Carnets de Voyage(s)

Bali, île paradisiaque ou dépotoir à ciel ouvert ?

Ils sont nombreux les qualificatifs qui vantent les mérites de Bali et le particularisme de ses habitants ; de grandes plages de sable blanc, les meilleurs spots de plongée et de snorkeling de toute l’Indonésie, une culture enrichissante et un peuple accueillant, des rizières luxuriantes sans oublier le faste des temples balinais, etc.

Pourtant, loin de la première destination touristique au monde existe un autre Bali dont on ne parle pas assez, celui de l’extrême pauvreté, de la pollution et, parfois, de la violence.

Bali, un paradis sans violence ?

À Bali, vous croiserez la route de beaucoup de chats. Concernant les chiens, il n’existe pas de politique de régulation par stérilisation de la population de canidés balinais. Ceux-ci sont régulièrement éliminés par divers moyens. On estime d’ailleurs que 70 000 à 100 000 d’entre eux finissent en brochettes…

Les pratiques religieuses sont à l’origine de nombreux sacrifices d’animaux. Chaque année, 3 000 tortues sont sacrifiées ou mangées à Bali. Les combats de coqs, bien qu’illégaux, sont monnaie courante et les entraîneurs ajoutent des lames de rasoir à leurs ergots pour les rendre plus agressifs.

Il est certain que le vol est très rare à Bali, mais la vindicte populaire à l’égard des voleur est digne du supplice du pilori au Moyen-âge. Si un chapardeur est attrapé par la population, il risque fort d’être bastonné, voire lynché avant que la police n’intervienne.

La pauvreté est grande et tout le monde ne mange pas à sa faim. Tandis qu’une petite part de la classe moyenne s’enrichit grâce au tourisme, de Ubud à Sanur des femmes et leurs enfants mendient et dorment dans les rues des villes, aux carrefours routiers ou près des devantures des magasins. Environ 100 millions d’Indonésiens, sur un total de 250, n’ont pas bénéficié de la vigueur de l’économie ces dix dernières années et vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté.

Bali, île paradisiaque

Bali : derrière le voile du rêve, une triste réalité

Du Nord au Sud et d’Est en Ouest, les décharges sauvages sont monnaie courante et l’on jette quotidiennement des centaines de camions de détritus dans les rivières et dans la mer.

Les eaux qui servent à irriguer les cultures sont toutes polluées et l’eau courante est impropre à la consommation si elle n’a pas été bouillie. Dans les warungs, demandez toujours de l’air masak (eau chaude en Indonésien).

Enfin, la plus importante déchetterie de l’île n’est autre qu’une montagne de 15 hectares, surnommée Mount Rubbish, aux abords de laquelle survit une population de miséreux. Quant à Kuta, si vous tenez à votre santé ne vous baignez jamais sur la plage car ses eaux – dit-on – sont parmi les plus polluées d’Indonésie !

On est loin de l’image d’Épinal habituellement répandue…

Elles, ils aident les plus démunis

Comme partout ailleurs en temps de crise, l’humain fait montre de partage et d’entraide. Les mentalités évoluent et des initiatives naissent à Bali et dans le reste de l’Indonésie pour aider les plus pauvres de l’archipel.

La santé pour tou-te-s

Depuis 2005, la petite ville de Nyuh Kuning, à côté de la cité touristique d’Ubud, accueille la clinique Yayasan Bumi Sehat. Née à l’initiative de l’américaine Robin Lim, la clinique s’est donnée pour mission d’aider les futures mamans les plus pauvres de l’archipel Indonésien. Ici, pas d’honoraires de consultations ni de frais, les patientes donnent ce qu’elles peuvent. Les portes sont ouvertes à toutes les mères qui ne peuvent payer les frais d’accouchement exorbitants réclamés par les hôpitaux. Le gouvernement a bien mis en place un système permettant de bénéficier de la gratuité des soins, mais la complexité bureaucratique du processus est décourageant pour la partie la plus pauvre et souvent illettrée de la population.

Logements gratuits à Jimbaran

Dans certaines régions de Bali, le gouvernement provincial essaie d’améliorer les conditions de vie des populations pauvres, notamment grâce à des programmes qui permettent d’acquérir de modestes maisons gratuitement. À Jimbaran, Ayana Ressort a construit 57 logements pour les habitants les plus défavorisés dans le cadre du programme de Responsabilité Sociale des Entreprises.

Énergies renouvelables

Dans de nombreux villages balinais et sur les îles Gili, des régions jadis très pauvres bénéficient aujourd’hui de meilleurs conditions de vie grâce à l’installation de panneaux solaires.

Comme nous les Balinais souhaitent une vie meilleure pour eux et leurs enfants. Cela signifie recevoir une bonne éducation dans une école, les aider à quitter le piège d’un tourisme qui les appauvrit, bénéficier d’un service de santé publique efficace et pouvoir bâtir des infrastructures et améliorer la qualité de l’eau, les routes, les transports, etc.

Statue dans un temple Balinais

Avant de partir… Réfléchir !

Réfléchissez aux milliards de dollars qui se déversent dans Bali chaque année grâce au tourisme, et les millions d’autres perçus en taxes et frais de service. Maintenant, demandez-vous pourquoi les enfants souffrent de malnutrition en de nombreux endroits de l’île ? Pourquoi les routes, les écoles et les hôpitaux sont financés par des donateurs et non par des impôts locaux ? Pourquoi le système de traitement des ordures est si désuet qu’il en devient terriblement dangereux pour la santé ?

Si l’on en croit certains « spécialistes », la classe moyenne émerge. Mais Bali ne devrait-elle pas être, au contraire, une île de l’abondance pour tous les balinais ? Ces inégalités sont alarmantes et ne devraient pas exister dans une île aussi riche que Bali. À croire qu’aujourd’hui encore seuls les investisseurs, les expats et les citadins bénéficient réellement du tourisme…

Soyez respectueux de Bali, elle vous respectera

Si l’on souhaite protéger l’île de Bali et son peuple, ne nous contentons pas de séjourner dans des hôtels de luxe avec vue sur la mer, de dîner en compagnie du Roi de la jungle au Bali Safari park ou de faire du parachute à Gili Trawangan. Ce tourisme là est la principale source des problèmes exposés ici. Soutenir ceux qui volent et qui oppriment les balinais signifie aussi être coupable de leur disparition.

Au contraire, je pense qu’avant de découvrir Bali, il est nécessaire de s’interroger sur certaines choses : quel impact notre présence peut-elle avoir sur cette île magnifique que l’on appelle « Paradis » ? Souhaite t-on réellement qu’elle le soit toujours ou sommes-nous prêt à aller polluer d’autres îles encore sauvages ? Ce sont des sujets qui fâchent, mais ne pas s’y intéresser, c’est ne pas se soucier de l’avenir de Bali ni du précieux patrimoine Indonésien.

De Ubud aux joaillers de Celuk

Toute la magie de Bali est à Ubud

Threads of Life : conservation de la culture traditionnelle balinaise

Depuis l’axe principal de Ubud, empruntez la Jalan Kajeng. Le long de la rue, de nombreuses échoppes où vous trouverez de très beaux tissus, des sarongs et quelques souvenirs locaux. C’est au numéro 24 de cette rue que Threads of Life présente les créations admirables de ses créatrices traditionnelles.

Threads of Life est une entreprise de commerce équitable qui œuvre à la conservation de la culture traditionnelle balinaise et lutte contre la pauvreté rurale en Indonésie. Les textiles de qualité et les paniers sont fabriqués avec des matériaux locaux et des colorants naturels, avec une qualité que vous ne verrez généralement que dans les musées. Threads of Life travaille avec plus de 1000 femmes réparties sur 11 îles de l’archipel Indonésien, il aide les tisserandes à créer des coopératives indépendantes, pour transmettre les savoir-faire de leurs ancêtres, gérer leurs ressources de manière durable, et exprimer leur identité culturelle tout en développant leur activité.

Acheter des cadeaux éthiques à la Kupu-Kupu Foundation

A dix minutes du centre-ville, la fondation Kupu-Kupu (papillon en Indonésien) aide les femmes et les hommes handicapés à vivre de leur métier. Tisserandes, peintres traditionnels, créateurs de cerfs-volants, graveurs sur bois, etc.

Les rizières près de Kupu-kupu FoundationKadek, Made ou Wayan avaient tous des handicaps qui les empêchaient de trouver leur place dans la société Indonésienne. Pour quelle raison ? Parce que le gouvernement Indonésien rejette les malades mentaux, les enfants trisomiques et les handicapés, considérant bien souvent leurs maladies comme des tares qui n’apportent rien au pays.

Une insupportable situation que Begonia Lopez, espagnole et philanthrope, a décidé de transformer en créant la Kupu-Kupu Foundation à Ubud. Après avoir passé la boutique Threads of Life (voir ci-dessus), continuez la Jalan Kajeng d’une centaine de mètre pour découvrir la boutique Kupu-Kupu. En achetant chez Kupu-Kupu, vous saurez que vous venez d’aider quelqu’un qui en a vraiment besoin.

Où dormir dans les rizières ?

Si vous souhaitez dormir dans les rizières de Ubud, loin de la ville et des concerts de klaxon, Kupu-Kupu Foundation dispose de trois petits bungalows installés dans des maisons traditionnelles en bambous.

Depuis la Jalan Kajeng, continuez tout droit puis montez la côte pour atteindre les rice fields (sawah), les terrasses des rizières. Un spectacle incroyable s’offre alors à vos yeux. Prenez à droite et au prochain croisement, empruntez le tout petit sentier à gauche pour rejoindre les bungalows de la kupu-Kupu Foundation. Vous y serez accueilli chaleureusement par Wayan et son ami et peut-être aurez-vous la chance d’y croiser Bégonia.

Les chambres sont rudimentaires mais très propres, la douche est simple, eau froide et petit déjeuner de pancakes avec thé et Kopi Bali (café Luwak balinais). Le soir, dès la tombée de la nuit, ne manquez pas le surprenant spectacle du ballet des lucioles au milieu des rizières bordées de cocotiers, un moment magique et grandiose que vous ne verrez nulle part ailleurs.

Barong et la danse Kris

Le petit village des tailleurs de pierre de Batubulan, dans la province de Gianyar, n’est pas seulement célèbre pour ses sculptures, mais également pour sa troupe théâtrale de villageois connue de toute l’Indonésie.

Tôt le matin, ces derniers quittent les champs ou leurs ateliers pour enfiler un costumes de Barong, de Rangda ou de Dalem, ils chaussent leurs masques de bois aux effigies des dieux du Râmâyana, se maquillent et montent sur scène pour un grandiose spectacle de Barong, de Tari kecak ou de Danse Kris (les célèbres poignards aux lames asymétriques).

Le théâtre Chandra Budaya n’étant pas toujours bien indiqué, demandez votre chemin et laissez-vous guider par un villageois. N’en soyez nullement surpris, il n’est pas rare que les balinais vous invitent à les suivre, sans jamais rien demander en retour si ce n’est un sourire et quelques mots échangés.

Plus d’infos sur l’Instagram de Chandra Budaya

Spectacle de danse Legong…

Legong Dance à Ubud
Danseuse Legong au Balai banjar Ubud kelod, avec la Pusa Kirana Art Foundation.

Vous ne pouvez quitter Bali sans avoir vu un spectacle de danse Legong, de trance Kecak ou de Wayang Kulit, le théâtre de marionnettes balinais. Dans le centre d’Ubud, rendez-vous au point d’Information et demandez la liste des spectacles. Chaque soir à Ubud, de nombreux spectacles sont proposés aux visiteurs désireux de découvrir le Bali authentique au travers de la magie des danseuses de Legong et des joueurs de gamelan. Soirées fortement touristiques mais vous pourrez découvrir des représentations de grande qualité, dans des cadres enchanteurs et des temples ornés de sculptures du Ramayana, parfumés de fleurs de frangipanier et d’encens.

… ou de Wayang Kulit

Wayang Kulit à UbudLe théâtre de marionnettes se situe dans la Rue de Monkey Forest (la forêts des Singes), face au terrain de football, dans la cour intérieure du Ubud City Hotel.

Les représentations ont lieu le mardi et le samedi à partir de 20h00, l’entrée est de 100 000 roupies. À la fin du spectacle, allez voir le marionnettiste qui aura plaisir à vous parler de son art et de ses marionnettes. Celles-ci sont confectionnées à la main par un artiste de Sukawati (le plus important marché d’Art de Bali). Vous en trouverez beaucoup de reproductions dans les échoppes et sur les marchés traditionnels de l’île. Mais si vous passez par Sukawati, demandez « Pembuat Wayang kulit » (puppet maker) pour trouver d’authentiques fabricants de marionnettes (merci mon neveu).

À lire : Jalan, jalan, terasa… le dalang et la wayang kulit

Au détour d’un chemin et si vous avez loué un scooter (voir à Sanur), arrêtez-vous lorsque vous entendez les gamelans ou dans les fêtes de villages. Vous y serez toujours bien accueillis et il n’est pas rare d’y voir de vraies danseuses de Legong locales ou du Tari kecak comme vous n’en trouverez nulle part ailleurs.

Les joailleries de Celuk

Joaillerie de Celuk, Bali
Joaillière travaillant une bague, chez « Mar’s » à Celuk.

Si vous cherchez une belle bague en argent, une paire de boucle d’oreilles finement ciselée ou un bracelet en or ornée de pierres précieuses, continuez votre route jusqu’à Celuk. C’est là que vous trouverez les plus beaux bijoux de Bali, fabriqués sur place dans les ateliers de la ville.

Le village est situé dans le district de Sukawati. Presque toutes les familles et les villageois balinais ont conservé l’âme artistique et créative. Avec l’avènement du tourisme, la variété des produits liés à l’or et à l’argent s’est fortement diversifiée.

Les pierres proviennent essentiellement de l’île de Bornéo, dans l’archipel Indonésien. Les artistes travaillent le métal artisanalement et à la main, et vous pourrez les voir à l’œuvre tout en parcourant du regard les étals de bijoux qui jalonnent les boutiques.

Ce village artisanal avec une longue histoire de joaillerie a su conserver son savoir-faire traditionnel, tout en s’adaptant aux demandes du marché. On y trouve aujourd’hui des produits modernes tels que les médailles et les symboles de la culture Indonésienne. N’hésitez pas à demander des créations originales, vous pouvez même venir avec votre propre métal pour la confection d’un bijou personnalisé qui vous sera fait dans les règles de l’Art des joailliers balinais.

À Bali, les portes s’ouvrent si vous les poussez

Portes ouverts à UbudCroyez-moi sur parole, quelque soit l’endroit où vous vous trouverez, vous serez surpris de la gentillesse et de l’accueil du peuple balinais.

Ne craignez jamais les gens qui vous invitent, oubliez vos superstitions et votre culture occidentale, n’ayez pas peur de l’inconnu et votre séjour sur l’île des Dieux n’en sera que plus mémorable.

Le balinais, le touriste et l’environnement

L’impact du tourisme à Bali

Une lavandière balinaise à SidemenLe tourisme permet-il de générer un essor économique durable et équitablement réparti ou, au contraire, renforce t-il les inégalités existantes ? Favorise t-il les politiques de préservation des sites culturels et naturels ? Quelle est sa relation avec la culture et la philosophie Balinaise et quelles actions sont mises en place pour préserver l’environnement ?

Chaque année, ce sont plus de trois millions de personnes qui partent à Bali à la recherche de l’Éden, sans aucun accompagnement écologique ou sanitaire. L’île des Dieux deviendra t-elle un jour une poubelle à ciel ouvert avec des centaines de tonnes de déchets et eaux usées non traitées chaque jour ? Eaux dans lesquelles se baignent le soir balinaises et balinais…

Les professionnels du tourisme de masse ont pour but d’envoyer un maximum de touristes à Bali, mais peu considèrent que la gestion de l’île par les pouvoirs publics les regardent réellement. Crise en eau potable, déchets non recyclés et rejetés dans la nature, voici quelques uns des bouleversements qui mettent en péril l’avenir des balinais et de leur île. À clientèle haut de gamme, confort haut de gamme : certaines chambres d’hôtel consomment jusqu’à 300 litres d’eau par jour !

Des 13 000 tonnes de déchets quotidiens collectés à Bali, 5000 tonnes sont rejetées à la mer et dans les rivières, provoquant de terribles dégâts sur la faune, sur la flore locale et sur le massif corallien. On ne parle pas de la santé des habitants locaux. Quand la terre et la mer seront totalement souillées, plus aucun touriste ne viendra alors à Bali. Que deviendront alors les balinais ?

Le respect de la Nature fait partie de la culture Balinaise

Pour préserver l’île magnifique de Bali, des initiatives privées et des solutions apparaissent cependant.

Alternatives pour gérer les flux de personnes et d’ordures, pour assurer un service de tri et de ramassage que le gouvernement Indonésien, dépassé par les évènements, refuse de prendre en charge. Pourtant en 2012, ce dernier avait lancé la campagne Go Green Bali afin de sensibiliser les provinces et les politiques dans tout Bali.

Peduli Alam : prendre soin de la Nature

logo_peduli_alam_indonesia_organicLe problème du traitement des ordures est un problème global et mondial. Cela demande du temps. Mais le respect de la nature et des animaux qui y vivent est profondément ancrée dans la culture et les rites balinais. La route sera longue mais les comportements et les habitudes changent déjà !

Ainsi, en 2008 est née l’association de protection de l’environnement Peduli Alam, spécialisée dans la collecte des déchets ménagers et la prévention des dangers causés par le rejet des ordures dans la nature. Aujourd’hui, Peduli Alam collecte et recycle cinq tonnes de déchets chaque mois un peu partout à Bali.

www.PeduliAlam.org

Reef Check protège le massif corallien

logo-reef-checkLa Fondation Reef Check a débuté en 1996. Elle est aujourd’hui constitué de centaines de membres qui œuvrent chaque jour pour la survie des massifs coralliens à travers le monde et notamment en Indonésie.

Reef Check forme également de nombreux plongeurs locaux et occidentaux à Bali. Lors de votre prochaine plongée à Turtle Point aux îles Gili ou sur l’épave du Liberty, n’oubliez de demander à votre instructeur s’il est membre de Reef Check. Il vous expliquera certainement quelles sont ses actions en faveur de la sauvegarde de la faune et de la flore marine. À Bali, les plongeurs font très attention au respect des coraux, à la sensibilisation des publics et à l’impact destructeur que peuvent causer certains plongeurs peu scrupuleux sur le massif corallien. Enfin, si vous vous émerveillez devant les poissons clowns, les tortues de mer ou un fishfrog rougeoyant, évitez de prendre un abonnement dans un club de pêche sous-marine. Prenez un masque et un tuba, observez et laissez ces animaux multicolores vivre leur vie dans le plus bel aquarium à ciel ouvert du monde !

www.ReefCheck.org

Sanur : plage, massages et un authentique gado-gado

La Ville de Sanur a un peu perdu de son authenticité d’antan, c’est surtout un gros bourg très fréquenté par les touristes occidentaux et vous ne ferez pas dix mètres dans la rue sans entendre ce sempiternel refrain : « taksi, taksi ? » Le chemin qui longe la côte est quant à lui tout aussi fréquenté que le centre-ville, mais vous pouvez vous y restaurer le temps d’une halte, tant le nombre d’échoppes et de restaurants y est important.

Cependant, la plage de Sanur demeure l’un des endroits les plus populaires de Bali pour voir le lever du soleil. Située à l’est de l’isthme de Bali, Sanur est à l’opposé de sa voisine occidentale, Kuta. Elle offre une ambiance de vacances détendue et facile à vivre, avec beaucoup de charme local. Les hébergements de Sanur sont répartis le long du front de mer et de la rue principale qui longe la plage. L’ancien village de pêcheurs a conservé la plupart de son charme et continue d’attirer des visiteurs réguliers, principalement européens.

Les premiers hôtels et les premières retraites en bord de mer de Bali, ainsi qu’un mélange éclectique de restaurants, de boutiques et de bars et un assortiment de lieux de divertissement innovants et modernes se partagent le littoral de Sanur à Bali. Connue pour son atmosphère décontractée, la plage de Sanur conserve sa richesse artistique et culturelle, ce qui en fait une destination idéale pour profiter du meilleur des deux époques, classique et contemporaine.

La plage de Sanur à Bali

Toutefois, gardez à l’esprit que la barrière de corail a été détruite afin de construire les complexes hôteliers modernes qui bordent la plage. En fin de journée, les enfants descendent sur la plage avec leurs cerf-volants confectionnés en bambous, tissus et sac plastiques. Ils organisent des duels célestes et c’est à celui qui parviendra à faire tomber ses adversaires dans le sable chaud de la plage. Le spectacle nocturne de la promenade et des bars illuminés mérite bien sûr le détour, mais on y croise surtout des touristes, barbotant dans des piscines luxueuses ou sirotant une bière Indonésienne. Je vous présenterai donc succinctement ce que j’ai retenu de ce lieu.

Où dormir à Sanur ?

Hôtel Prima Cottage (Sanur, Bali)

Jalan Bumi Ayu, arrêtez-vous au Prima Cottage. L’accueil y est très chaleureux et les chambres à des prix corrects (jusqu’à 22 € si vous choisissez l’eau chaude et l’air conditionné). Sanur étant touristique, les prix s’adaptent en fonction de la clientèle. Piscine commune devant le restaurant, jardins de cocotiers et d’arbres luxuriants. Petit déjeuner le matin compris dans le prix. Le cadre superbe du lieu et un petit bain dans la piscine vous feront oublier tous vos tracas. Profitez-en, c’est un endroit calme et reposant.

Pensez tout de même à réserver car le Prima Cottage ne comporte que huit chambres spacieuses, de 2 à 4 lits. C’est un point de chute idéal lorsque vous sortez de l’aéroport ou avant de repartir pour l’Europe, à 25 minutes de Denpasar en taxi (tarif habituel pour le trajet : 150 000 roupies).

Où manger un délicieux Gado-gado ?

Le gado-gado, un plat rapide typiquement balinais

Pour les gourmands qui cherchent un véritable gado-gado, plat typique épicé balinais composé d’une salade de légumes croquants de saison et d’une sauce aux arachides, ne manquez pas de faire une pause dans le tout petit warung* à l’angle de la Jalan Bumi Ayu, à droite en sortant du Prima Cottage (en face du Holy Ink Tattoo). Vous n’y trouverez que des indonésiens, une toute petite échoppe avec deux chaises et un banc de bois, un accueil des plus chaleureux et votre repas sera préparé sous vos yeux. La cuisinière est adorable et a toujours le sourire. Un des meilleurs gado-gado que j’ai pu manger à Bali !

*Warung, waroeng : un mot que vous entendrez partout en Indonésie. Petits restaurants où l’on vous sert la cuisine locale, dans une ambiance très familiale 😉 Selamat makan ! (Bon appétit).

Où profiter d’un massage de qualité ?

À peu près partout ! Bali, c’est aussi les massages de ces belles/beaux indonésien.ne.s aux mains expertes lorsqu’il s’agit de détendre vos muscles et vos articulations endoloris, que ce soit par le stress de la vie occidentale ou par une virée en scooter au milieu de la circulation frénétique balinaise ! Jalan Danau Toba, à quelques pas du marché (Pasar Sindu), vous trouverez au numéro 6 un petit salon qui ne paie pas de mine : le SPA XPression. Deux masseuses professionnelles vous accueillent pour des moments de pure relaxation : massage balinais small, medium ou strong, acupression, massage des pieds, des mains, du visage, massages ayurvédiques, massages du cuir chevelu et un large choix de soins de beauté pour hommes et pour femmes. Les prix sont très corrects et l’accueil chaleureux. Pour chaque moment passé ici, n’oubliez pas que le respect mutuel est de mise, soyez courtois, souriant et vous passerez un moment de détente exceptionnel.

Technique du massage Balinais

Comment louer un véhicule ?

À Bali, rien ne remplace le scooter !

C’est le meilleur moyen de locomotion et le moins onéreux. Découvrir Bali et pouvoir vous arrêter quand et où vous le voulez. Les prix varient suivants les loueurs mais en marchandant un peu, vous trouverez des locations entre 600 000 et 650 000 roupies pour un mois, ce qui est très correct.

Je parle Indonésien tee shirt TizikaDepuis le salon de massage XPressions, revenez sur vos pas en direction du marché (Pasar Sindu) et arrêtez-vous chez le marchand Nengah Ada, juste en face du temple. Optez pour un Yamaha, les Honda étant réservés à un portefeuille plus garni. Ne manquez pas de vérifier les pneus, les freins, le klaxon et si les papiers du véhicule sont bien à l’intérieur du coffre sous le siège. Le vendeur est très sympa et souriant et ses bécanes en bon état de marche vous permettront de parcourir l’île en toute sérénité. Ne lui réclamez pas d’assurance, cela coûte bien trop cher en Indonésie.

Un peu d’humour : « Taxi, taxi » T-shirt Bali par Tizika.

Précautions d’usage pour la conduite

Bali routes et chemins peu pratiquables en scooter automatiqueIci on roule à gauche et le klaxon ne sert qu’à annoncer aux autres usagers que nous sommes là. N’hésitez pas à en abusez mais restez toujours courtois, vous ne verrez jamais un balinais s’énerver au volant. Lorsque vous vous garez quelque part, ne craignez pas de laisser votre casque sur votre machine, les vols n’existent pas à Bali. La dernière semaine, je laissai même mon sac attaché d’un simple tendeur sur le scooter ! Dans les sites touristiques et sur les marchés, le parking coûte généralement 2000 roupies, soit quelques centimes d’euros et il y a toujours des gardiens qui surveillent les parcs. Soyez confiant, ne roulez pas trop vite, surveillez la route, évitez de suivre les balinais lorsqu’ils empruntent les sens interdits et tout se passera bien.

Petit désagrément (possible) sur la route

En cas de contrôle routier, ce qui est plutôt rare, un policier pourra vous demander un petit bakchich. Et oui ! La corruption est grande en Indonésie, n’en soyez pas surpris. Quelque soit votre tort, vous n’aurez jamais gain de cause. Restez donc poli et marchandez, cela fait partie du jeu. Restez vigilant et oubliez les gros axes routiers et les centre-ville bondés, cela vous évitera quelques déconvenues. Un feu stop franchi ou un sens interdit peut vous coûter 100 000 roupies (7 ou 8 euros). C’est peu, mais n’oubliez pas que c’est un dessous de table 😉

Où trouver un guide francophone ?

C’est à prévoir dans le budget, mais je peux comprendre que l’on préfère découvrir Bali en voiture et accompagné d’un guide, en profitant de son histoire et des subtilités de la culture balinaise.

Si vous souhaitez découvrir le « vrai Bali » dans son ensemble, l’authentique, celui qu’on s’imagine et dont on a longtemps rêvé, je ne peux que vous recommander de faire appel à Kadek, Gede, Made Wawan, Vincent ou à Esti, les 5 guides 100% locaux de Balimustbecrazy, souriant en toute situation et parlant parfaitement le français.

Balimustbecrazy

Site web : www.balimustbecrazy.com
E-mail : balimustbecrazy@gmail.com
Tél. +62 822 2018 6060

Le marché de Sanur

Marché du matin de Ubud à Bali
De belles couleurs sur les marchés de Bali !

C’est le matin qu’il faut se rendre sur le marché, dès 6 heures. Au premier chant du coq, levez-vous et enfilez votre sarong puis rendez-vous au Pasar Sindu.

Le marché ouvre ses portes au petit matin et je vous assure que vous ne serez pas déçu ! Il n’y a pour ainsi dire que des balinais, à part vous bien entendu. Légumes variés et colorés, fruits frais de toutes sortes, des ananas, Buah Naga (dragon fruit), des Salak (snake fruit), sirsak, des fruits du Tamarinier, des pisang (bananes), des minggu (mangues), etc. N’hésitez pas à marchander si vous trouvez le prix trop cher, les commerçants adorent cela. Certains même vous le demanderont : « You Berapa ? How much you pay ? » Amusez-vous, les balinais apprécieront d’autant plus les échanges si vous utilisez quelques mots d’Indonésien !

Saya berbicara bahasa Indonesia*

* : Je parle Indonésien… Sedikit sedikit (un petit peu)

Bonjour : Selamat pagi (uniquement de bon matin)
Comment allez-vous ? : Apap kabar ?
Je vais bien : Baik baik !
Combien ça coute ? : Berapa ?
Qu’est-ce que c’est ? : Apa itu ?

Les chiffres en Indonésien :

Un : satu
Deux : dua
Trois : tiga
Quatre : empat
Cinq : lima
Six : enam
Sept : tujuh
Huit : delapan
Neuf : sembilan
Dix : sepuluh
Onze : sebelas
Douze : duabelas
Treize : tigabelas
Quatorze : empatbelas
Quinze : limabelas
Seize : enambelas
Dix-sept : tujuhbelas
Dix-huit : delapan belas
Dix-neuf : sembilanbelas
Vingt : duapuluh
Cent : seratus
Mille : seribu
Million : juta

(Si vous vous sentez perdus, n’oubliez pas que les nombres sont écrits en toutes lettres sur les billets de banques Indonésien). Sinon, il y a aussi cet article qui apprendra les bases pour communiquer à Bali.

Oubliez le marché nocturne, sinon pour goûter un sate ayam (brochettes de poulet) ou un nasi campur (riz mélangé) en compagnie de quelques balinais. Ce lieu, jadis réputé et essentiellement fréquenté par des locaux s’est hélas rempli de touristes et d’occidentaux en quelques années. Aujourd’hui, on y trouve surtout des européens et le rapport entre balinais et touristes s’est fortement altéré. Quelques soient vos achats et à moins de parler l’Indonésien, vous y paierez le prix « touristes », c’est ce qui s’appelle ici « l’effet Guide du Routard », que vous aurez l’occasion de revoir dans les sites touristiques très fréquentés…

Le rêve balinais existe dès qu’on ouvre les yeux

Pour profiter pleinement de votre séjour à Bali et goûter à la vraie vie Balinaise, préférez l’authenticité d’une rizière ou d’un temple au détour d’un chemin plutôt que les sites trop touristiques.

Ouvrez les yeux sur ce monde chaleureux qui vous accueille et, à moins de vouloir passer pour un étrange « blanc » aux mœurs bizarres, évitez de sauter partout avec une GoPro à la main. Abandonnez-vous sous les cocotiers du Good Karma d’Amed, plutôt que sur les plages superficielles de Kuta ou Legian. Venez déguster le meilleur Black Rice pudding bio de Bali, préparé par Kadek Harmini au Kisa Warung Cafe de Yeh Pulu, perdu au milieu des rizières, cascades et lotus sauvages ou baignez-vous dans les bassins royaux du Water Palace de Tirtagangga.

Yeh Pulu à Ubud - Bali

À chaque instant, n’hésitez pas à vous perdre volontairement, c’est là que vous ferez les plus belles rencontres et que vous goûterez à l’essence même de la vraie Bali, l’authentique, à mille lieues des recommandations — souvent erronées d’ailleurs — de nos guides touristiques…

Bon voyage !

Pura Kebo Edan à Pejeng, site archéologique du Royaume hindou d’Indonésie

Situé dans le village de Pejeng, proche de Bedulu dans la régence de Gianyar, on trouve Pura Kebo Edan, un temple antique intéressant sous de nombreux aspects. Son histoire est inhabituelle et Bali n’a pas encore tout dévoilé de ses mystères à son sujet. En tant que village considéré comme le centre d’un ancien royaume, Pejeng possède de nombreux grands temples historiques.

Dans un site incomparable de rizières scintillantes s’élève Pura Kebo Edan, un temple à l’histoire lointaine (XIIe ou XIIIe siècle). Afin de collecter quelques nouvelles informations pour mon roman visuel, Balimimpi, je roule en direction de Gianyar, région connue pour avoir abritée de nombreux anciens royaumes balinais. Hier soir, Wayan, un balinais de Ubud m’a parlé d’un temple étrange que les habitants appellent Pura Kebo Edan. Étant tellement curieux à son sujet, je me suis mis en route dès mon réveil, ne prenant même pas le temps de m’arrêter en route pour déjeuner. Le soleil est déjà haut dans le ciel lorsque j’arrive au poste de garde à l’entrée du temple. Il n’y a personne. Je suis semble-t-il l’unique humain à Kebo Edan ce matin…

Pura Kebo Edan à Pejeng - Bali

Wayan m’avait prévenu que le site n’est pas très populaire, encore au moins auprès des touristes. Je finis par rencontrer une jeune balinaise d’une vingtaine d’années qui me demande si je veux pénétrer à l’intérieur du temple. Je lui réponds que oui et elle ouvre son livre de registre en me tendant un stylo pour parapher. La page est vierge, à croire qu’aucun occidental n’est venu ici depuis bien longtemps. Je lui remets quelques roupies pour l’entretien du temple et elle me tend une ceinture en tissu que je noue autour de mon sarong balinais, c’est la tradition pour honorer ce lieu de culte. Puis, avec un large sourire elle m’invite à entrer. Elle parle très bien le français, ce qui est une chance inouïe car ce qu’elle va m’expliquer au sujet de Pura Kebo Edan mérite d’être raconté.

Pura Kebo Edan - Pejeng Gianyar

Un temple lié à la naissance de l’hindouisme en Indonésie

En passant en revue l’histoire du temple de Kebo Edan, on remarque que son existence est étroitement liée au développement du royaume hindou en Indonésie. En effet, dans ce temple se pratiquaient des cultes tantriques en l’honneur de Sakti, la déesse-mère détentrice de l’énergie vitale. La croyance locale rapporte également que ce lieu sacré est un endroit miraculeux où l’on vient demander des soins médicaux (tamba) pour guérir, en particulier auprès de la statue de Bhairawa. Mais avant de commencer, voici une petite leçon de bahasa indonésien : Pura signifie temple, kebo signifie buffle et edan signifie fou. Rassemblez le tout, nous avons « Pura Kebo Edan», qui pourrait se traduire par « le temple des Buffles Fous. »

L’étrange histoire des Buffles Fous

Ni Putu (c’est le nom de la femme qui m’accompagne) m’explique qu’il y a fort longtemps, à une époque où les démons et les dieux parcouraient le monde des humains, deux buffles mécontents se livrèrent à un combat mortel. C’est alors qu’apparut Ciwa Bhairawa, une représentation de Shiva, le dieu de la destruction. Ce dernier mit fin au combat opposant les deux belligérants en les tuant, considérés comme l’incarnation d’esprits maléfiques essayant de semer le chaos dans le village.

Un buffle d'eau à Kebo Edan

Que trouve-t-on dans le temple Kebo Edan ?

Comme dans tout autre lieu de culte hindou à Bali, le temple Kebo Edan se compose de trois zones distinctes, les Tri Mandala :

Nista mandala / Jaba Pisan

C’est la partie extérieure du temple qui est considérée comme impie et profane. Tout le monde peut y pénétrer et les gens y font généralement du commerce. Ce n’est pas le cas à Kebo Edan, les propriétaires des échoppes ayant déserté le lieu pour aller vers Gunung Kawi ou Tirta Empul, les deux sites touristiques les plus fréquentés de la région.

Madya Mandala / Jaba Tengah

C’est dans cette enceinte sacrée que les hindous se consacraient à la prière. Ma guide m’explique qu’ici se jouaient jadis des scènes de danse Barong et Kris mais que le nombre de visiteurs s’amenuisant, les spectacles se sont arrêtés.

Utama Mandala / Jeroan

C’est la zone la plus sacrée du temple. Les gens qui viennent ici ne sont là que pour adorer Sang Huang Widhi, le Brahmane (le dieu, dans la religion hindou).

À l’Ouest, en face d’un très ancien frangipanier et posée sur un pelinggih (un petit autel en forme de pagode) se dresse Bhatara Kebo Edan, ou Ratu Kebo, un buffle d’eau avec un collier de cloches. À ses côtés, une statue géante est assise, soutenant une coupe remplie de sang avec des accessoires funéraires et des crânes.

Statues anciennes de Pura Kebo Edan

Le temple Pura Kebo Edan et le Dieu aux quatre pénis

Nous continuons notre pèlerinage à l’intérieur du temple, lequel est parsemé d’un certain nombre de statues séculaires, dont l’une retient particulièrement mon attention. Ni Putu me raconte, avec une certaine ironie, qu’il s’agit là de la statue de Ciwa Bhairawa, sculptée de manière à ressembler à un humain, y compris les organes génitaux. Toutefois, cette statue-là a une particularité plutôt inhabituelle : elle est dotée de quatre pénis !

Les phallus, sculptés de façon à simuler le mouvement, se balancent de droite à gauche de l’imposante statue. On dit que ce mouvement à double sens symbolise la dualité entre Ciwa et Bhairawa, deux enseignements hindous originaires de Kediri (Java oriental) et qui sont encore pratiqués dans le temple. En plus des organes génitaux masculins, je remarque aussi des serpents enroulés autour de la jambe gauche du dieu tandis que son pied écrase la tête d’un esprit maléfique. Cette statue est vénérée pour la fertilité qu’elle procurerait à celles et ceux qui viennent prier ici.

Une autre théorie suggère que la statue serait celle de Bima, l’un des Pandawa Lima, l’un des cinq frères du conte épique hindou du Mahabharata. Ce conte hindou raconte que Bima était follement amoureux d’une femme du village, mais que cette femme se refusait à lui à cause de son phallus gigantesque. La jeune femme serait ensuite tombée amoureuse d’un autre homme. Lorsque Bima entendit parler de la rumeur, il alla trouver la femme de ses rêves mais la trouva enlacée dans les bras de l’homme qu’elle avait choisie. Bima, fou de colère, foudroya le couple, écrasant la tête de l’homme avec son pied — comme le montre la statue.

Statue du dieu aux quatre pénis

Ciwa Bhairawa, Bima ou Kebo ?

La statue est-elle une représentation de Ciwa Bhairawa ou de Bima ? À moins qu’elle ne représente le roi-géant Kebo ? La question fait encore débat aujourd’hui. On trouve dans ce lieu de culte un certain nombre d’autres reliques anciennes datées du XIIIe siècle, mais la plupart d’entre elles ont subies les affres du temps. Parmi elles se trouve une ancienne représentation de Ganesh, l’hybride homme-éléphant, dieu de la connaissance et de la sagesse. Ni Putu m’explique que celui qui caresse la statue de Ganesh sur le front sera béni par le dieu pachyderme. Dans un instant presque irréel, elle prend ma main avec délicatesse et nos deux mains se joignent sur le front de la statue. Un petit frisson me parcoure l’échine. Est-ce le contact de la pierre froide ou bien la chaleur de sa paume qui me procure cet effet-là ? À moins que son souhait ne se soit réellement exaucé ? Qui pourrait le dire avec certitude dans cet endroit hors de l’espace et du temps…

Histoire des enseignements de l’école Shiva-Tantrayana

Grâce aux recherches archéologiques de Jero Mangku Ngakan Putu Duaja, un ancien prêtre du temple et chef du village de Pejeng, on sait qu’il existe plusieurs courants religieux issus de Bhairawa. Le premier porte le nom de Bhairawa Kala Chakra, qui est une rencontre entre le bouddhisme et les enseignements du Tantrayana. Un autre est le Bhairawa Heruka, un enseignement qui a émergé de la tradition des croyances indonésiennes mélangées aux enseignements du Kala Chakra et que l’on retrouve également dans l’Ouest de Sumatra. La troisième école est celle de Bhairawa Bima Sakti, qui est un mélange de religion Bhairava et Hindou-Shiva. Les adeptes de ce culte sont pour la plupart à Bali. L’un d’eux fut le roi Kebo Parud. Or les statues, comme nous le savons maintenant, se trouvent dans le temple de Kebo Edan.

L’enseignement millénaire de Bhairawa Bima Sakti

Les enseignements Tantrayana qui sont encore pratiqués au temple Kebo Edan sont ceux de « Bhairawa Bima Sakti », littéralement le Bhairawa de la Voie Lactée, comme le prouve la présence d’une effrayante statue de Shiva Bhairawa. Cette pièce maîtresse en grès d’environ trois mètres de haut a été sculptée dans la posture dite « de kroda » (en colère), mains sur les hanches et tête baissée, les jambes arquées, à cheval sur un cadavre humain… Je découvre aussi avec stupeur de nombreuses autres sculptures monumentales, comme la statue du géant Ratu Penatih qui a les yeux grands ouverts, une autre à l’effigie de Ratu Pulu, de Ganesh, de Ratu Glebeg, de Ratu Bayu et deux autres de Ratu Bawi et du géant Ratu Kebo, celui qui aurait creusé avec ses ongles les Candis, ces cavités gigantesques qui abritent des statues à Gunung Kawi ! À l’extérieur du temple de Pura Kebo Edan, le visiteur remarquera une statue à l’écart, celle de l’éléphant, abritée sous un arbre.

Ganesh - Pura Kebo Edan

Plus tard, j’accompagnerai Ni Putu à l’écart du temple, vers une petite zone ombragée sous les banians. Elle a très envie de me montrer un autre secret merveilleux de Bali mais… Chut ! C’est un secret. Ce voyage à Pura Kebo Edan fut comme une autre révélation sur la nature spirituelle qui nourrit chaque chose et chaque être à Bali, sur ces rencontres fortuites et riches d’enseignement que l’on peut faire aux détours des chemins de l’île des Dieux, dès lors que l’on ouvre les yeux, son esprit et aussi… son cœur.

Comment se rendre au temple Pura Kebo Edan ?

Le temple Pura Kebo Edan est situé à la frontière des villages de Pejeng et Bedulu, à Tampaksiring, non loin des sources miraculeuses de Tirta Empul. Si vous venez de Goa Gajah, le temple est situé sur le côté gauche de la route avant Gunung Kawi.

Photo de couverture : départ d’Ubud au petit matin, le soleil se lève sur les rizières.

Apprendre à voyager de façon éthique et responsable dans l’archipel Indonésien et à Bali

De retour après quatre semaines d’itinérance en Indonésie, j’ai souhaité partager de nouveau mon périple avec vous, vous présenter la culture balinaise et Indonésienne en générale au travers de bonnes adresses et de sites culturels d’exception. Je vous propose donc un long voyage pour découvrir et comprendre l’Art et la culture balinaise, pour apprendre à voyager de façon éthique et responsable dans ce magnifique continent si différent du notre.

Ce second carnet de voyage Balimimpi vous entraînera dans les rizières d’Ubud à la rencontre de peuples qui luttent pour faire perdurer leur culture traditionnelle, dans le village des tailleurs de pierres de Batubulan et près des joaillers de Celuk, en passant par le marché d’art de Sukawati, les temples sacrés de Tampaksiring, Goah gaja et Goah lawah, gravissant les pentes du Mont Batur jusque sur les plages idylliques des îles Gili, à la sauvegarde des tortues de mer et des coraux, sans oublier Amed, Gianyar ou les tisserandes de Sidemen.

Respecter Bali et les Balinais(es)

Bali est une île paradisiaque, mais hélas qui dit paradis sur terre dit aussi un tourisme exacerbé qui ne cesse de croître. Son peuple chaleureux et accueillant n’en demeure pas moins très appauvri par les chaînes hôtelières européennes et les multinationales occidentales (Novotel, Pan pacific, Coca Cola…) et notre plastique pétrolifère n’est pas près de finir son rôle destructeur en polluant rivières et sites naturels.

À la manière de nombreuses ONG et fondations humanitaires qui œuvrent chaque jour pour protéger Bali, il est de votre devoir de voyager en respectant ce lieu magique. Car au delà du caractère onirique de Bali, l’île subit chaque jour un peu plus le courroux du tourisme de masse et risque de devenir, à plus ou moins long terme, comme ces stations balnéaires pour occidentaux aisés, bétonnée à outrance, toutes contestations locales violemment réprimées au profit de la construction de grands hôtels aux piscines privatives.

Même si les touristes auront toujours la possibilité de voyager ailleurs, et d’aller polluer Flores, Java, Komodo ou une des 17 000 autres îles que compte l’archipel Indonésien, qu’en sera t-il des balinais dont la culture et les traditions étouffent déjà sous les gaz d’échappements des cars de blancs en goguette ? Les condamnerez-vous à demeurer sur leur île devenue le paradis des surfeurs, des touristes et de leurs GoPro, polluée, souillée, arbres et forêts brûlés au profit de palmeraies huileuses et plus rentables ? C’est là une des cruelles questions qui restent en suspens et que les tours operator et les agences de voyages se gardent bien de mentionner auprès de leurs clients. C’est pourtant aujourd’hui que l’avenir de Bali se joue.

« Les hôtels tuent les balinais », disait Wayan à la Kupu-Kupu Foundation d’Ubud. Le revers de la médaille est dur à supporter pour ceux qui pensent que le tourisme va les enrichir. À terme, l’île s’appauvrit et même si la classe moyenne semble croître davantage, cela ne durera qu’un temps. Demeurez respectueux de ce lieu, aidez les populations locales, voyagez de façon équitable et durable. Ce n’est pas parce que nous roulons au gasoil qu’on ne peut respecter l’environnement et les contrés que nous traversons. Le vélo et la marche sont aussi possible de Bali aux îles Gili !

Un autre regard sur l’île des Dieux

Comme à mon habitude, je suis parti avec mon appareil photo et mon carnet de croquis, crayons, pinceaux, aquarelles et un petit guide Français-Balinais pour apprendre les rudiments de la langue Indonésienne. Les articles vont s’enrichir de quelques dessins croqués sur place et de belles photographies pour vous faire découvrir les somptueux paysages de quelques îles et les peuples qui y vivent. J’ajouterai également les phrases habituelles et quelques données de langage afin de vous aider dans vos échanges. L’indonésien est une langue très simple et les balinais apprécieront lorsque vous parlerez dans leur langue, car c’est aussi là que commence le respect de l’étranger qui vous accueille chez lui 😉

Les balinais sont un peuple des plus accueillants, si plein d’amour à partager qu’un simple échange de quelques mots accompagné d’un sourire vous sera rendu au centuple. Vous découvrirez alors l’Indonésie d’une façon qu’aucun guide touristique ne saura jamais vous la montrer.

Consulter l’Atlas de Bali et des îles Gili

Je vous souhaite de belles lectures et un très beau voyage !
Kler.

Villes et villages des contrés lointaines d’Indonésie

Voici par ordre chronologique, les noms des villages et des villes que nous avons traversés lors de notre périple d’un mois en Indonésie. Certains noms renvoient à des articles de ce blog. La lecture de ces derniers vous sera beaucoup plus enrichissante que la présente liste 😉 Elle vous dévoilera quelques-uns des mystères qui font que cette île attire inexorablement quiconque à la chance de la voir.

Arrivée à Bali – Denpasar le 13 septembre 2015. Soleil de plomb, moins d’humidité que dans mes souvenirs. Le thermomètre culmine à 29°C. Direction Sanur, puis Batubulan (le village des tailleurs de pierres), Celuk (les joaillers), Ubud (le carrefour culturel et artistique de Bali), Bedulu, Peliatan, Tampaksiring, Tirta Empul (les sources sacrées), Gunung kawi, le temple gravé par le géant Kébo, Seribatu, Penelokan, Kedisan, Songan, Penelokan, Batur (le lac et le volcan, les cérémonies en l’honneur des femmes sur les bords du lac), Kintamani (le fameux café de Kintamani), Penulisan, Bantang, Madenan et La Route des Girofliers. Enfin, une halte au Warung bu Suryani d’Aneka Cemilan.

Tedjakula, Tulamben, Culik, Amed, Jemeluk (snorkeling sur une épave Japonaise dans la barrière de corail), Selang, Tukad-item. Ici, dans ce petit village pauvre de la région, la rencontre avec Kade, Wayan, Arie Saputra et tou-te-s les autres, lors d’un mariage à Seraya Timura. Puis nous repartons vers Ujung, Seraya, Kusambi, Amed, Culik, Abang, Ababi, les Water Palaces, Amlapura, Bebandem, Ulakan, le temple-mère de Besakih, un passage à Candidasa et le Palais d’eau de Tirta Gangga, puis Padang Bai.

De Padang Bai, nous quittons Bali pour rejoindre les îles Gili (Gili Trawangan, Gili Air et Gili Meno). Plongée avec l’équipe francophone d’IQ Divers à Gili Trawangan, nombreuses rencontres, les chantiers navals de Gili Air, un mariage musulman, on prend le temps de vivre. Nous revenons par navette à Padang Bai cinq jours plus tard. Rencontre avec Damien, un australien francophone amoureux de Nantes et des films de Jacques Demy !

Le périple continue par Pura Goa Lawah, Semarapura, Tihingan, Kamasan (le village des peintres traditionnels royaux balinais), Klungung (les fabriques de Gong), Sidemen, Gianyar, Penarungan, Tabanan, Pura Tanah Lot, Pejaten (la ville des potiers et des fabricants de tuiles), Seseh, Legian et Kuta que nous longeons le plus rapidement possible pour joindre la magnifique plage de Jimbara, Uluwatu et Pura Lahur Uluwatu, Bongol, Kutuh, Nusa Dua, Benoa, Sanur, Saba (une escale chez mon neveu Gurvan et deux tortues rendues à la mer). Nous terminons par le marché d’art de Sukawati avant de rentrer à Sanur.

Départ de Denpasar le 13 octobre en direction de Kuala Lumpur (Malaisie) puis retour en Europe via Malaysia Airlines. Caprice des dieux Malais ? La météo est orageuse, le vol dure quatorze heures et quarante minutes sans escale. Retour à la civilisation et à ses horloges, il est 6h45 heure locale. Température à Paris : 5°C.

Annexe

Consulter l’Atlas des îles Gili / Lombok et de Bali

Tempeh frit à la sauce Soja de Bali

Lors de nos différents voyages à Bali, nous avons pu faire une belle découverte culinaire balinaise : le Tempeh Asam Manis ou Tempeh aigre-doux. Cet aliment typiquement Indonésien est fabriqué à partir de soja fermenté et se consomme généralement frit. Il peut servir d’accompagnement à d’autres plats ou bien se consommer seul.

Liste des ingrédients :

  • 200 g de tempeh (tranché en morceaux rectangulaires).
  • 2 cuillères à soupe d’huile d’arachide.
  • Sel (selon le goût).

Préparation du Tempeh Asam Manis

Dans une poêle, ajoutez l’huile et faites-la tourner pour la recouvrir (à feux moyen).

Mettez-y les tranches de tempeh et faites-les frire des deux côtés pendant environ 2 ou 3 minutes, jusqu’à ce qu’elles soient bien dorées.

Lorsque les deux côtés sont dorés, retirez les morceaux de tempeh du feu, saupoudrez de sel selon votre goût et servez !

Que faire avec du tempeh et comment le cuisiner ?

Le tempeh est idéal en accompagnement de toutes autres recettes balinaises, avec du riz et des légumes (carottes, poivrons, brocolis), des champignons ou des pièces de poulet et de viande grillées.

Selamat makan !

Étape à Kuala Lumpur

Kuala Lumpur Petronas TowersJe viens de rencontrer deux voyageurs francophone sur le quai du Klia Express. Corline est d’origine belge et Cuong a des ascendances vietnamiennes. Je les entendaient discuter en attendant le train pour KL Sentral et me suis invité dans leur conversation. Ensemble nous filons à la découverte de Kuala Lumpur et des Petronas Tower !

Corline partage la vie d’une famille balinaise depuis près de treize années et est maintenant « dadong » (grand-mère). Cuong est un spécialiste des franchises chez Winamax, le célèbre site de poker en ligne. Trois univers qui se découvrent en direction de la station centrale de Kuala Lumpur, à bord du kereta api KLIA Express.

De Kl Sentral, et après quelques minutes de recherche nous prenons le métro malais vers Suria KLCC, le centre commercial des twin towers. Le métro s’arrête juste en face et le spectacle est saisissant ! C’est une architecture titanesque dans un assemblage élégant d’acier et de verre teinté, aux couleurs scintillantes sous la lumière de cette fin de soirée. Les flèches de métal réfléchissantes s’élèvent très haut dans le ciel comme pour toucher les nuages.

Suria KLCCLa galerie est un temple gigantesque de la mode et des parfums; Dior, Gucci, Vuitton, Chanel, Moschino, Lovely Laces, Guess, Zara, Hermes, Versace… Toutes les plus grandes marques européennes et américaines sont réunies ici sur pas moins de huit étages. C’est l’enfer du shopping, ou le paradis tout dépend du point de vue !

Il ne reste que quelques heures avant l’embarquement, alors nous nous rendons à Chinatown dans le marché local, le marché parallèle à KLCC où l’on trouve montres Cartier et sacs Vuitton, à la différence que ceux-ci ne sont que des contrefaçons. C’est un très grand souk à l’ambiance vivante, rempli de milliers de boutiquiers et d’étals de toutes sortes. L’allée centrale est conçue pour passer devant presque chacune des échoppes. Une fois sorti nous dégustons un petit repas chinois dans le quartier. Le voyage touche à sa fin et dans quelques heures nous nous envolerons pour Paris. Le port du sarong va me manquer sous nos latitudes hivernales… Un difficile étonnement m’attend, moi qui m’était très bien habitué au climat !


Instants volés au temps

J’ai profité de cette journée pleinement. Quelques derniers achats à Ubud, quelques soieries et un nouveau sarong de cérémonie ! Puis j’ai visité la boutique de Thread of Life, une association durable qui valorise le travail des artisans des îles de la Sonde.

Sur la route, je me suis arrêté quelques instants prendre en photo deux vaches balinaises. Elles avaient le pelage soyeux et une robe ocre jaune, et leurs yeux comme dessinés au crayon noir, à la façon des maquillages des danseuses de Legong.

Les criquets font vibre leur membranes, quelques chiens aboient dans le crépuscule en regardant passer une moto solitaire, la lune s’est élevé doucement dans le ciel et déjà je perçois les frêles bourdonnement d’un moustique alentour… Il est temps de se préparer, car ce soir est mon dernier soir.

J’ai tant reçu, tant partagé et donné du mieux que je pouvais, en écoutant simplement mon cœur. Bali invite au sourire et à s’ouvrir naturellement aux autres. Le simple « bonjour » d’un passant dans la rue est une chose naturelle, un regard, un geste amical et l’on vous ouvre son cœur comme si vous étiez un ami d’enfance. Je sais que cette culture nouvelle dont j’entendais parler sans jamais l’avoir rencontré m’a transformé. J’ai la tête pleine de souvenirs captivants et d’images fabuleuses…

La vie est plus paisible ici, douce, calme, on prend le temps de vivre et tout vous semble plus simple. Chacun accepte aisément les choses, dussent-elles nous sembler abstraites ou difficiles. L’étiquette et le langage expriment un monde codifié où chacun a constamment conscience de sa place dans la société, le temps et l’espace. Les Balinais demandent moins volontiers le nom que la caste par la phrase « Où êtes-vous assis ? ». Il saura alors quel langage adopter et s’il doit physiquement s’asseoir plus bas.

Ici, le stress de nos vies sur-actives s’estompent rapidement. Aussi, le retour aux réalités qui m’attendent en Europe risque d’être épineux. N’y pensons pas, il me reste encore une nuit et je vais la passer avec mes amis. J’attends Neige, Kadek, Gurvan, Agung et Surya pour aller dîner à Denpasar.

Le Pura Tanah Lot, temple du Pays de la Mer à Tabanan

J’arrive au terme de mon voyage mais curieusement, j’ai le sentiment d’être ici depuis plus longtemps. J’ai découvert tant de choses admirables et rencontré tellement plus de gens que je ne l’imaginais. Il ne me reste plus qu’à me rendre à Tanah Lot, réputé pour ses couchers de soleil féériques.

Tanah Lot signifie « Pays de la mer » en balinais. Situé dans le Kabupaten de Tabanan à environ 20 km de Denpasar, il se dresse sur un îlot battu par les vagues de l’océan.

Les bâtiments du temple de Tanah Lot ont été construits après le voyage sacré (tirtha yatra) de la figure religieuse Dang Hyang Nirartha à Bali au XVe siècle et n’ont jamais perdu leur fonction d’origine. En raison de son utilisation continue, Tanah Lot a été bien entretenu et reste un site d’importance religieuse pour les Balinais.

Après une demi-heure de route, le spectacle qui s’offre à moi est impressionnant et magique. C’est un temple perché sur un piton rocheux au milieu de la mer et à quelques brasses seulement de la côte. À marée basse on y accède par la plage. Au pied je me suis ressourcé dans la source d’eau claire qui sourd depuis les entrailles de la roche.

Pura Tanah Lot Tabanan

 

Les vagues viennent se briser violemment contre les contreforts du temple et le spectacle de l’écume jaillissant autour de la pierre noire est saisissant. Non loin de là, un autre temple a été bâti sur une arche de pierre naturelle.

Temple de Tanah Lot

On m’avait dépeint le sanctuaire fourmillant de touristes, appareils photo en main, mais par bonheur le temple est très calme aujourd’hui.

Un peu d’histoire…

Le temple de Tanah Lot est un complexe de structures en bois dont les origines remontent aux XVe et XVIe siècles, construit sur un grand rocher corallien séparé de l’île voisine de Bali. Autrefois rattaché à Bali, le complexe est maintenant séparé du continent en raison de l’érosion. Une centaine de supports en béton ont été installés le long de son rivage en guise de protection en 1986, mais ils ont fortement compromis l’intégrité esthétique du temple et de son environnement. Les tétrapodes en béton ont redirigé les vagues et provoqué l’érosion à un autre endroit du rivage, tout en provoquant une accumulation de sable au fond de la mer, affectant ainsi la vie biologique au sein du récif corallien. L’augmentation du tourisme sur cette île attrayante a également mis à mal l’architecture et le paysage du site.

L’inclusion du site au World Monuments Watch

Suite à l’inclusion du site dans le World Monuments Watch 2000, le WMF a obtenu un financement pour réaliser une étude de conservation afin de comprendre les conditions techniques du site, ainsi que pour promouvoir des solutions de tourisme durable afin de permettre au public de continuer à profiter du site et de développer des stratégies pour améliorer la protection des caractéristiques historiques et naturelles du lieu.

Les limites spatiales du site ont aussi été redéfinies et ramenées aux normes balinaises traditionnelles, qui consistent à considérer l’unité de construction sacrée comme la zone principale ou intérieure, les bâtiments destinés à la préparation et à la tenue des activités religieuses comme la zone intermédiaire, et la zone destinée aux activités du soir, y compris les activités économiques.

Amed, le retour des prahus

Eka PurnamaJ’aperçois au loin les fanions lumineux des navires à balanciers des pêcheurs du coin, les prahus. De tous côtés, les voiles triangulaires arrivent à l’horizon comme un vol de libellules.

Le poisson déchargé, ce sont les femmes qui le porte vers la route du village. Il n’y a qu’une route à Amed qui épouse les flancs capricieux du volcan et le matin (il est environ 7 heures), l’odeur des maquereaux fraîchement pêchés rempli le rivage. La vente peut alors commencer. Les filets sont dépliés et étendus sur des centaines de mètres le long de la route et les hommes les démêlent et réparent les dizaines d’hameçons qui les compose.

Après ce spectacle étonnant, je me dirige vers la plage la plus proche de l’Eka Purnama. Le snorkelling est une activité facile et les fonds marins offrent ici des surprises exceptionnelles. Je n’imaginais pas à quel point la faune sauvage pouvait être aussi riche à cet endroit. Des coraux mauves et blancs à perte de vue et des poissons multicolores, des bleus argentés, des poissons-lune, jaunes à rayures noires, orange, rouge vif ou blancs nacrés. Le spectacle est époustouflant.

La chaleur est torride ce matin. Vers 10 heures, le soleil est presque au zénith et je m’arrête régulièrement profiter du calme apaisant des plages de sable fin.

Le retour fut chaud, très chaud et les vents poussiéreux de l’autoroute du sud se déchaînent souvent, charriant poussières et sables qui m’accablent le nez. J’arrive à Ubud dans la soirée, la gorge sèche et le visage noirci. Je partage la soirée avec Pras au Cinta, lui déguste un Mango mojito et moi je me régale devant un délicieux Nasi Campur. J’ai des souvenirs plein la tête et un énorme corail blanc dans mon sac.