires et fantasmagorie mégalomane.
Dès l’entrée, laquelle foisonne d’une végétation luxuriante, de nombreuses statues de Shiva vous accueillent près d’un portail en fer forgé enrichi de grandes lettre d’or où l’on peut lire : Antonio Blanco. Le jardin peuplé d’oiseaux exotiques est magnifique, la maison-musée spectaculaire et l’on devine la personnalité riche et complexe du peintre. C’est un lieu envoûtant, presque enchanté, qui n’est pas sans rappeler la Fondation Gala-Salvador Dalí de Figueres.
La Maison Imaginaire d’Antonio Blanco et Ni Ronji à Campuan
Blanco, probablement l’artiste le plus célèbre et le plus accompli à avoir jamais vécu à Bali, a bâti de ses mains son magnifique atelier au sommet d’une montagne surplombant la rivière Campuan. Ce flamboyant bâtiment, mélange unique d’architecture balinaise imprégnée de l’esprit de son Espagne natale, abrite une intéressante collection d’œuvres tirées de différentes périodes de sa longue carrière. L’artiste, connu à travers le monde entier pour son « charisme catalan », s’est vu affublé du sobriquet de « Fabuleux Blanco », une expression qui reflète son talent pour la créativité.
Don Antonio Blanco, un artiste extravagant
Antonio Blanco est né le 15 septembre 1911 à Manille, la capitale des Philippines. Ses deux parents étaient espagnols, un fait qui, selon Blanco, le liait géographiquement et spirituellement aux peintres Juan Miro et Salvador Dali. Blanco fit ses études à l’American Central School de Manille. Au cours de ses années de lycée, il affectionne particulièrement les cours d’arts plastiques et de littérature, mais délaisse les matières scientifiques. Polyglotte, Bianco parlait communément six langues : l’espagnol, le français, l’anglais, le tagalog (la langue nationale des Philippines), l’indonésien et un peu de balinais. Après avoir terminé ses études secondaires à Manille, Blanco étudiera à la National Academy of Art de New York sous la direction de Sidney Dickinson.
Au cours de ses premières années de formation, il se concentre sur la forme humaine, fasciné par le corps féminin plus que tout autre sujet. Pour poursuivre ses études et enflammer son esprit voyageur, il parcours le monde avant d’accoster à Bali en 1952. Subjugué par son art, le roi d’Ubud lui offrira un terrain pour installer sa maison et son atelier à Campuan, près de Ubud, au confluent de deux fleuves sacrés. Blanco épousera une femme balinaise, la célèbre danseuse Ni Ronji, et le couple vivra dans retraite de montagne, la quittant à peine pour le monde extérieur. Après un bref voyage aux États-Unis, où Blanco acquiert de nombreux nouveaux collectionneurs, l’artiste, sa compagne Ni Ronji et leurs quatre enfants, Tjempaka, Mario, Orchid et Maha Devi se retirent au cœur de leur maison imaginaire… pour n’en sortir qu’en de très, très rares occasions.
Un musée pour promouvoir l’œuvre artistique, culturelle et intellectuelle de Antonio Blanco
Entouré de jardins luxuriants, de rizières et d’un banian surplombant le temple de sa famille, Antonio Blanco créé une nouvelle réalité. Il rêve de transformer cet espace de vie en musée magique, un lieu onirique entouré de jardins luxuriants, de rizières et d’un banian gigantesque qui surplombre le temple familial. À la fin de sa vie, Blanco entame la construction de son musée dans son atelier de Campuan. Hélas, il décède de manière accidentelle en 1999, juste avant son inauguration. Ses funérailles furent marquées par une très importante crémation à Ubud.
Le rêve de Blanco étant de transformer son atelier-manoir en musée, c’est son fils, Mario, qui réalisera ce rêve en suivant le chemin tracé par son père pour devenir peintre. Le musée Antonio Blanco Renaissance est désormais ouvert au public, exposant à la fois les œuvres d’art du maestro et de son fils Mario Blanco.
Un lieu paisible et foisonnant de créativité
Outre les jardins et la petite volière de perruches, qui apprécieront de poser pour des photos, la galerie comprend un grand nombre de sculptures balinaises et une rotonde de style Renaissance bordée de peintures de l’artiste-peintre et architecte Don Antonio Blanco, dont beaucoup sont des nus et semi-nus. L’atelier de l’artiste est conservé tel qu’il l’a laissé, avec au en son centre une peinture inachevée.
Curieusement, il y avait ce jour-là relativement peu de visiteurs dans le Musée Blanco. Malgré qu’il soit un artiste internationalement connu, de son vivant Blanco n’a pas beaucoup influencé les scènes artistiques balinaises ou indonésiennes. On ne se plaindra pas de l’absence de touristes en ce lieu magique, la peinture devant être, à mon avis, observée dans le calme et la contemplation. Ainsi, la quiétude du musée est très agréable pour apprécier pleinement l’œuvre fabuleuse de l’artiste.
Bonjour
J’aimerais savoir quelles relations Blanco a t il eu avec le peintre Jeihan
En effet il a exposé et vendu dans sa galerie des oeuvres de ce dernier datées de 1963
Bonjour,
La fondation Blanco présente non seulement une vaste collection de peintures de l’artiste Blanco, mais aussi des œuvres d’artistes éminents de l’archipel indonésien, tels que Jeihan Sukmantoro, Affandi, Srihadi Soedarsono et d’autres, ainsi que d’artistes étrangers qui ont été inspirés par la beauté naturelle du paysage et de la culture de Bali. Leur relation était artistique et probablement amicale : entre artistes d’un même territoire, il est courant d’exposer des œuvres des uns et des autres, or le Musée Blanco est à mon sens un des musées les plus attractifs de l’archipel.